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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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ensuite s’avancer le long de la côte. Mais la jungle V était trop dense. Les hommes seraient obligés de s’enfoncer dans les terres par endroits, et derrière Botoï la forêt était impénétrable. S’il, pouvait…
    Une idée se formait en lui, à peine articulée encore, et il s’y cramponnait avec une sorte de gaucherie, conscient seulement de tenir une idée. Posant ses pieds nus sur le plancher de caillebotis, il quitta sa couchette pour aller examiner des photographies aériennes enfermées dans son bureau. Une compagnie était-elle capable de faire ça ?
    La chose était faisable. Il pouvait envoyer une compagnie dans des embarcations d’assaut et lui faire faire le tour complet de l’île pour prendre pied sur le rivage septentrional, encore inexploré, séparé de Toyaku et de ses troupes par la chaîne de Watamaï. Ils seraient alors en position de pousser directement par le centre de l’île, traverser le col du Mont Anaka, et redescendre sur les arrières des Japonais pour attaquer à revers Botoï Bay qu’ils tiendraient jusqu’à l’arrivée des renforts. Une réussite était plausible car les défenses de Botoï couvraient la mer ; et, comme dans la plupart des positions japonaises, l’angle de tir y était médiocrement manœuvrable.
    Il se frotta le menton. Quel casse-tête de chronométrer ça. Mais quelle conception. L’inorthodoxie, la témérité de l’affaire, le séduisaient puissamment. Mais ce n’était pas à cela qu’il pensait. Comme toujours dans des moments pareils, dès qu’il concevait de nouveaux plans son esprit devenait pratique et direct. Déjà, rapidement, il estimait les distances. Il y avait vingt-cinq milles entre la côte septentrionale de l’île et le versant japonais du col, et de là sept milles jusqu’à Botoï Bay. Sans incidents inattendus une compagnie pouvait faire le chemin en trois jours, en deux si elle y mettait un coup. Il se mit à étudier les cartes aériennes. Le terrain était formidable, certes, mais non pas impassable de l’autre côté de l’île. II y aurait là, à partir de l’eau, une épaisseur de jungle de quelques milles à peine, puis, jusqu’au col dans la montagne, des espaces relativement ouverts faits de collines et d’herbe kunaï. Le problème consistait à trouver une route dans la jungle sur les arrières des Japonais, après le passage du col. S’il y envoyait une compagnie de but en blanc, elle tomberait presque certainement dans une embuscade.
    Il se laissa aller méditativement sur sa chaise. Il lui faudrait d’abord pousser une reconnaissance. Il serait trop coûteux, trop risqué, d’immobiliser une compagnie pour toute une semaine si la chose se révélait impossible. Une patrouille de quelques hommes, une escouade ou deux, voilà qui semblait une meilleure idée. Ils tailleraient une piste, reconnaîtraient les chemins sur les arrières des Japonais, et reviendraient sur leurs pas pour se rembarquer. S’ils revenaient à bon port, il serait à même d’y envoyer une compagnie et mettre son plan à exécution. Il regarda la lampe, fixement, pendant quelques secondes. La première patrouille de reconnaissance prendrait cinq jours, six tout au plus, et à son retour il pourrait dépêcher une compagnie qui atteindrait Botoï en trois jours. Pour s’assurer une marge il lui faudrait compter une dizaine de jours en tout, ou onze de fait, car la patrouille ne serait pas prête à démarrér avant le lendemain soir. Lui-même déclencherait son attaque dans deux jours, et quand il se verrait prêt à lancer son invasion de Botoï Bay son attaque aurait duré neuf jours. La chance aidant, il parviendrait peut-être à défoncer çà et là les lignes japonaises, mais il n’était guère probable qu’un assaut frontal rencontrât un tel succès. Tel quel, le chronométrage pouvait se révéler fort précis. Il alluma une cigarette. L’idée était engageante.
    Qui pouvait-il envoyer pour cette première patrouille ? Il songea immédiatement à Reconnaissance, puis, en y réfléchissant, il essaya de se rappeler ce qu’il savait sur son compte. Ils avaient fait partie de l’expédition des canots de caoutchouc, mais quelques-uns seulement survécurent à l’entreprise, pour rester depuis lors dans une inactivité relative. La nuit de l’attaque japonaise sur la rivière ils s’acquittèrent bien de leur tâche, fort bien en vérité. Il y avait ce chef de section Croft, que Dalleson lui avait

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