Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
Vom Netzwerk:
suicidé en 1930. On peut pardonner à Carsons.
    Adieu Fieldmont, bon vieux FCD, c’est qu’on y a passé du temps.
    C’est vrai.
    Le principal n’était pas un méchant homme mais je n’ai jamais pu le comprendre, et tu te rappelles la jolie femme qu’il avait.
    A la santé de sa femme. J’ai entendu dire qu’elle a quitté l’année dernière pendant tout un mois.
    Oh ! non. La bouteille fait son deuxième, puis son troisième tour.
    A tout prendre nous avons eu du bon temps là-bas, seulement je suis content d’en être débarrassé, j’aimerais bien pouvoir aller avec vous à Yale.
    Dans un coin, le capitaine de l’équipe de football de la saison précédente casse les oreilles à Hearn. Je voudrais bien pouvoir être de retour à l’automne prochain, quelle équipe on va avoir avec ces cadets, souviens-toi de mes paroles, dans quatre ans Haskell sera désigné par les reporters sportifs de toute l’Amérique comme le meilleur joueur scolaire de sa catégorie, et puisqu’on en parle, Bob, je voudrais te donner un petit conseil vu que je te suis depuis longtemps déjà, tu ne te donnes pas assez de mal, tu n’y mets pas le coup, tu aurais pu être le premier de l’équipe parce que tu es grand et naturellement doué mais tu ne veux pas, et c’est une honte parce que tu devrais y aller à fond.
    Va te fourrer la tête dans un seau d’eau glacée.
    Hearn est saoul, hurle le capitaine.
    Regardez ce vieux Hearn qui recommence à broyer du noir. Je parie qu’il a eu une prise de bec avec Adélaïde.
    C’est une fine mouche mais c’est fou ce qu’elle court, je parle qu’avant de partir pour Princeton, Lantry se faisait de la bile à cause d’elle.
    Eh, les frères, ne vous en faites pas, voilà ma théorie. J’ai une sœur, elle ne court pas, mais si elle courait cela me serait bien égal.
    Tu dis ça, parce qu’elle ne court pas, je veux dire que si elle courait, oh, cette boisson me monte à la tête. Qui est saoul ?
    Yippeeee ! C’est Hearn, debout au milieu de la chambre, la tête renversée en arrière, haletant au goulot de la bouteille. Je suis un vaurien, alors vous tous je dis mettez cartes sur table.
    Dis, il est bu.
    Allez-y, défiez-moi de sauter par la fenêtre, voyez si j’ai le trac. Suant, rouge d’un accès soudain de colère, il les repousse, ouvre la fenêtre, fait entendre de petits rires. Je vais sauter.
    Arrêtez-le.
    Yippeeeeeee ! Et le voilà parti d’un bond dans la nuit. Il y a un bruit mat, un atterrissage brutal dans les broussailles, et, horrifiés, tous se précipitent sur la fenêtre, Comment va, Hearn, ça va, dis, où es-tu, Hearn ?
    Fieldmont, Fieldmont über alles, mugit Hearn, étalé dans le noir, riant, trop ivre pour s’être fait mal.
    Quel drôle de pistolet ce Hearn, disent-ils. Tu te rappelles l’année dernière, quand il a pris une cuite ?
    Le dernier été avant le collège est une succession de jours dorés ; les plages étincelantes, la magie des lumières électriques dans les soirs d’été, et l’orchestre de danse au club nautique, un billet d’avion pour les pays romantiques , et le toucher et l’odeur des filles, odeur de rouge à lèvres, odeur de poudre de riz, et le fin frugal fumet des sièges de cuir dans les décapotables. Le ciel a toujours ses étoiles, il a toujours ses clairs de lune pour dorer les arbres noirs. Les phares projettent un tunnel d’argent à travers le feuillage qui se rejoint au-dessus de la route.
    Et il a une bonne amie, une belle prise, la jeune beauté de cette colonie d’estivants, M lle  Sally Tendecker de Lake Shore Drive et ses inévitables allusions aux fêtes de Noël, aux manteaux de fourrure, aux parfums, aux bals de collège dans les salons aux noms ronflants des grands hôtels.
    Mob, tu conduis plus vite que tous ceux que je connais, un de ces jours tu vas te tuer.
    Euh. Sa parole est encore lente avec les femmes, et pour l’instant il est occupé à prendre un virage. Sa Buick fait un large tournant sur la gauche, résiste et lutte contre la force qui la déporte sur la droite, puis sort du virage et se redresse. Il y eut une seconde de panique suivie de soulagement, d’exaltation, car la voiture file droit devant sur la route.
    J’affirme que tu es un sauvage, Bob Hearn.
    Je ne sais pas.
    Qu’est-ce qui se passe dans ta tête, Bob ?
    Il gare la voiture sur le bas côté de la route, se tourne vers son amie avec un brusque débordement de paroles. Je ne sais pas, Sally, je

Weitere Kostenlose Bücher