Les Mystères de Jérusalem
plus, c'est tout!
Doron regarda le fond de sa tasse de café avec autant de concentration que s'il se livrait à un exercice de voyance.
- Nous avons arrêté les agresseurs de Rab HaÔm dès hier soir, dit-il doucement. Nous avons les manuscrits, les papyrus, tous les documents volés dans la boutique... Depuis cette nuit, deux chercheurs travaillent dessus pour savoir s'ils ont un lien avec le trésor ou s'ils peuvent nous indiquer une cache... Sokolov a certainement précipité le vol du lingot en apprenant que nous avions coincé ses hommes de main. Ses commanditaires 274
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ne doivent pas être contents. IlIveut mettre la pression pour vous faire peur, ou simplement s'assurer un gain au cas o˘ il lui faudrait foutre le camp... Nous avons un peu de mal à le coincer parce que les deux abrutis qui ont tué le libraire ne savent pas grand-chose. Néanmoins, je suis convaincu que nous devons continuer à secouer le cocotier. Nous avons presque une longueur d'avance sur eux, désormais. Nous devons les provoquer, les faire venir sur notre terrain... Au moins leur faire croire que vous êtes sur le point de découvrir des documents majeurs! Sinon, tout ce joli monde va disparaître dans la nature pour revenir quand nous ne nous y attendrons plus. Et alors c'est eux qui auront une longueur d'avance...
Doron me regardait en parlant. quand il se tut, je ne dis rien. Deux secondes passèrent. Yossi-Staline ôta la cigarette non allumée de sa bouche puis, après une grimace, l'y remit.
- J'ai dit non, et c'est non, tonna soudain Tom. leesus! On dirait que vous n'avez jamais entendu parler de déontologie! Si je dois jouer la chèvre ou prendre des noix de coco sur la tête, je le fais pour mon compte, pour celui du journal... Ce n'est quand même pas difficile à comprendre!
Le silence fut si lourd qu'il parut long. Mais, en fait, les mots de Tom eurent à peine le temps de s'effacer qu'on frappa à la porte. Le chapeau de Calimani, puis son visage, puis toute sa personne apparurent. Il entra comme s'il était évident que nous l'y invitions, nous regarda tour à tour,
‘ta son chapeau et passa une main sur ses cheveux gominés.
- Eh... On dirait que j'ai raté l'acte essentiel de la pièce, fit-il en papillonnant de la main gauche. Et notre belle Orit, o˘ estelle ?
Tom attrapa la poignée de la porte.
- Vous bilez pas, professeur... Ils seront ravis de recorrimencer pour vous. Vous aviez raison, pour Mizpa... Le " doute "!
Calimani inclina la tête en remerciement, comme sous une salve d'applaudissements. Tom entrouvrit la porte et regarda Doron en secouant la tête.
- Ne comptez pas sur moi, mon vieux ... je vais réfléchir sije vais me taire sur ce que je viens d'entendre ... Si vous m'expulsez, ma réflexion sera très courte, bien s˚r. Mais demandez donc à
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votre chère nièce d'aller cueillir les noix dÎ'c-ôco'-'!-"'Elle a des dispositions, j'en suis s˚r.
Il sortit comme au thé‚tre.
- Putains d'Américains, grommela Yossi-Staline en allumant enfin sa cigarette. Faut toujours qu'ils se prennent pour des chefs!
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Mahané Yehouda
Alors qu'il percevait encore le bruissement des voix dans la chambre contiguÎ, Tom brancha machinalement la télévision et poussa le son. Il passa dans la salle de bains et prit une longue douche très chaude.
E était épuisé et préférait ne penser à rien. Un ressac de mauvaise conscience palpitait dans son esprit, comme maintenu dans l'ombre et le silence par une membrane trop fine menaçant en permanence de céder. Ses véhémentes protestations d'intégrité journalistique lui étaient apparues totalement grotesques à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Il s'était trop bien arrangé avec cette fameuse déontologie lors de son reportage sur Lttle Odessa pour ne pas en percevoir le ridicule. En vérité, s'il s'était mis en rogne contre Doron, la raison n'avait pas grandchose à
voir avec le journalisme, Ni même la chasse au trésor, la mafia ou les Irakiens!
Il se sécha énergiquement en tentant de faire le vide dans son esprit. En vain. Une serviette nouée autour des reins, il sortit une mignonnette de bourbon du minibar et la décapsula. Il s'allongea sur le lit, miné par la fatigue et par quelque chose d'autre, sans nom, qui lui nouait la poitrine.
E but l'alcool à petites gorgées. Afin d'éviter la pensée qui s'obstinait à
se frayer un chemin vers les mots silencieux de son esprit, il maintint son
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