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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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brièvement.
    « Voyez-vous, il me semble qu’il y a de certaines choses, Robert, que vous auriez pu apprendre chez votre père.
    – Je ne savais pas que vous le connaissiez, dit Hearn paisiblement.
    – – Je connais le type. » Il se raidit : maintenant l’autre question, pendant que Hearn n’y était pas préparé. « Vous êtes-vous jamais demandé, Robert, pourquoi nous sommes en guerre ?
    – Est-ce que vous voulez une réponse sérieuse, mon général ?
    – Oui. »
    Hearn se pétrit la cuisse avec ses larges mains, t Je ne sais pas, je n’en suis pas sûr. Je suppose que, malgré toutes les contradictions, le droit – objectivement parlant – se trouve de notre côté. C’est-à-dire en Europe. Ici, en ce qui me concerne, c’est le coup de dés impérialiste. Ou bien C’est nous qui dépouillons l’Asie, ou c’est le Japon. Et je m’imagine que nos méthodes seraient un peu moins dramatiques que les leurs.
    – Est-ce là votre contribution ?
    – Je ne prétends pas lire l’histoire a l’avance. Je serai prêt à vous donner la vraie réponse dans un petit siècle. » Il haussa les épaules. « Je m’étonne que vous cherchiez à connaître mon opinion, mon général. » Ses yeux redevinrent paresseux, d’une indifférence étudiée. Hearn avait de la tenue, c’était indéniable.
    « Il me semble, Robert, que vous pouvez mieux que ça.
    – Soit, je peux. Il y a une osmose dans la guerre, appelez ça comme vous voulez, qui fait que les vainqueurs revêtent toujours le… le, eh, le harnachement du vaincu. Il se pourrait fort bien que nous devenions fascistes après la victoire, et alors la réponse devient vraiment tout un problème. » Il tira sur sa cigarette. « Je ne m’engage pas dans des spéculations de longue haleine. Faute d’idées plus nettes, je suppose seulement que c’est une mauvaise affaire que de faire occire des millions d’êtres parce qu’un farceur quelconque prétend faire aboutir son petit système.
    – Non pas que vous vous en souciiez réellement, Robert.
    – Probablement pas. Mais tant que vous ne m’avez pas fourni une idée qui remplace celle-ci, je m’y cramponnerai. »
    Cummings lui décocha un sourire. Sa colère s’était transformée en une froide et efficace résolution. Hearn tâtonnait au hasarc}, cela se voyait. Chaque fois qu’il lui arrivait de chercher ses idées il était visiblement mal à son aise, visiblement préoccupé d’éviter la moindre conclusion.
    Hearn parut absorbé pendant un instant. « Nous nous dirigeons vers une centralisation toujours plus accrue, et je ne vois pas comment, en Amérique, la gauche peut gagner cette bataille. Il m’arrive parfois de penser que c’est Gandhi qui est dans le vrai. »
    Cummings rit à -haute voix. « Vous auriez eu du mal à choisir un personnage moins réaliste. Résistance passive, voyez-vous. Vous seriez parfait dans ce rôle. Vous et Clellan et Gandhi. »
    Hearn se redressa ur> peu sur sa chaise. Redevenu agressif dans un ciel d’où les nuages avaient disparu, le soleil étincelait cruellement au-dessus du bivouac, faisant ressortir les ombres sous les rabats de la tente. A une centaine de mètres de là, sur une pente recouverte d’une maigre verdure, Cummings pouvait apercevoir une file de deux cent cinquante hommes qui pataugeaient dans l’attente du rata.
    « Il me semble, dit Hearn, que Clellan est plutôt votre genre. Et pendant que nous y sommes, vous pourriez lui dire que les fleurs c’est votre idée. »
    Cummings rit de nouveau. Ainsi, donc, cela a marché. Il écarquilla les yeux, conscient de l’effet que produisait son regard nu et blanc, puis il se frappa le genou avec une hilarité factice. « Est-ce que vous recevez tout le whisky qu’il vous faut, Robert ? » Mais oui, c’est à cause de cela que Hearn avait écrasé la cigarette sur le plancher.
    Hearn ne répondit pas, mais il y eut un tremblement perceptible dans ses mâchoires.
    Cummings se carra sur sa chaise, jouissant de la situation. « Nous nous égarons un peu. J’allais vous expliquer la guerre.
    – C’est ça, si vous me l’expliquiez. » Tranchante, un rien désagréable, sa voix dénotait une trace d’irritation.
    « J’aime à l’appeler processus d’énergie historique. Certains pays possèdent une puissance latente, des ressources latentes : ils regorgent d’énergie potentielle pour ainsi dire. Et cela, certains grands concepts peuvent le

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