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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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et
    Amalbert, ont été élevés ensemble. Mais, au lieu que cette rencontre conduise l'un et l'autre sur le droit che≠min, elle les a rapprochés dans la malfaisance et le vice. Emmeran avait pris l'habitude de telles turpitudes
    qu'après des années passées à Lunas à accumuler les petits méfaits il a refusé de rejoindre sa famille à Nar≠bonne. Comme on voulait l'y contraindre, il s'est enfui. Par la suite, tandis qu'Amalbert parvenait à acquérir une fortune de la manière que tu sais, Emme≠ran, lui, a mené une vie vagabonde dont on ne connaît pas grand-chose, sinon qu'à en voir le résultat, elle ne lui a pas réussi. Voici quelques semaines, il a fait sa réapparition par ici, tantôt à Leucate, tantôt à Agde, mais jamais à Narbonne! De quoi a-t-il vécu? Je l'ignore. Telle est l'histoire, jusqu'à
    présent, du frère jumeau de Harbald.
    -
    Histoire qui révèle donc ce qui avait conduit Laure à se réfugier chez Amalbert : c'est le plus natu≠rellement du monde qu'elle avait fait sa connaissance, en raison des relations qu'avaient entretenues la
    famille de Geroul et celle de Leuthard. Elle devait être au courant de la réussite contestable de cet aventurier qu'on m'a décrit comme un homme bien découplé,
    avenant, viril. Rien d'étonnant donc qu'elle ait pu choisir de lui demander ce que Harbald, paraît-il, ne lui offrait pas, rien d'étonnant non plus qu'Amalbert, ayant eu l'occasion d'apprécier sa beauté et son esprit, flatté par sa filiation, l'ait accueillie avec satisfaction et orgueil comme compagne !
    L'ancien rebelle fixa son interlocuteur.
    -
    Mais voilà, ajouta-t-il, Laure a été mise à mort de la façon que nous savons. Et, alors, ce que tu viens de me révéler...
    Le repas terminé, il avait déjà pris congé de son hôte, quand, sur le point de quitter la salle o˘ avait été servi ce festin, il se tourna vers Aymeric pour lui lan≠cer :
    -
    Au fait, personne ne manque parmi tes domes≠tiques ou tes esclaves?
    Le négociant, déconcerté, dut se reprendre avant de pouvoir articuler :
    -
    Personne, je pense ! Certes, je suis loin de connaître tous ceux qui sont à mon service ou en ma possession, étant donné leur nombre. Mais, parmi ceux que je connais en tout cas, aucun! D'ailleurs, si un esclave s'était enfui, mon majordome m'en aurait averti aussitôt et la chasse serait déjà lancée. Mais pourquoi cette question?
    -
    N'est-il pas de mon devoir de ne rien négliger?
    riposta d'un ton sec l'assistant des missi dominici.
    Au début de l'après-midi, Doremus et Nogret quit≠tèrent Leucate pour Peyriac qu'ils atteignirent après trois heures de chevauchée. Laissant leurs montures à la garde de l'aubergiste qui avait accueilli la mission d'enquête à l'aller, ils louèrent aussitôt un bateau à quatre rameurs qui leur permit d'arriver au débarca≠dère de Faustin, sur l'île Sainte-Lucie, avant le crépus≠cule. Le pêcheur et son fils y achevaient de ravauder leurs filets. Faustin, surpris, se précipita à leur ren≠contre et comprit immédiatement, à l'attitude de ses visiteurs, que l'entrevue ne serait pas une partie de plaisir.
    Après avoir conseillé aux rameurs de profiter, pen≠dant cette escale, de l'en-cas qui avait été préparé à leur intention, Doremus, suivi par son aide, parcourut d'un pas rapide et sans desserrer les dents la faible dis≠tance qui séparait la jetée de la maison. Là il refusa le vin aigrelet et les beignets graisseux que la maîtresse de maison s'était h‚tée de présenter.
    -
    Ne perdons pas notre temps! lança-t-il. J'ai l'intention de regagner Peyriac cette nuit.
    Il jeta sur le pêcheur un regard aigu.
    Dis-moi, toi, tu m'as menti, lui lança-t-il. Menti effrontément !
    Moi, seigneur? avança Faustin d'une voix trem≠blante.
    Ah, je ne te conseille pas de jouer au plus fin avec moi, surtout pas ! Tu as menti en prétendant que tu n'avais rien remarqué la nuit o˘ la première victime, Laetitia donc, a été noyée.
    Comme son vis-à-vis esquissait un geste de protesta≠tion, Doremus se leva et lui assena:
    Cette nuit-là, tu as bel et bien aperçu le falot d'un bateau. Non, par Dieu, assez de mensonges ! Je le sais et je sais aussi à qui appartenait cette barcasse !
    Je le jure, je ne l'ai pas reconnue, s'empressa-t-il de répondre.
    S'apercevant de sa bévue, il se mordit les lèvres.
    C'est-à-dire... balbutia-t-il.
    C'est-à-dire, tonna le représentant des plus
    hautes autorités traduit

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