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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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revienne.
    – Ils nous ont oubliés, dit Red. On peut aussi bien dormir un coup.
    – C’est pourquoi je vais aux renseignements, dit Croft.
    – Pourquoi que tu nous laisses pas tranquilles, qu’on reste sur notre cul pour la journée ? gémit Red.
    – Toi, Valsen, dit Croft, à partir d’à présent tu feras mieux de la boucler, ta grande gueule. »
    Red le regarda avec défiance. « Qu’est-ce qu’y a ? de-manda-t-il. Tu veux gagner la guerre tout seul ? » Ils se mesurèrent pendant quelques secondes, fixement, puis Croft s’en alla à grandes enjambées.
    « Tu choisis le mauvais gars pour t’y frotter », dit le sergent Brown.
    Red cracha de nouveau. « Je me laisse emmerder par personne. » Il pouvait sentir les battements accélérés de son cœur. Il y avait quelques cadavres en bordure de l’eau, à une centaine de mètres de là, et tandis que Red les regardait un soldat du Q. G. se mit à les haler sur le sable. Un avion patrouillait au-dessus d’eux.
    « Il fait bougrement tranquille », dit Gallagher. Toglio approuva de la tête. « Je vais creuser un trou. » Il décrocha sa pelle-bêche, et Wilson pouffa. « Te donne donc pas tant de peine », lui dit-il.
    Toglio l’ignora et se mit à piocher. « Je vais en faire un moi aussi », dit Hennessey d’une voix flûtée, se mettant au travail à vingt mètres de Toglio. Le temps de quelques secondes il n’y eut pas d’autre bruit que lé crissement de leurs pelles dans le sable.
    Oscar Ridges soupira. « Crotte, dit-il. Je pourrais ben m’en faire moi aussi. » Il pouffa avec embarras et se
    Sencha sur son équipement. Son rire avait ressemblé à un raiment prolonge. « Ouaa-a-aaah ! » l’imita Stanley.
    Ridges le regarda et dit d’une voix égale : « Ben, crotte, je peux rien comme je ris. C’est ben bon pour moi, je dois dire. » Il pouffa de nouveau, pour prouver sa bonne volonté, mais cette fois son rire fut bien plus châtié. Comme il n’y eut pas de réponse, il se mit à piocher. Son corps court et puissant était trapu et ramassé comme un billot. Il avait une face boulotte, avec une longue mâchoire ballante qui le faisait béer. Ses yeux à fleur de tête ajoutaient à son air benêt et bonne pâte. Ses mouvements, alors qu’il piochait, étaient exaspérément lents ; il rejetait chaque pelletée à l’endroit exact de la précédente, et avant de donner un autre coup de pelle il prenait son temps pour regarder autour de lui. Il y avait une sorte de circonspection dans sa personne, comme s’il avait l’habitude qu’on lui jouât des farces.
    Stanley l’observait avec impatience. « Hé, Ridges, dit-il tout en cherchant du regard l’approbation du sergent Brown, si jamais tu étais assis sur un feu, je suppose que tu serais trop fainéant pour pisser dessus. »
    Ridges sourit vaguement. « Je dois dire », fit-il quiètement, voyant Stanley s’approcher de lui, s’arrêter au-dessus du trou pour en examiner la profondeur. Stanley était un adolescent élancé, médiocrement bien fait, avec une longue face à l’expression un peu incertaine mais d’ordinaire vaine et dédaigneuse. Il eût été beau ; n’était son long nez et sa moustache noire au poil clairsemé. Il n’avait que dix-neuf ans.
    Jésus, tu en as pour la journée, à piocher », dit-il, dégoûté. Sa voix était artificiellement rude, comme celle d’un acteur qui s’essaie à parler le langage des soldats. Ridges ne répondit pas. Patiemment, il continuait à piocher. Stanley l’observait toujours, s’efforçant de trouver quelque chose de malin à dire. Il commençait à se sentir ridicule, piqué là sans plus, et, cédant à un coup de tête, il poussa du pied un peu de sable dans le trou. En silence, sans changer de rythme, Ridges rejeta le sable. Stanley se savait Te point de mire de ses compagnons. N’étant pas sûr qu’ils se rangeraient de son parti, il regrettait un peu d’avoir amorcé l’attaque. Mais il avait été trop loin pour en rabattre. D’un coup de pied il fit tomber un gros tas de sable dans le trou.
    Ridges mit bas sa pelle-bêche et regarda Stanley. Il avait toujours son air de patience, avec cependant une trace d’inquiétude dans l’expression. « Qu’est-ce que t’essaies de faire, Stanley ? demanda-t-il.
    – Ça ne te plaît pas ? ricana Stanley.
    – Non, m’sieu. Ça me plaît point. »
    "Stanley grimaça un lent sourire. « Tu sais ce qu’il te reste à

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