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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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avisés de vérifier, nota au passage l'abbé saxon.
    Mais le comte comme l'évêque ne pourraient
    gérer la ville et le pays sans l'appui, l'aide même de ceux qui occupent une position éminente, disposent d'une clientèle et de serviteurs nombreux, d'une grande influence donc et, naturellement, d'une fortune imposante. Les familles qui ont été frappées par les meurtres de ces trois jeunes femmes font partie, à des titres divers, de cette élite urbaine.
    Après une nouvelle gorgée de vin, le frère Antoine poursuivit :
    -
    quant à ceux qui nous intéressent directement, le banquier Catulle le Borgne et le propriétaire terrien Octavien le Rapace, selon les renseignements que j'ai recueillis, jouissent l'un et l'autre d'une autorité
    incontestée et figurent parmi les conseillers les plus écoutés du comte Sturmion et de l'archevêque. Vient ensuite Geroul le drapier, d'une lignée très honorable mais à la richesse moins bien assise. Foucaud, dont la fortune est récente et dont les procédés sont suspects, paraît en position d'attente sur la liste des " très hono≠
    rables ". Aymeric enfin est tenu à distance par cette élite financière et marchande, sans en être totalement écarté cependant.
    " Ce qui m'a semblé le plus significatif, souligna le moine, c'est que tous ces notables sont en relation les uns avec les autres, relations d'affaires, d'amitié, ou les deux. Geroul, quand il a besoin d'un prêt ou d'effectuer une opération de change, s'adresse naturel≠lement à Catulle.
    Pour ses transports, comme Octavien et comme Aymeric, il a fréquemment recours à Fou-caud. Il est arrivé que Catulle soit sollicité par les uns ou par les autres pour des opérations auxquelles il par≠ticipe en imposant des garanties plus ou moins contrai≠gnantes selon les réputations de solvabilité. Les rap≠ports étroits qui relient ceux que nous connaissons ne leur sont pas particuliers. Les quelques centaines de familles qui comptent en Narbonnaise en entretiennent de semblables.
    Le Pansu marqua une courte pause.
    -
    Voilà ! Ce n'est sans doute que la confirmation de ce qui se produit en toute cité de quelque impor≠tance, mais ici peut-
    être plus qu'ailleurs, en raison de
    l'intensité du négoce et du montant élevé des transac≠tions financières.
    Avant que la réunion ne se termine, Erwin ne man≠qua pas de demander au frère Antoine si, au cours de ses déplacements, il avait aperçu Harbald.
    Je ne me suis pas rendu chez le drapier Geroul o˘ rien ne m'appelait, répondit le moine. Ni sur le port ni ailleurs je ne l'ai rencontré. Cela ne signifie pas qu'il ait quitté la ville.
    …videmment !
    A la fin des délibérations, comme Agnès, qui
    accusait la fatigue d'une enquête tragiquement mouve≠mentée et menée au pas de charge par un missus dominicus ayant recouvré un allant infatigable, se dirigeait
    vers les appartements qu'elle occupait avec sa domes≠ticité, le Saxon s'approcha de la jeune femme pour lui
    adresser des paroles de réconfort empreintes d'une sol≠
    licitude affectueuse.
    Il me tarde, lui confia-t-elle alors, de retrouver mon petit Amric et de le serrer contre moi.
    Je comprends ton impatience et ton souci, mais apaise tes craintes car nous l'avons confié à Lithaire, la meilleure garde qui soit sur cette terre sous le regard de Dieu!
    Il est vrai : j'ai appris à lui faire confiance. Mal≠
    gré tout mon fils me manque, beaucoup, et ce soir par≠ticulièrement !
    Je le vois bien, répondit Erwin avec une ombre de tristesse dans le regard.
    Doremus, le lendemain, se rendit en compagnie de Nogret, dès les premières heures de la matinée, à la chapelle o˘ avaient été transférés les corps des deux pêcheurs assassinés et o˘ devait se dérouler la cérémo≠nie funèbre. Il salua les membres de leur famille qui continuaient à les veiller et s'efforça de vérifier que les victimes n'avaient pas reçu d'autres blessures que les entailles qui les avaient égorgées, car il voulait établir avec certitude les causes de leur mort. Il constata que ni l'un ni l'autre, autant qu'il p˚t en juger, ne portaient la marque d'autres atteintes.
    L'ancien rebelle et son aide gagnèrent ensuite les deux venelles qui débouchaient sur le cloaque o˘ s'étaient déroulés les meurtres, dans l'espoir d'y récol≠ter malgré tout un témoignage. Ils aperçurent alors, dans la ruelle des Mal-Aimés, une vieille femme vêtue d'oripeaux et qui, une cruche à la main,

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