Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
Vom Netzwerk:
un bordel de deux femmes dans un des établissements de bains abandonnés. Ce lupanar fut nommé sur-le-champ le Sanctuaire de l’Aphrodite Déchue ou bien le Repaire à deux trous, selon la tête du client qui en demandait la direction.
    Les éclaireurs rapportèrent que les Perses n’avaient encore atteint Trachis ni par voie de terre ni par voie de mer. Aucun camp ennemi n’avait été installé dans la plaine du nord. La flotte impériale, rapporta-t-on, était partie de Therme en Macédoine la veille ou l’avant-veille. Leur millier de navires longeait à présent les côtes de Magnésie et l’on s’attendait à ce que leurs premiers détachements parvinssent dans les vingt-quatre heures aux plages de débarquement d’Aphètes, à soixante-quinze stades au nord. Leurs forces de terre étaient également parties de Therme, mais dix jours auparavant ; selon des fugitifs venus du nord, leurs colonnes avançaient par les routes côtières aussi bien que par des routes intérieures, abattant des forêts sur leur passage. Leurs éclaireurs devraient arriver en même temps que ceux de la flotte.
    Léonidas prit l’initiative. Avant même que les camps alliés eussent été dressés, il envoya des patrouilles dans la campagne de Trachis, juste au nord des Portes. Elles devraient incendier tous les champs de céréales et capturer ou mettre en fuite tout le bétail, et jusqu’aux chats et aux hérissons, qui pouvaient fournir un repas à l’ennemi.
    À la suite de ces patrouilles partirent des groupes de reconnaissance recrutés dans chaque détachement allié ; composés d’arpenteurs et d’ingénieurs, ils devaient s’avancer vers le nord, jusqu’aux plages que les Perses occuperaient probablement. Ils devaient inventorier la région de leur mieux, en dépit de l’obscurité, et s’intéresser surtout aux routes et aux pistes que les Perses emprunteraient pour atteindre les Thermopyles. Les alliés n’avaient pas de cavalerie, mais Léonidas s’était quand même assuré de la présence de cavaliers émérites dans ses troupes ; bien qu’ils fussent à pied, ils seraient en mesure d’estimer la façon dont la cavalerie ennemie opérerait. Xerxès pourrait-il faire avancer sa cavalerie sur le chemin des Portes ? En quel nombre ? Et à quelle allure ? Comment les Alliés pourraient-ils leur résister le mieux ?
    Ces groupes de reconnaissance devraient par ailleurs s’emparer de tous les gens du cru dont les connaissances topographiques pourraient être utiles aux Alliés. Léonidas voulait connaître pouce par pouce tous les parages immédiats au nord des Portes, et, compte tenu de l’expérience de Tempé, il voulait connaître parfaitement tous les défilés montagneux au sud et à l’ouest et toute piste inconnue par laquelle les positions grecques risqueraient d’être débordées et enveloppées.
    À ce moment-là advint un événement qui manqua démoraliser les Alliés avant même qu’ils se fussent défaits de leurs fardeaux. Un fantassin thébain mit par inadvertance le pied dans un nid de vipères et reçut dans le mollet tout le venin d’une demi-douzaine de vipéreaux ; comme le savent tous les chasseurs, les jeunes vipères sont plus redoutables que leurs aînées, parce qu’elles n’ont pas encore appris à doser leur venin et injectent toute la dose dont elles disposent. Le fantassin mourut sur l’heure et dans d’affreuses souffrances, en dépit du fait que les chirurgiens l’eussent dûment saigné.
    Le voyant Mégisthe fut mandé tandis que le malheureux Thébain agonisait. Le reste de l’armée, que Léonidas avait chargé d’évaluer la portée des anciens murs phocidiens, qui barraient les Portes, et de les renforcer, n’avait guère le cœur à l’ouvrage, car le sort du Thébain leur paraissait présager le leur.
    Le fils de Mégisthe eut l’idée de demander le nom de la victime. Ses camarades déclarèrent que c’était Persès. Le mauvais augure se dissipa immédiatement quand Mégisthe expliqua que le présage ne pouvait être plus éloquent ; cet homme, auquel sa mère avait donné ce nom malencontreux, représentait l’ennemi qui, en envahissant la Grèce, avait mis le pied dans un nid de vipères. Bien qu’inexpérimentés et désunis, les jeunes reptiles étaient quand même capables d’infliger à l’ennemi de mortelles blessures.
    La nuit tomba et Léonidas fit immédiatement enterrer le malheureux avec les honneurs, puis donna l’ordre

Weitere Kostenlose Bücher