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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Amalbert, qu'à
    une personne qu'elle connaissait, qu'elle n'avait, pensait-elle, aucune raison de craindre ! i Erwin approuva avec gravité.
    -
    Je suis aussi porté à le croire, dit-il. Mais alors, s'il en était bien ainsi...
    Il demeura un long moment perdu dans ses pensées. Puis il en vint au forfait perpétré la veille.
    Hier soir, Sabine et moi, indiqua Agnès, nous avons parlé du meurtre de ces deux pêcheurs. Sur un point important, à n'en pas douter, quelqu'un ment de manière éhontée : Aymeric ou mon hôtesse ! Celle-ci s'est déclarée certaine qu'Aymeric avait souvent recours à des pratiques illicites et frauduleuses pour éviter en particulier de payer des redevances dues au comte et à l'archevêque, qu'il accaparait des récoltes pour accroître ses bénéfices en cas de pénurie, qu'il ne reculait devant aucune canaillerie lorsqu'il s'agissait de ses intérêts ! Pour cela il avait besoin de complices.
    Selon Sabine, il a pu compter sur les services des deux frères.
    Faut-il accorder foi à ces accusations? s'inter≠
    rogea Erwin. Si je me souviens bien de ce que nous a rapporté le frère Antoine après l'entretien qu'il a eu avec elle, Léoda et Sabine étaient liées d'amitié. Dans ces conditions...
    J'ai quelques raisons de les croire justifiées pourtant, intervint le Grec. Ainsi que tu le sais, sei≠
    gneur, Aymeric a acheté des prisonniers sarrasins réduits en servitude pour les utiliser comme domes≠
    tiques. Il les croit peut-être d'un dévouement sans faille. Mais quel esclave accepte sans rancúur son état? J'ai pu échanger quelques mots avec l'un d'entre eux, en arabe si je puis dire étant donné l'étrange façon dont les Sarrasins pratiquent cette langue. Il m'a parlé
    de Lumet et Pinguet comme de pêcheurs qu'il connais≠sait bien, car ils venaient souvent chez Aymeric pour le compte duquel ils assuraient, entre autres, des trans≠ports.
    As-tu pu, à cette occasion, glaner des renseigne≠
    ments sur l'emploi du temps d'Aymeric pendant la journée d'hier?
    J'y venais, seigneur. Il est resté en son hôtel et ne s'est rendu sur le port qu'après avoir appris l'assas≠
    sinat des deux pêcheurs.
    Il est donc allé sur le lieu des meurtres.
    Sans doute.
    Un lieu nauséabond qu'on ne saurait ni oublier, ni passer sous silence si l'on évoque ces crimes ! Lors de la conversation que j'ai eue avec lui, il ne m'en a pas touché mot cependant, fit remarquer le Saxon.
    En somme, il est avéré qu'il n'a pu participer directement à ces meurtres. Mais indirectement... ?
    Alors? Des complices? Des exécutants? reprit Timothée.
    Et pour quels motifs? plaça Doremus. Si ces
    pêcheurs lui rendaient des services, pourquoi les aurait-il fait supprimer?
    Peut-être parce qu'ils essayaient de lui extorquer des deniers en le menaçant de le dénoncer.
    Sous peine d'encourir eux-mêmes les pires ch‚≠
    timents? fit remarquer l'ancien rebelle. Le négociant, lui, en raison de sa position, ne risquerait guère que des amendes; ces marins, en raison de la leur, pouvaient redouter bien pire !
    Reste, souligna Erwin, que la femme d'Aymeric est morte bien opportunément pour lui.
    Il observa un bref silence.
    -
    Voyez-vous, ce qui m'a frappé lors de notre
    entretien, c'est que cet homme a peur! Oui, peur comme quelqu'un sur qui pèse une menace de mort ! Je ne crois pas m'être trompé : tout, en lui, ses paroles et surtout son attitude, traduisait une angoisse mortelle.
    -
    qui ou quoi le menace alors? demanda Agnès.
    Pour toute réponse, Erwin fit signe de poursuivre la délibération.
    Pour ma part, indiqua Doremus, j'ai mené une
    enquête sur le port et dans les ruelles qui y mènent.
    L'endroit o˘ les deux frères ont été assassinés est, on le comprend, peu fréquenté et seulement, si je puis me permettre, en cas de nécessité. On ne fait guère atten≠
    tion à ceux qui s'y rendent. Outre le chemin qui y conduit depuis le quai aux pêcheurs, deux venelles aboutissent à ce dépotoir. J'ai interrogé ceux qui y habitent : des misérables qui ont affirmé ne rien avoir remarqué de suspect. Vérité ou mensonge ? La crainte scelle bien des lèvres, surtout chez les pauvres gens.
    Donc rien de ce côté-là. Du moins pour l'instant.
    Sinon la certitude que l'endroit avait été bien choisi, pour des crimes sordides et discrets ! Je me suis rendu ensuite dans la chambre o˘ les cadavres des deux pêcheurs avaient été déposés pour être veillés par leurs proches.

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