Les Mythologies
en voulait d'avoir tenté de le supplanter, Marsyas fut écorché vif et pendu à un arbre. Ht Médée
Fille du roi de Colchide, Médée, qui était un peu magicienne, fera tout le succès de lason en endormant pour lui le monstre gardien de la Toison d'or. Toute à son amant, elle ira jusqu'à faire mourir son frère, qui poursuivait les fugitifs, puis, prise de jalousie lorsque lason la délaissa, mit à mort ses propres enfants ainsi que la nouvelle épouse du héros. Une tradition raconte qu'elle mourut à son tour et qu'elle s'unit à Achille aux champs Elysées. Une fin heureuse pour cette magicienne pour le moins vindicative et qui ressemble étrangement au destin - pas si mauvais que cela - de Morgane, magicienne du cycle arthurien, qui, après avoir provoqué la guerre en terre de Camelote, recueillera le corps de son frère afin de lui permettre le passage vers Avalon. Comme si les magiciennes (Morgane est aussi une fée) étaient plus à l'aise et plus heureuse dans l'Autre monde.
Voir : Morgane, Maeve
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4 Méduse
Pourquoi, des trois Gorgones, Méduse est-elle la seule mortelle ? Qu'est-ce qui explique cette distinction pour le moins radicale puisqu'elle exclut Méduse du monde divin ?
Certains mythes antiques lui donnent d'ailleurs une origine différente de celle de ses
« soeurs ». Séduite ou violée par Poséidon dans un temple dédié à Athéna, Méduse aurait subi la colère de la déesse aux yeux pers qui aurait transformé cette belle nymphe en l'être monstrueux que l'on connaît. D'autres mythes racontent que c'est Aphrodite, jalouse de sa beauté, qui lui aurait « jeté ce sort ». Voilà qui expliquerait la mortalité de Méduse et sa place à part dans la triade des Gorgones.
Mais si Méduse n'est pas ou plus une divinité, elle deviendra cependant la plus célèbre des Gorgones, celle qui apparaîtra dans le plus de mythes. Et dans ces derniers, elle a bien tout d'une Gorgone : une chevelure vipérine, des dents de sanglier, des ailes et un regard glaçant, pour ne pas dire pétrifiant. Malgré la ressemblance physique, Méduse est bien différente de ses « soeurs ». C'est d'abord celle qui semble provoquer le plus de terreur, sans doute parce qu'elle est la plus reconnue ; c'est celle aussi « qui protège », comme l'indique son nom et comme le confirme le pouvoir protecteur du Gorgonéion qui orne murailles, portes, armures ou boucliers en Grèce. Deux aspects absolument antinomiques que l'on retrouve dans le pouvoir de vie et de mort du sang même des Gorgones et donc de Méduse.
On a dit que Méduse était la plus ambivalente mais également la plus célèbre des Gorgones. C'est sans conteste au mythe mettant en scène sa mort qu'elle le doit. Fils des amours adultères de Zeus et de Danaé, Persée sera élevé à la cour du roi Polydectès qui, désespérant de séduire la mère, tentera d'éloigner le fils devenu adulte. Pour ce faire, il l'enverra en mission, avec pour objectif de lui ramener la tête de Méduse. Première étape : trouver la Gorgone. C'est en volant l'oeil unique des trois Grées qu'il obtient de pénétrer dans le monde des morts. Doté du casque d'Hadès, le Kunéê qui rend invisible, d'un bouclier et d'une épée offerte par Athéna et Hermès, Persée pénétra donc dans l'antre des Gorgones. Là, invisible au regard des autres, il présenta son bouclier à Méduse, laquelle, s'étant vue, se figea... ce qui laissa tout le temps à Persée pour lui trancher la tête. Du sang qui s'écoulait devait naître Pégase, le cheval ailé, et Chrysaor, père, selon Hésiode, d'Echidna - qui rappelons-le serait la mère de Gorgone et donc
« grand-mère » de Méduse.
Cette aventure, qui en annonce d'autres pour Persée, s'apparente évidemment à un rite d'initiation. Comme les douze travaux d'Héraclès, comme le trésor des Nibelungen que Siegfried devait rapporter. Le parallèle entre le héros grec et le héros Scandinave ne s'arrête d'ailleurs pas là. L'un est un dragon, l'autre est dotée d'une chevelure de serpents ; le sang de l'un rend invulnérable alors que le sang de l'autre redonne la vie. Tous deux sont des symboles du monde des morts, des symboles du cycle de la vie et de la mort. 51
Quant aux exploits de Siegfried ou de Persée, ils sont à voir comme une victoire de la mythologie nouvelle sur la mythologie antique, comme une victoire sur la mort aussi, comme le sera celle de saint Georges sur le dragon...
Voir : Dragons, Gorgones,
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