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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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quand il aspire à il ne sait quoi.) Tu sais, Mary, si je savais où j’en suis – le renoncement à soi-même enfle sa voix – je flânerais pas tellement avec eux parce que tu sais je voudrais te voir plus souvent.
    Tu voudrais vraiment ?
    Il écoute le clapotis des brisants sur la plage. Je t’aime, Mary, dit-il soudain, se tenant roide et figé, délicatement troublé par une fugitive incertitude.
    Je crois que moi aussi, Roy.
    Sûr. L’instant d’après il l’embrasse doucement, puis avidement, mais un coin de son esprit s’est replié et demeure froid. Oh ! je t’aime, petite, fait-il d’une voix altérée, s’efforçant de cautériser son doute. Il regarde au loin.
    City Point est si beau, dit-elle.
    Ils "ne peuvent pas voir, dans la nuit, les ordures qui jonchent la plage, le varech et les débris qui flottent sur la vague, les capotes qui se balancent paresseusement au gré de l’écume et. qui échouent sur la grève comme de minuscules et répugnants animaux marins.
    Sûr, c’est quelque chose, dit-il doucement.
    Hé ! dis donc, Roy, comment va, vieux jeune marié, comment que ça mâhrche la vie de famille, hein ?
    Eh ! ça va. (Il frissonne dans l’aube qui se lève tristement sur un jour de septembre, sur le pavé gris et les maisons de bois délabrées. Jésus, fait froid dehors, je voudrais qu’ils les ouvrent, ces sacrés bureaux de vote.
    Je suis content que t’es avec moi aujourd’hui, Roy, tu sais qu’on pense au pâhrti que t’es le bon gâhrs, mais on te voit plus souvent.
    Aaah, bien, j’ai laissé tomber le C. U., bégaie-t-il, et j’ai pensé que peut-êthre les pathrons sehront pas contents de me voihr.
    Bien, t’auhrais dû leuhr dîhre, mais enthre toi et moi cette équipe C. U. le pâhrti la laisse tomber pour un bout de temps, y a eu des pressions d’en haut, fallait qu’ils vident l’état de Massachusetts on m’a dit. Ça paie tou-jouhrs de rester avec le.. pâhrti, c’est comme ça qu’on se gouhrre pas, je pâhrie que si t’avais pas été avec le C. U. tu sehrais aujouhrd’hui agent électohral, j’espèhre que c’est sans rancune, Roy.
    Non. (Il éprouve un sourd ressentiment.) De retour où que j’avais démâhrré. Je pâhrie que c’est les riches youpins du pâhrti qu’ont dégommé le C. U.
    Ca se pourrait bien.
    La femme a voulu que je les quitte.
    Comment va-t-elle ?
    Ça va. (Il pense qu’elle dort dans ce moment, il entend son ronflement, rude et vigoureux et étonnamment mâle.)
    Ça te va bien, la vie mâhriée ? Qu’est-ce que tu fais ?
    Si, ça me va. Je conduis un camion… comme mon vieux. (Mary a acheté une nappe en dentelle d’imitation.)
    Dis, M’Gillis se pohrte candidat des Rouges, aye, M’Gil-lis, une bhrebis galeuse dlhrlandais comme y en a jamais eu, imagine un gâhrs qui renie sa religion, mais de toute manière les ghrands pathrons se font pas de bile à cause de lui pouhr les primaihres, mais y a une bande de syndicalistes dans cette cihrconscription et Mac dit qu’on doit gagner la manche ici même pouhr leuhr couper l’hehrbe sous les pieds.
    On a fait venihr quelques-uns de ceux qui votent deux fois ? demande Gallagher.
    Sûhr, mais j’ai ma petite idée à moi. (Il sort d’un sac à papier plusieurs bouteiles de sauce tomate et se met à la répandre sur le trottoir.)
    Qu’est-ce que te fais ?
    Oh, ça colle, c’est ça qui va enlever le mohrceau. C’est du boulot, tu piges ? Toi tu restes ici, tu distribues les pamphlets, et si que tu leuhr fais le boniment ça peut pas manquer le coup.
    Sûhr, elle est bien bonne celle-là. (Pourquoi n’y a-t-il pas pensé, lui ?) C’est ton idée ?
    Une idée tout ce qu’y a à moi, quand j’y ai dit à Mac ça l’a tout emballé, il a appelé Nolan qu’est le sehrgent des deux flics de sehrvice ici, comme ça ils vont pas nous enquiquiner.
    Gallagher se tient en bordure de la flaque de sauce tomate, et quand les premiers électeurs arrivent et forment la queue devant le bureau de vote, il se met à parler. Regardez voir, voyez ce qui arrive. C’est du sang, voila ce qui arrive. C’est du sang, voila ce qui arrive a des
    honnêtes américains quand ils essaient de voter contre
    un rouge. Ils se font assommer par des étrangers qui sont derrière M’Gillis. Voila le travail de M’Gillis, du sang, du sang humain.
    Pendant une accalmie il examine la sauce tomate. Elle lui semble trop rouge, et il la saupoudre avec un peu de terre. (Bosse et bosse,

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