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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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il eut la vague image d’un lit d’hôpital. Il se tata et se rendit compte, à la fois avec gaieté et répugnance, qu’il avait sali son pantalon.
    Tout son corps se raidit. « Si je reste sans bouger, je ne me salirai pas », pensa-t-il. Il se souvint que Red et Wilson disaient qu’il fallait « serrer le trou de son cul », et il comprit ce qu’ils voulaient dire. Il se mit à pousser de petits rires nerveux. Les bords de son trou s’effritaient, et il eut un instant d’angoisse à l’idée qu’ils s’affaisseraient lors du prochain bombardement. Il commençait à se renifler, et il eut un peu mal au cœur. Est-ce qu’il devait changer de pantalon ? se demanda-t-il. Il n’y avait qu’un seul pantalon de rechange dans son équipement, et il n’en aurait peut-être pas d’autre avant un mois. S’il jetait celui qu’il portait, ils étaient capables de le lui faire payer.
    « Mais non, ça n’était pas vrai, se dit-il ; on ne paie pas pour les effets perdus en campagne. » Il fut repris par un accès de petits rires nerveux. « Quelle histoire à raconter à papa ! » Le temps d’une seconde il entrevit le visage de son père. Quelque chose en lui aiguillonnait son courage et le poussait à jeter un regard par-dessus le parapet de son trou. Il se souleva avec précaution, de peur aussi bien de salir davantage son pantalon que d’apercevoir quelque ennemi.
    Toglio et Ridges se tenaient au fond de leurs trous respectifs, et Hennessey eut le soupçon qu’ils l’avaient abandonné. « Toglio, caporal Toglio », appela-t-il ; mais sa voix ne fut qu’un murmure rauque et enroué. Il n’y eut pas de réponse, et il ne se demanda pas s’ils l’avaient entendu. Il était seul, tout seul, se dit-il, et il éprouva une épouvante énorme de se sentir si isolé. Où pouvaient-ils bien être ? Il n’avait jamais vu de combat avant, et ce n’était pas juste de l’avoir laissé seul. Il se sentait amer d’avoir été déserté. La jungle avait un aspect de mauvais augure, comme un ciel d’orage. Tout à coup il sut qu’il ne pouvait plus rester là. Il sortit de son trou, empoigna son fusil, et se mit à ramper.
    « Hennessey, où vas-tu ? » cria Toglio, sortant la tête de son trou.
    Hennessey s’arrêta, puis commença. à babiller. « Je vais trouver les autres. C’est important, j’ai sali mon pantalon. » Il se mit à rire.
    « Reviens ici ! » cria Toglio.
    Le garçon coula un regard vers son trou, et il sut qu’il ne lui était pas possible d’y revenir. La plage paraissait si pure et si paisible. « Non, il faut que j’aille », dit-il, se mettant à courir. Il entendit Toglio qui l’appelait de nouveau, puis il ne fut conscient que du bruit de son souffle. Soudainement il se rendit compte que quelque chose ballottait dans la poche que son pantalon faisait à l’endroit de la guêtre. Il se déboutonna, abaissa son pantalon un peu frénétiquement, secoua ses selles, et se remit à courir.
    Il passa près des fanions qui signalaient le point d’atterrissage aux embarcations, aperçut un officier de marine couché à plat ventre dans une petite dépression aux approches de la jungle. Tout soudain le bruit du mortier lui parvint, et immédiatement après le tir d’une mitrailleuse. Une couple de grenades firent explosion, éclatant avec le bruit creux et fort d’un sac de papier gonflé d’air. « Il y a quelques-uns de nos soldats après ces Japonais avec le mortier », pensa-t-il, écoutant venir sur lui un hurlement de sirène. Il pirouetta sur place, puis se jeta à terre. Peut-être avait-il senti la déflagration avant qu’un éclat de shrapnel lui eût déchiré la cervelle en deux.
    Red le trouva, alors que la section était sur son chemin de retour. Ils avaient attendu la fin du bombardement dans une longue tranchée en zigzag, à l’une des extrémités de la plage. Quand le mot leur parvint que les Japonais et leur mortier venaient d’être liquidés, Brown prit la décision de revenir. Ne se sentant pas d’humeur sociable, Red s’était mis instinctivement en tête de colonne. Il venait de sortir d’un virage quand il vit Hennessey, la face dans le sable, une profonde déchirure sur le casque, et un petit cercle de sang sur la tête. Une de ses mains était tournée la paume en Pair, les doigts serrés comme s’il avait voulu retenir quelque chose. Red en eut mal au cœur. Il avait eu de l’affection pour Hennessey – un genre

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