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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Blandine elle-même ne saurait rien.
    — Ce sont les Teutoniques, pas vrai ?
    — Oui… Tu les as vus à Chauvigny… Ils ne firent qu’une seule course aux joutes.
    — Ils y sont demeurés longtemps… Que vont-ils prendre dans le chariot ?… Les deux morceaux de bois ?
    Ainsi, elle avait cédé un soir ou un matin à une curiosité après tout bien féminine. Le regard abrité par des clignotements qui, chez elle, révélaient un effort de pensée, elle dit, sans qu’Ogier lui eût rien confirmé :
    — Ils doivent avoir une valeur infinie.
    — Infinie !
    — Cela, pour Sirvin et pour toi, valait-il aussi cher que pour eux ?
    —  Tu ne peux pas savoir… Toute chose rare excite la convoitise…
    L’ambiguïté de cette réponse satisfit Ogier, puis le remords et le chagrin le tourmentèrent ; il se prit en horreur : « J’ai échoué ! » Le dégoût de lui-même s’insinua dans son esprit ; un vertige le fit trembler. Plutôt que de s’accrocher davantage à l’épaule de son épouse et à la branche du mors de Marchegai, il les lâcha.
    — Le pire de tout cela, Blandine, compagnons, c’est que je ne peux rien vous dire. Je suis verrouillé par le secret…
    Ils s’immobilisèrent car le silence était troublé par le bruit d’une chevauchée.
    — Ils partent, dit Joubert. Je trouve que leur magnanimité empunaise !
    Et comme un cor beuglait sous la feuillée, Ogier, Blandine et leurs compagnons se retournèrent : les archers et les arbalétriers marchaient à reculons, l’arme toujours menaçante.
    — Ne bougeons plus… Laissons-les rejoindre les leurs… Et puissent les trois chevaliers qui les mènent périr avant de revoir les Allemagnes !… Que Dieu veuille exaucer ce souhait de mort… et me le pardonner car il me soulage !
    — Ce devait être un vrai trésor, messire, dit Tinchebraye.
    — On pourrait essayer de les devancer, proposa Gardic. Après tout, vous ne leur avez fait aucun serment…
    — Comment savoir par où ils vont passer ? dit Lehubie. Cette contrée d’eaux mortes et de terre molle ne cesse de m’inquiéter… Nous pourrions nous y embourber… Je suis sûr que ces eaux grouillent de je ne sais quelles vermines.
    Pâle et frémissante, Blandine se laissa aller contre le flanc d’Ogier.
    — Allons, ma douce… Aie confiance…
    Pourquoi Dieu lui avait-il infligé cet échec ? S’était-il mis en si grand état de péché pour avoir seulement écouté un vieillard qui avait renié la Vierge et Jésus ? Aurait-il dû refuser de porter la Sainte Croix à Payns ? Son soupir d’impuissance et d’angoisse n’échappa nullement à son épouse :
    — Résigne-toi…
    Bien sûr, mais c’était une acceptation horrible.
    — Vous avez parlé de deux morceaux de bois, dame, dit Tinchebraye. Il fallait que ces hommes y tiennent !… C’est folie, en vérité, alors qu’autour de nous cette forêt pouvait leur en fournir des milliers !
    — C’étaient eux, dit Joubert, qui nous suivaient dans la forêt de Chinon.
    — Sans doute, approuva Gardic. Ces deux longueurs de merrain, messire, devaient posséder des pouvoirs que le mire vous a révélés… et que ces malandrins connaissaient par ouï-dire…
    Ce n’était pas une question. Ogier formula une sorte de réponse :
    — Il se peut…
    Il ouvrait grands ses yeux et ne voyait rien. Il percevait à peine le souffle de Blandine sur son cou ; et pourtant, elle se penchait davantage et l’effleurait d’un baiser. Il se sentait enveloppé d’il ne savait quoi – un maléfice ? –, voué à un inguérissable état de remords ou de pénitence. Les paroles de son épouse et de ses compagnons touchaient ses oreilles et l’importunaient plutôt que de le réconforter tandis que dans son cœur et son esprit, un mot entrait, partait, revenait, inlassable : échec !
    Il hâta brusquement le pas, provoquant un petit cri réprobateur de Blandine : elle s’était tordu le pied dans une ornière.
    — Tu as raison, Gardic… Par ma foi en Jésus-Christ, je dois essayer de reprendre ce qui pour un temps m’appartenait !
    — Tu es fou, s’écria Blandine. C’est Dieu qui a mis ces hommes en travers de ton chemin !… C’est Sa volonté qui te prive de ton dépôt pour qu’il appartienne à des chevaliers qui Le servent avec zèle… As-tu oublié qu’ils sont aussi des moines ?… J’ignore pourquoi ils tiennent tant à ce bois. Toi, tu le sais mais tu ne nous

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