Les Mythologies
conserveront leurs particularismes. Voir : Héphaïstos, Thor, Cacus
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PARTIE III
LA MYTHOLOGIE
SCANDINAVE
On connaît peu et mal la mythologie nordique, notamment parce que, contrairement à
ce qui s'est passé en Irlande, personne n'a pris la peine de mettre par écrit les sagas des héros et des dieux scandinaves... Personne, sauf un érudit islandais, Snorri Sturluson, qui s'y attelle au xmc siècle, alors que la Scandinavie est christianisée depuis de nombreuses années. Cette mythologie a ceci de particulier que toute l'histoire de ces dieux, depuis la fondation de l'univers, est tendue vers un seul but : leur propre fin, le fameux Crépuscule des dieux.
A l'origine des temps, racontent les sagas nordiques, n'existaient que deux entités : le monde du feu et celui de la glace. De leur union naquit Ymir, père de tous les géants, fruits de sa sueur. En même temps quTmir, et on ne sait trop comment, apparut la vache Audhumla, dont les pis abreuvaient les géants. La vache, quant à elle, ne se sustentait qu'en léchant la glace et c'est ainsi qu'elle fit apparaître Buri. Ce dernier eut un fils, Bor, qui, en s'unissant à une géante, engendra trois fils : Odin, Vili et Vé. C'était le début de la race des dieux.
Odin et ses frères, une fois devenus grands, en eurent rapidement assez de l'ingérence constante des géants, êtres cruels et rustres. Ils tuèrent donc Ymir et noyèrent toute sa précieuse progéniture dans son propre sang. Seul un couple de géants put s'enfuir et créa une nouvelle race de géants qui devait vivre au pays des glaces. Odin et ses frères décidèrent ensuite de créer l'univers et, pour ce faire, ils utilisèrent... le corps même d'Ymir ! La chair du géant devint la terre, son sang donna les fleuves et les rivières, ses os les montagnes et ses dents les rochers. Puis, voyant une multitude de vers qui pullulaient dans la chair en décc sition, ils créèrent la race des nains, condamnée à vivre sous terre. Poursuivant leur projet, ils s'emparèrent du crâne d'Ymir et en firent la voûte céleste, soutenue par quatre nains qui portaient les noms des quatre points cardinaux. Pour finir, ils utilisèrent les cils et les sourcils du géant pour élever un rempart quasi infranchissable entre le monde des géants et leur propre monde, Asgard. Les dieux relièrent leur demeure aux huit autres mondes par un pont, nommé
Bifrost, semblable à un arc-en-ciel.
Les dieux étaient seuls, cependant ils savaient déjà qu'il leur fallait se préparer au Ragnarôk. Pour ce faire, ils avaient besoin de combattants : prenant deux troncs d'arbre, ils les sculptèrent et, soufflant dessus, leur donnèrent la vie, créant ainsi la race des hommes.
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Une fois la disposition de l'univers réglée, la paix entre les Ases et les Vanes, les dieux les plus anciens, établie, Odin et ses pairs se préoccupèrent enfin des hommes. Et ce qu'ils virent ne leur plut absolument pas : le Midgard, le monde des hommes, manquait très sérieusement d'ordre, aussi décidèrent-ils de réglementer tout cela. C'est Heimdall, le gardien du Bifrost, qui fut chargé de cette besogne.
Parvenu dans le monde des hommes, Heimdall aperçut tout d'abord une modeste chaumière dans laquelle vivait un vieux couple : Ai et Edda. Malgré leur indigence, le couple l'accueillit volontiers et cela pendant trois jours. Leur hospitalité était d'ailleurs telle qu'Edda lui proposa de partager sa couche I Neuf mois plus tard, elle mettait au monde un fils, Thrall, qui, adulte, devint un être laid, ayant le dos courbé et les mains calleuses. Thrall se maria avec une femme à son image et engendra une nombreuse descendance. Ainsi fut créée la caste des esclaves.
Heimdall, quant à lui, avait poursuivi sa route et rencontré un couple tout à fait honorable. Ils le reçurent trois jours durant, lui offrirent de dormir en leur compagnie et, neuf mois après, la femme mit au monde un fils, Karl, qui allait devenir le père des hommes libres.
Enfin, Heimdall acheva son périple chez un couple riche et oisif, vivant dans une magnifique demeure. Vater et Mutter, tels étaient leurs noms, l'accueillirent comme les autres et, une fois encore, Heimdall fit plus que prodiguer ses conseils. Le fils d'Heimdall et Mutter, en grandissant, se révéla être un jeune homme fort intelligent, beau, au regard perçant et possédant de façon innée l'art du commandement. C'est son fils cadet, Konr, qui donna son nom à la race
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