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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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quelqu’un comme Ridges ça serait qu’il perde sa tête. (Rires.)
    Gallagher . – Pour ces Roth et Goldstein, tu peux leur tirer dans les couilles qu’ils s’apercevront même pas de la différence.
    Stanley . – Oh ! Jésus, ne parle jamais de ça. Ça me donne la colique.
    Gallagher . – Ces bâtards de l’armée l’ont tout calculé d’avance, te peux même pas attraper une blessure et te tirer à bon compte.
    Stanley . – Je marche pour un pied quand on voudra. Je signerais le contrat tout de suite.
    Martinez . – Moi aussi. Pas si terrible. Toglio, coude bousillé, il est parti.
    Wilson . – Si ce n’est pas de la veine, nom de Dieu ! Je vas vous dire les gars, je me rappelle même plus comment qu’il est fait ce chialeur de Toglio, mais j’oublierai jamais qu’il s’est tiré du pétrin avec un coude de traviole.
    (Ils continuent de parler.)
     

TROISIÈME PARTIE
     
    PLANTE ET FANTÔME
    Même le plus sage d’entre vous
    n’est qu’une dissonance et un
    hybride de plante et de fantôme.
    Mais est-ce que je vous ordonne
    d’être soit fantômes soit plantes ?
    Nietzsche.

    Reconnaissance partit en patrouille le lendemain après-midi. Ils s’embarquèrent plusieurs heures avant la nuit tombante, et peu de temps après, ayant contourné la péninsule, leur canot d’atterrissage piqua vers la pointe ouest d’Anopopéi. La houle était forte. Bien que naviguant à un mille au large, le canot roulait et tanguait, embarquant des paquets de mer par la rampe devant. C’était un petit canot, identique à ceux dans lesquels ils avaient débarqué le jour de l’invasion, mal équipé pour faire le tour de la moitié de l’île. Entassés sur leurs couchettes et couverts de leurs toiles imperméables, les hommes se préparaient pour un voyage de chien.
    Le lieutenant Hearn se tenait près de l’homme de barre, regardant le pont sous lui. Il se sentait un peu las ; une heure après que Dalleson lui eut appris sa nouvelle affectation il était déjà à l’étude des instructions en vue de la patrouille, et le reste de la journée se passa à vérifier l’équipement des hommes, à dresser la liste des rations, et A se familiariser avec les cartes et les ordres de Dalle-ion. Il avait réagi mécaniquement, efficacement, remettant à plus tard surprise et plaisir de ne plus faire partie de l’état-major de Cummings.
    Il alluma une cigarette et regarda de nouveau à ses pieds, où les hommes s’encaquaient dans le caisson rectangulaire en forme de pont. Ils étaient treize, serrés dans un espace de trente pieds de long sur huit de large, avec leur équipement, leurs paquetages, leurs armes, leurs munitions et cantines et couchettes pliantes étalées sur le plancher du canot. Plus tôt dans la journée il avait essayé rn vain d’obtenir une embarcation munie de bat-flanc. Maintenant ces couchettes accaparaient toute la place disponible. Les hommes s’y recroquevillaient, s’efforça » ! de protéger leurs pieds contre l’eau qui clapotait sur le pont. Encore qu’abrités sous leurs toiles imperméables, ils grimaçaient chaque fois qu’un coup d’embrun s’embarquait par la rampe devant.
    Hearn les examinait un à un. Il avait pris sur lui d’apprendre leurs noms dès son premier contact avec eux, mais il n’en ignorait pas moins tout sur leur compte et il était essentiel de se former une idée rapide quant à la personnalité de chacun. Il avait échangé quelques paroles avec certains d’entre eux, une plaisanterie occasionnelle, mais ce procédé, auquel il se savait mal fait, ne lui plaisait pas particulièrement. Il pouvait en apprendre davantage en les observant. L’ennui était que l’observation exigeait du temps, tandis que dès le lendemain matin, avec leur atterrissage sur la côte et l’entrée en action de la patrouille, le moindre détail appris à leur sujet allait avoir de l’importance.
    Tout en les examinant il se rendait compte d’un vague malaise. C’était le genre d’alacrité physique, de culpabilité ténue, de honte peut-être, qui l’assaillaient quand il déambulait par les bas quartiers des villes et prenait conscience de l’hostilité de ceux qui le suivaient de leur regard. Certainement, chaque fois qu’un soldat le regardait, il lui était un peu difficile de ne pas détourner les yeux. La plupart avaient le visage dur ; leur regard était vide, avec quelque chose de froid et d’absent dans l’expression ; on les aurait crus

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