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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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peu dangereuse si l’on savait tenir la situation en main, et on y réussissait alors même qu’on était un parfait salaud, mais lui ne voulait pas s’y cantonner.
    Qu’y avait-il au fond de tout cela ? Prouver que Cummings avait tort ? Il se le demanda pendant un instant,
    Suis cessa d’y penser. Au diable l’introspection. Penser ans le vide ne rimait pas à grand-chose, et il faisait partie de la section depuis trop peu de temps pour prendre des décisions hâtives.
    Directement au-dessous de lui, tassés sur leurs couchettes adjacentes, Red et Wilson bavardaient. Obéissant à un élan spontané, Hearn descendit l’échelle qui menait sur le pont.
    Il adressa un signe de tête à Wilson. « Comment ça va ? » demanda-t-il. Une heure plus tôt, au milieu du rire des hommes, Wilson s’était hissé sur la rampe du canot et s’était accroupi par-dessus bord.
    « Aou, ça va pas trop mal, mon lieutenant, soupira Wilson. J’espère seulement que ça me passera avant demain, »
    Valsen renifla. « T’as rien qu’un litre de bromure te ferait pas passer. »
    Wilson secoua la tête. Un air de réflexion obscurcit soudain son visage plein de bonne humeur, un air un peu préoccupé, qui jurait avec l’expression débonnaire de ses traits. « J’espère seulement que cet imbécile de toubib s’a trompé et que j’aurai pas besoin d’une op-pér-ration.
    – Qu’est-ce qui va pas ? demanda Hearn.
    – Aou, y a que j’ai tout le dedans des tripes bousillé, mon lieutenant. C’est plein de pus là-dedans, et ce toubib a dit qu’il va me couper le ventre. » Il secoua de nouveau la tête. « J’y comprends goutte, soupira-t-il. C’est pas une fois que je l’a eue, la vérole, et ç’a toujours été rien de rien pour m’en débarrasser. »
    Le canot bondit en cognant sur une succession de vagues, et Wilson, accusant la secousse, se mordit les lèvres.
    Red alluma une cigarette. « Pour l’amour du Christ, si te crois ce que disent ces cons de toubibs… » Il se redressa pour un moment et cracha par-dessus la rampe, suivant des yeux son graillon aussitôt aspiré par l’écume du sillage. « Tout ce qu’ils savent c’est donner des pilules et faire des boniments, et quand c’est des toubibs militaires ils se foulent même pas pour envelopper leurs pilules dans un boniment. »
    Hearn rit. « Vous parlez d’expérience, Valsen ? »
    Mais Red ne répondit pas, et après un moment Wilson soupira de nouveau. « Nom de Dieu, si seulement on était pas parti aujourd’hui. C’est pas le coup de collier qui me fait peur, je me fous qu’on me fait faire ça ou autre chose, ç’a pas d’importance, mais où que ça me fait mal c’est d’être malade comme ça.
    – Diable, ça vous passera, dit Hearn d’un ton léger.
    – C’est ce que j’espère, mon lieutenant, dit Wilson en s’accompagnant d’un mouvement Tie la tête. Je suis pas un tire-au-cul, tout le monde vous dira que j’aime mieux bosser que rester sur mon ventre à crever d’ennui, mais depuis quelque temps je me sens pas bon à rien du tout à cause de cette misère, je peux plus faire comme qui dira ce que je faisais avant. » Il secoua un de ses larges doigts en direction d’Hearn, lequel regardait le poil roux-blond de son poignet miroiter dans le soleil. « C’est possible que je vas un peu mou depuis une semaine, et Croft l’a pas arrêté de m’agoniser tout le temps. Ça la fout mal quand un pote qu’a été deux ans dans la même section que vous s’imagine que t’es rien qu’un tire-au-cul.
    – T’en fais,, pas, Wilson, gouailla Red. Je m’en vas dire à ce con de pilote de faire gaffe avec les vagues. » Leur pilote faisait partie d’une compagnie de sapeurs. « Je lui dirai d’aller molo.  Une touche d’aversion se trahissait dans sa voix sarcastique.
    Hearn se rendit compte que depuis le commencement de la conversation Valsen ne lui avait pas adressé une seule parole directement. Et pourquoi Wilson lui disait il tout cela ? En guise d’alibi ? Il ne le pensait pus. La voix de Wilson lui avait paru un peu abstraite, comme si tout en parlant il n’avait pas cessé de s’expliquer quelque chose à lui-même. II fallait se rendre à l’évidence que Wilson l’ignorait, et que Valsen semblait lui en vouloir.
    Eh bien, au diable avec eux. Il n’allait pas s’imposer de force. Il s’étira, bâilla un peu. « Tenez-vous au chaud, les gars, dit-il.
    – Sûr, mon

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