Les Mystères de Jérusalem
américain pragmatique dans mon genre, je trouve.
- Tu ne te débrouilles pas si mal, murmura-t-elle en reculant d'un pas.
Tom eut envie de la saisir aux épaules. Il était soudain br˚lant de désir mais il n'osa pas même lever une main. Puis, d'un geste, ramenant ses cheveux en arrière, Orit brisa la bulle magique et sensuelle qui les enveloppait. D'une voix qui avait été la sienne des heures plus tôt, elle demanda :
- quel est le programme pour demain?
Tom mit quelques secondes à se décider. Il reprit sa marche vers la porte de Jaffa en murmurant :
- Mizpa, la cache numéro 7 : Dans la grotte de Bet ha-ALW le Vuux, dans le troz"s˘"w réduit du fond : soixante-cinq lingots d'or.
- Alors il faut aller dormir sagement, ce sera encore une longue journée.
je vais prendre un taxi pour rentrer chez moi.
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Bet ha-NIRH le Vieux
- Comme je vous l'ai dit hier soir, je n'ai pas beaucoup de temps, répéta Calimani en vidant sa tasse de café.
Pendant la nuit le ciel s'était voilé d'une épaisse nuée grise. Depuis l'aube, une pluie fine, douce comme un crachin, rendait l'atmosphère moite.
Il était tôt, sept heures du matin à peine. Un silence inattendu flottait surjérusalem. La rumeur habituelle de la ville se transformait en une caresse sonore, étrange et ouatée.
Ils étaient, pour la première fois, tous réunis en un extravagant conseil de guerre dans la chambre de Marek, laquelle, avec les cartes aux murs, les livres, les carnets de notes et les photocopies de manuscrits empilés jusque sur le lit, ne ressemblait plus guère à une chambre.
En présentant Orit à Calimani, Marek avait surpris, amusé, dans l'oeil de l'Italien, l'étincelle gourmande du séducteur. Mais le regard de Tom sur Orit était plus intéressant encore. Bien différent de celui de la veille, à
la fois tendre et inquiet. Le regard soucieux de l'amour eh son éclosion, diagnostiqua Marek. Face à lui Orit feignait l'indifférence. Un peu trop, précisément, pour qu'elle f˚t réelle... Marek se demandait ce qui avait bien pu se passer entre ces deux-là le soir précédent.
Ce matin, à peine levé, Tom était apparu le premier dans la chambre de Marek, pensif et silencieux. Il avait éludé ses questions et Marek s'était abstenu d'insister. Seule certitude : lAméricain changeait de jour en jour.
Il perdait de son assurance, ou du moins de la brutalité de cette assurance. Le scintillement un
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peu artificiel de son énergie s'effaçait au profit d'une force plus profonde, moins impulsive. Et cela semblait tenir autant à la tournure prise par les événements qu'à la présence d'Orit. Finalement, songea Marek, Jérusalem commence à pénétrer en lui, voilà ce qui lui arrive!
Un petit déjeuner copieux avait été servi sur la table du balcon, protégé
de la pluie fine gr‚ce aux stores. Calimani en revenait avec une nouvelle tasse de café et déclama :
- Jérusalem, tu es b‚tie
Comme une ville
Dont les parties sont liées ensemble...
- De qui est-ce? demanda Orit.
- C'est un psaume de David.
Tom chercha une nouvelle fois le regard de Marek qui sourit en devinant sa pensée.
Le professeur s'assit dans l'unique fauteuil comme s'il était bien évident qu'il d˚t lui revenir. Ce matin-là, il portait un costume beige, en soie et coton, une chemise d'une blancheur immaculée et une cravate pourpre à pois bleus. La conférence prévue à l'université devait avoir son importance. Sur ses cheveux gominés, bien que l'on f˚t à l'intérieur, il avait déjà déposé
un Borsalino brun et léger. Calimani évoquait irrésistiblement un " parrain
" mafieux vu par Scorcese. Mafieux italien - pas russe - et caricature du cinéma américain, Tom le savait bien. Mais, tout de même, cela faisait drôle. ¿ moins que tous les Italiens n'eussent de ces coquetteries vestimentaires...
- …coutez la suite, écoutez comme c'est beau! insista Calimani.
Demandez la paix pour _7érusalem que ceux qui t'aimentjouissent du repos!
que la paix soit dans tes murs -*t la tranquillité dans ton palais! A cause de mes frères et de mes amis _7f désire la paix dans ton sein. A cause de la maison de l'…ternel, notre Dieu, Jeforme des voeux pour ton bonheur.
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Amen! dit Orit en riant-
Tom eut un regard réprobateur pour Orit. D'un geste un peu trop sec, il agita le vieux manuscrit de la confession d'Achar de Esch en direction de Calimani.
- Nous avons bien étudié ce texte avec Marek. Le moine croisé
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