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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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t’en sais ?
    Roy, chaque fois que tu rentres t’es comme ça.
    Essayer d’empêcher un homme, tout ce qui t’intéresse c’est le sacré nom de Dieu de fric que je t’apporte, eh bien oui je te donnerai tout le fric que tu veux !
    Roy, ne me parle pas comme ça. Ses lèvres tremblent.
    Commence à pleurer, vas-y, commence à pleurer, je te connais.
    Je me couche.
    Viens ici.
    Roy, je te fais pas des reproches, je sais pas ce qu’y a avec toi, y a quelque chose en toi que je comprends pas, qu’est-ce que tu veux de moi ?
    Laisse-moi tranquille.
    Oh, Roy, t’es mouillé, enlève ton pantalon, chéri, pourquoi tu bois, ça te rend toujours si amer, j’ai prié pour toi, je jure que j’ai prié.
    Oh ! laisse-moi tranquille. Il s’assied, regarde la nappe en dentelle d’imitation qui recouvre la table. Aaah, je sais pas, je sais pas.
    Qu’est-ce qu’on a dans la vie ?
    Des lendemains de travail.
    (Il défendra la daine en robe de lavande à la pointe de son glaive.)
    Il s’endormit sur sa chaise, et le lendemain il avait un refroidissement.
    L’apathie de Gallagher continua. Dans les premiers jours qui suivirent la nouvelle de la mort de Mary il travailla furieusement sur la route, piochant (les fossés de drainage, abattant arbre sur arbre pour les chemins de rondin. Il s’arrêtait rarement quand ceux de son équipe faisaient relâche, et le soir, ayant mangé sa soupe à l’écart des autres, il se glissait entre ses couvertures, ramenait ses genoux sous son menton, et" s’abîmait dans un lourd sommeil. Wilson, qui l’entendait frissonner au milieu de la nuit, lui jetait sa couverture sur les épaules et gloussait sous cape des misères qui obsédaient son ami. Gallagher ne montrait pas sa peine, il était seulement devenu plus décharné, et ses yeux et ses paupières étaient gonflés comme s’il avait fait la noce ou joué au poker pendant quarante-huit heures à la file.
    Les hommes firent de leur mieux pour compatir à sa peine, mais l’événement avait introduit une diversion dans l’écoulement monotone des jours sur la route. Ils lui manifestèrent, au début, une compassion discrète : sa présence les incommodait, et quand il lui arrivait de s’approcher d’un groupe, les voix s’adoucissaient. Mais, bientôt, ils finirent par s’agacer et par se sentir mal à leur aise ; il suffisait qu’il s’assit auprès d’eux pour inhiber leur parole et leur infliger un sentiment aigu de gêne, Red était un peu honteux de sa réaction. Une nuit, alors qu’il était de garde, il y réfléchit et décida qu’il n’y pouvait rien. « C’est dur mais j’y peux rien changer », pensa-t-il avec un haussement d’épaules, le regard perdu dans la nuit. « Au diable, c’est Gallagher qui saigne du pif, c’est pas moi. »
    Il y eut des distributions de courrier presque quotidiennes, et il arriva une chose effrayante : Gallagher continua à recevoir des lettres de sa femme. La première lui fut remise peu de jours après que le père Leary lui avait appris la mort de Mary – une lettre postée un mois plus tôt. Ce fut Wilson qui, cette nuit-là avait fait la levée des lettres pour la section, et il se demanda s’il devait remettre à Gallagher son courrier. « Ça va lui faire bien drôle », dit-il à Croft.
    Croit haussa les épaules. « On peut pas savoir. Peut-être qu’il l’attend. » Il était curieux de voir ce qui allait arriver.
    La voix de Wilson était désinvolte alors qu’il remettait la lettre à Gallagher. « Du courrier pour toi, petite tête. » Il se sentit embarrassé, et il détourna les yeux.
    Le visage de Gallagher blanchit. « C’est pas pour moi, dit-il, regardant la lettre. Y a erreur.
    – – C’est pour toi, petit. » Il posa la main sur l’épaule de Gallagher, mais celui-ci s’en débarrassa d’une secousse. « Tu veux que je la jette ? » demanda Wilson.
    Gallagher identifia la date sur l’enveloppe. Un petit frisson le parcourut. « Non, donne-la-moi », bégaya-t-il. Il fit quelques pas, ouvrit l’enveloppe. Il ne distinguait pas les mots ; ils lui paraissaient illisibles. Il se mit à trembler. « Sainte Marie Joseph Jésus », se dit-il. Il réussit à centrer son regard sur quelques lignes, et peu à peu leur signification s’infiltra dans son esprit. « Je me fais du souci à ton sujet, t’es toujours si en colère à cause de tout et toutes les nuits je prie pour que rien ne t’arrive. Je t’aime

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