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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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regagner son hôtel sans se faire trop remarquer, se change, prend un bain, et se couche pour vingt-quatre heures. Il se sent comme s’il tombait en morceaux.
    Je dois confesser, Votre Eminence, que je suis un vieil admirateur de l’Eglise. Votre grandeur réside dans l’immensité de vos-conceptions.
    Le cardinal baisse la tête. Je suis aise de vous recevoir en audience, mon fils. Vous avez travailler pour la bonne cause. J’ai entendu parler de votre activité à Paris contre les menées de l’Antéchrist.
    J’ai travaillé pour le bien de mon pays. (Ces mots, pris dans leur contexte, ne lui causent aucun embarras.)
    Il y a des travaux plus nobles.
    Je ne l’ignore pas. Votre Eminence… Il y a des moments où je sens une grande lassitude.
    Vous êtes peut-être à la veille de prendre une importante décision.
    Je le pense parfois. J’ai toujours regardé l’Eglise avec admiration.
    Il traverse la grande cour du Vatican, regarde pendant un long temps le dôme de Saint-Pierre. La cérémonie à laquelle il vient d’assister l’a ému, submergeant tout son être de musique.
    Je ferai peut-être bien de me convertir.
    Mais, sur le navire qui le ramène, il pense à autre chose ; en lisant les journaux qu’il a apportés avec lui à bord il apprend avec une paisible satisfaction que Leeway Chemical a ouvert des négociations avec Sallevoisseux Frères.
    Dieu, je suis content de laisser les Macaronis et les Mangeurs-de-grenouilles, lui dit un des officiers qui a été de la mission.
    Oui.
    Cette Italie est un beau pays arriéré malgré son Musso qui, dit-on, lui a fait un tas de bien. Très peu pour moi. Tous les pays catholiques sont arriérés.
    Sans doute.
    Tout s’ordonne et se clarifie dans sa tête. La chose qui lui est arrivée dans cette ruelle de Rome est un signe de danger, et il devra être très prudent à l’avenir. Ne plus permettre que cela se manifeste de nouveau. Son attitude envers l’Eglise catholique s’éclaire pour lui – une démarche éminemment déplacée dans ce moment critique. Je serai bientôt colonel. Je ne peux pas prendre le risque de me convertir.
    Il soupire. J’ai énormément appris.
    Oui, moi aussi.
    Il regarde l’eau, lève les yeux, embrasse l’horizon. Lieutenant-colonel… colonel… général de brigade… général de division… général de corps d’armée… général en chef ?
    S’il y a une guerre avant longtemps cela arrangerait bien des choses.
    Mais après. Les politiciens deviendront encore plus puissants. Après la guerre…
    Il ne faut pas encore qu’il se commette politiquement. Il y a trop de tournants. Cela pourrait être Staline, cela pourrait être Hitler. Mais, en Amérique, la route qui mènera au pouvoir aura toujours pour nom anticommunisme.
    Il faut que j’aie les yeux ouverts, décide-t-il.

    LE CHŒUR

QU’EST-CE QUE C’EST QUE LA BONNE BLESSURE ?
    Les latrines, tôt le matin. Six trous à ciel ouvert, relégués dans les broussailles, à l’une des extrémités du bivouac. Aux deux bouts de l’établissement se trouve un bâton qui supporte un rouleau de papier recouvert d’une boîte de fer-blanc.
    Gallagher . – y a des foutus matins comme aujourd’hui où c’est que je voudrais attraper une balle.
    Wilson . – Oui, mais la saloperie avec ce truc-là c’est que t’es jamais sûr de l’attraper au bon endroit.
    Stanley . – Dis, si seulement on pouvait choisir sa balle, il y a belle lurette que je me serais taillé.
    Gallagher . – Aaah, y a pas un foutu endroit où c’est que tu peux attraper la bonne blessure sans que ça te fait mal.
    Stanley . – Je pense parfois que serais content si je me tirais d’affaire avec une jambe en moins.
    Wilson . – L’emmerdant avec une patte en moins c’est comment que te feras pour te cavaler quand t’es à cheval sur une femme et que le mari s’amène ? (Rires.)
    Martinez . – Peut-être perdre bras.
    Stanley . – Jésus, c’est encore pire. Je ne crois pas que j’aimerais ça. Comment diable peux-tu gagner ta vie si tu es manchot, ou encore, mon Dieu, sans les deux bras.
    Gallagher . – Aaah, cet enculé de gouvernement te paiera une pension.
    Wilson . – D’accord, mais c’est midi sonné pour te branler un coup si que des fois t’en as envie.
    Gallagher (avec dégoût). – Haou.
    Martinez . – -Blessé, bon. Pas tué, seulement blessé ! ". Nom de Dieu chance de cocu.
    Stanley . – Voui, c’est ce qu’on dit. (Pause.) La bonne blessure pour

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