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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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jurer. « Nom de Dieu vous autres, assez de rester là à vous gratter le trou du cul. » Ils le regardèrent avec ahurissement.
    « Minetta et Polack et Wyman et… Roth, allez là-bas dans les arbres et coupez-moi deux perches de six pieds environ sur deux pouces de diamètre, et rapportez-moi deux pièces de traverse de dix-huit pouces chacune.
    – Pour quoi faire ? demanda Minetta.
    – Pour quoi foutre tu crois que c’est ? Pour faire un brancard. Allez, et que ça grouille. »
    Grommelant, ils s armèrent de leurs machettes et se mirent en marche à la queue leu leù. Deux minutes plus tard on les entendit saper un arbre. Croft cracha avec dégoût. « Ces gars-là ils finissent par vous casser les couilles. » Un petit rire nerveux lui répondit. Inconscient, immobile, Wilson reposait au centre du creux. Malgré eux, ils ne le quittaient pas du regard.
    Hearn s’approcha de Croft, et après lui avoir parlé un moment il lui fit appeler Brown, Stanley et Martinez. Il était environ quatre heures de l’après-midi et la chaleur était encore vive. Craignant d’attraper un coup de soleil Croft retira les fusils de sa chemise, la secoua énergiquement, puis l’enfila. Les traces de sang qui la maculaient le firent grimacer. « Le lieutenant pense que tous les gradés doivent discuter la situation, dit-il d’un ton tranchant, comme pour notifier qu’il n’y était pour rien. Nous allons ramener Wilson sur la côte, et je crois qu’il s’agit de choisir les porteurs.
    – Combien d’hommes désignerez-vous, mon lieutenant ? » demanda Brown.
    Hearn n’y avait pas encore pensé. Combien, en effet ? Il haussa les épaules, tout en essayant de se souvenir du nombre prescrit pour l’occasion dans son manuel. « Eh, je pense que six hommes feront l’affaire », dit-il.
    Croft secoua la tête avec une brusque détermination. « Nous ne pouvons pas nous priver de six hommes, mon lieutenant. Faudra s arranger avec quatre. »
    Brown fit entendre un sifflement. « Un putain de boulot pour quatre hommes.
    – Oui, quatre hommes pas bon », dit Martinez sarcastiquement. Il savait qu’il ne ferait pas partie des porteurs, et ça le fâchait. Ses nerfs étaient encore tout tendus à la suite de l’embuscade. Il savait que Brown manœuvrerait pour se faire renvoyer avec Wilson, et que lui-même devrait rester avec la patrouille.
    Hearn intervint. « Vous avez raison, sergent, quatre hommes c’est tout ce que nous pouvons économiser sur nos forces. » Sa voix était égale, énergique, comme s’il les avait commandés depuis un long temps. « On ne sait jamais quand quelqu’un ramassera une bûche, et il nous faudrait alors d’autres porteurs. »
    C’était une chose à ne pas dire. Leur mine s’allongea, leurs lèvres se durcirent. « Cré nom de Dieu, explosa Brown, on a eu de la veine dans cette campagne jusqu’à maintenant. A part Hennessey et Toalio… Pourquoi foutre qu’il fallait que ça soit Wilson ? »
    Martinez se frotta le bout des doigts, le regard baissé. « Son numéro », dit-il, écrasant un moustique sur son cou.
    « Après tout c’est possible de le ramener à quatre, dit Brown. Vous allez envoyer un gradé avec, pas, mon lieutenant ? »
    Hearn ignorait la manière de procéder, mais il n’y avait pas lieu d’afficher son ignorance. « Je pense que l’un de vous pourra l’accompagner. »
    Brown voulait en être. Bien qu’il eût réussi à ne pas se trahir, il s’était littéralement décomposé là-haut, derrière le rempart de pierre. « Je pense que c’est le tour de Martinez de rentrer », dit-il toutefois, non sans astuce car il savait que Croft voudrait garder Martinez. Cependant, d’un autre côté, il essayait d’être équitable.
    « J’ai besoin de Mange-Japonais, dit Croft sèchement. Je crois que ça sera toi, Brown. » Hearn approuva du chef.
    « Comme vous déciderez », dit Brown. Il se frotta la main sur ses cheveux bruns coupés ras, tripota un ulcère des tropiques sur son menton. Il se sentait vaguement coupable. « Qui est-ce que je prends avec moi ? »
    Croft réfléchit. « Si c’est Ridges et Goldstein, mon lieutenant ?
    – Vous connaissez les hommes mieux que moi.
    – Eh bien, ils valent foutre pas cher mais ils sont costauds, et si tu les pousses un coup, Brown, ils rouscailleront pas trop. Ils ont bien marché quand on a ramené Wilson d’où ce qu’il a été blessé. » Il les regarda,

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