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Les Mystères de Jérusalem

Les Mystères de Jérusalem

Titel: Les Mystères de Jérusalem Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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quatre ou cinq heures du matin à New York.
    Tom émit pour lui-même un petit rire sarcastique. Il valait mieux laisser filer cette journée. Il n'en tirerait décidément rien.
    Une demi-heure plus tard, il sortait de l'hôtel, décidait de laisser le 4 X
    4 Toyota au parking pour aller à pied, au hasard des rues. Ce dont il avait besoin, c'était de mieux sentir la ville, de se saouler de visages, de marcher.
    Décidant d'éviter la Vieille Ville, il emprunta les rues sinueuses qui s'éloignaient de l'hôtel et fut bientôt à l'entrée de l'avenue King George.
    La circulation était dense et les trottoirs encombrés. Mais les passants avaient le sourire au bord des lèvres. Une sensation de légèreté, presque d'indolence, passait de regard en regard. Un marchand de pastèques le héla et lui montra en riant ses fruits ouverts et rouges.
    E remonta King George jusqu'à la rue Agrippa et s'y engagea presque mécaniquement; la foule se fit encore plus dense. Des enfants filèrent devant lui. Du rap bruyant sortait d'une boutique de vêtements, et, dix mètres plus loin, un gros homme assis sur un pliant tirait une mélodie langoureuse d'un accordéon aux touches ébréchées...
    Un vacarme plein de vie enveloppait Tom comme une bulle de joie. Il avançait en souriant et atteignit le centre commercial, à l'orée du marché
    Mahané Yehouda, lorsque la bombe explosa.
    Le souffle de la déflagration annihila tous les autres bruits. E vibra contre la poitrine de Tom et le pétrifia sur place à la même seconde que des centaines d'hommes et de femmes autour de lui. Une minuscule fraction de cette seconde, Tom crut qu'il allait rester ainsi, tétanisé, pour l'éternité. Puis, comme au ralenti, il vit des bras se lever, des bouches s'ouvrir, des doigts se crisper sur des yeux, des gens plier les genoux, une femme se précipiter dans une boutique alors que des dizaines d'autres en sortaient. Alors, seulement, il entendit les cris.
    Bizarrement, en anglais, une femme et un homme, presque ensemble, hurlèrent : " Une bombe! Une bombe! " Tom leva les yeux et vit la fumée noire qui montait dans le ciel, au milieu des immeubles bas, deux ou trois rues plus loin.
    280
    il
    Des gens commençaient-à y courir; la peau encore fiissonnante, il les suivit.
    Avant qu'il puisse atteindre la place du marché, une clameur de sirènes d'ambulance s'éleva avec une rapidité stupéfiante dans les rues avoisinantes. Aux carrefours, policiers et soldats déviaient déjà la circulation. La rue Jaffa, jusqu'à la place Davidka, se retrouva bloquées par une file d'autobus qui descendaient, comme un troupeau à cette heure de lajournée, vers TelAviv.
    Un essaim de voitures de police aux gyrophares tourbillonnants s'engouffra sur la place Davidka o˘ se dressait, orné précisément d'une davidka - un petit obusier de fabrication artisanale utilisé par les brigades israéliennes pendant la guerre de 1948 -le mémorial de la Guerre d'indépendance. Du fond d'un passage à arcades, entre deux maisons basses aux balcons de fer forgé, Tom vit sortir en courant des infirmiers qui portaient, sur des civières, des corps ensanglantés. Les brancardiers se dirigeaient vers lui, et il remarqua, comme si cela avait de l'importance, qu'ils étaient devancés par leurs ombres. Tom aventura son regard sur l'une des civières o˘ le pourpre du sang brillait comme un velours de soie sous le soleil. E s'immobilisa en comprenant que ce qu'il regardait formait les restes d'un visage écrasé. ¿ côté de lui, une femme poussa un hurlement de surprise autant que d'horreur. Tom lui saisit le bras et le serra, mais la femme s'échappa en sanglotant.
    Il voulut avancer vers la place. Un policier lui barra le chemin. Tom montra sa carte de presse; le policier le repoussa sans même y jeter un coup d'oeil. Il revint en arrière et contourna le marché par les petites rues. Il y avait là d'autres cordons; on le laissa passer. En atteignant la place, la première chose qu'il vit était deux jeunes Arabes que des soldats tenaient par les poignets. Les garçons se débattaient en criant, mais on les força à s'accroupir sur place. Les soldats les entourèrent et ce qui pouvait être un interrogatoire commença.
    La bombe avait explosé à l'opposé du centre commercial, pourtant, sur une vingtaine de mètres autour, les étals étaient renversés, les marchandises piétinées. Hommes et femmes blessés étaient soignés en urgence et, comme les morts,

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