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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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seule nuit de sommeil pour se sentir rafraîchi et puissant au réveil.
    Cette fois-ci il prit un léger sédatif et s’endormit au bout d’une petite heure. Il faisait encore noir quand il se réveilla, mais il se sentait agité et sa pensée était extrêmement active. Son tibia était encore sensible, et après l’avoir massé dans l’obscurité pendant un moment il alluma sa lampe de chevet et examina délicatement la contusion.
    Ceci n’était pas accidentel. Hearn avait laissé tomber la planche de propos délibérés ou, au mieux, il ne s’agissait que partiellement d’un accident, Cummings en était certain. Et, en guise de confirmation, son cœur se mit à cogner puissamment. Peut-être même avait-il souhaité, lui Cummings, que la chose eût lieu ; en disant à Hearn de lui apporter la planche il avait marqué une certaine vigilance à son endroit, il avait montré qu’il était conscient de sa présence. Il secoua la tête. Il était stérile de sonder ces sortes de choses. Il se comprenait à merveille, et le mieux était de n’y pas penser. Bien qu’il ne fût réveillé que depuis quelques minutes son esprit était péniblement lucide, avec cependant un arrière-goût d’angoisse inexprimable.
    II allait faire transférer Hearn. Il serait dangereux de le garder sous la main. D’autres incidents, d’autres rébellions auraient lieu qui aboutiraient en conseil de guérir, ce qui finissait toujours par faire un gâchis déplaisant. Il n’aurait pas hésité cependant, dans l’affaire du mégot ou dans tout autre incident de cet ordre, mais le recours eu appel aurait pu avoir des suites désagréables. On n’aurait jamais annulé sa décision en haut lieu, mais c’eût été tout de même gênant.
    Hearn devait partir. Cummings éprouvait un mélange de triomphe et de frustration. Il pouvait faire affecter Hearn où il lui plaisait, et cependant il n’aurait toujours pas réussi à briser en lui un restant de rébellion. Là était le hic. Il loucha contre l’éclat de la lampe, en diminua la flamme, puis il se tâta la cuisse, se rendant compte avec contrariété que c’était un des gestes habituels d’Hearn.
    Où l’enverrait-il ? Ça n’avait réellement pas d’importance ; cette section de reconnaissance que Dalleson avait mentionnée ferait assez bien l’affaire. Et cela garderait Hearn sous la coupe du Quartier Général. Il serait ainsi en mesure de se tenir au courant de ce qui arriverait à Hearn. De toute façon il allait s’en occuper dès le matin. Quand il verrait Dalleson à propos de l’avant-poste de la compagnie I, il le manœuvrerait de manière que la décision paraisse venir de Dalleson. Ça serait mieux ainsi, moins apparent.
    Il se recoucha, les mains croisées sous sa nuque, regardant la faîtière de la tente. Comme si elle se moquait de lui, la carte d’Anopopéi lui apparut en surimpression sur la toile de la tente et il se tortilla inconfortablement, repris par la colère et la frustration qu’il éprouva en recevant le message que le support naval lui serait probablement refusé. Il avait nourri trop d’espoir ; et maintenant il n’arrivait plus à débarrasser son esprit de l’idée d’envahir Botoï Bay. Une autre manœuvre pouvait être élaborée, il le fallait bien, et cependant sa pensée ne cessait pas d’imaginer les tenailles d’un assaut frontal et d’une invasion sur les arrières des Japonais. Il se demandait s’il prendrait le risque de s’y lancer sans support naval, mais c’eût été un massacre, une nouvelle expédition dans le genre des canots de caoutchouc. II ne pouvait y aller que si Botoï n’était pas défendue.
    II y avait une idée en germe là-dedans. S’il pouvait raser d’abord les défenses sur la plage, puis alors seulement dépêcher ses embarcations d’assaut… Peut-être un petit détachement réussirait à s’emparer de la plage sous le couvert de la nuit, sur quoi le gros de la force débarquerait au matin. Mais c’était trop risqué. Une invasion nocturne – il ne possédait pas de troupes suffisamment spécialisées pour ce genre d’entreprises.
    Une grande force de pénétration, voilà ce qui aurait suppléé la marine. Mais comment s’y prendre ? Impossible de lancer une compagnie directement à partir de ses propres bases à l’effet de percer les lignes ennemies. Peut-être pouvait-il débarquer des troupes à une vingtaine de milles derrière les lignes japonaises, pour les faire

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