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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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bien pépères derrière ce nom de Dieu de rocher. Pouviez même pas sortir vos têtes de con pour voir si y avait quelqu’un d’amoché, non ?
    – Qu’est-ce que tu nous dégobilles là, Red ? Si on était pas là pour vous couvrir, vous seriez tous crevés à cette heure.
    – Aaah, mes balles, bande de froussards qui se cachent derrière ce rocher.
    – Va te faire foutre, Red. »
    Red se frappait le front. « Doux Jésus, Wilson, de tous les gars fallait que ça soye juste lui. »
    Gallagher allait et venait, lui aussi se frappant le front. « Comment foutre qu’on l’a perdu ? demandait-il. Où ce qu’il est ?.
    – Assieds-toi, Gallagher, cria Stanley.
    – Ta gueule.
    – La fermez, vous tous, aboya Croft. T’as de nom de Dieu de femmelettes. » Il se leva. « Il me faut quelques hommes pour aller voir si on, retrouve Wilson, Qui veut venir ? » Red dit qu’il venait et Gallagher fit entendre d’un signe qu’il en était.
    Les autres gardèrent un bref silence. « Crotte, je peux aussi bien y aller, annonça Ridges,
    – J’en veux un de plus.
    – Moi j’irai, dit Brown.
    – Je prends pas de gradés. Le lieutenant en aura besoin avec lui. »
    Il les regarda à tour de rôle. « Je ne devrais pas m’exposer, se dit Goldstein. Que ferait Natalie s’il m’arriverait quelque chose ? » Mais, personne ne s’étant offert, il se sentit coupable. « Moi aussi j’irai, dit-il brusquement.
    – Bon. Nous laisserons nos sacs ici, des fois qu’il faudra faire vite. »
    Chacun s’empara de son fusil et ils sortirent du creux, prenant la direction du champ où ils furent embusqués, ils marchaient en silence, se suivant à la file, séparés les uns des autres par une dizaine de mètres. Le soleil qui s’en allait vers l’ouest frappait leurs yeux. Il leur en coûtait maintenant d’avoir consenti à cette corvée.
    Ils suivirent le chemin qu’ils avaient pris dans leur retraite, d’un pas rapide, n’essayant de se camoufler que s’ils avaient une crête à traverser. Le terrain était parsemé d’îlots d’arbres et d’arbustes, mais ils ne les examinaient que superficiellement. Croft était certain que Wilson avait été blessé dans l’embuscade et qu’il n’avait pas quitté le champ.
    Il leur fallut moins d’une demi-heure pour atteindre le rempart. Ils s’en approchèrent à pas de loup, courbés en deux. L’endroit paraissait désert et tout à fait silencieux. Croft se hissa sur le rempart de pierre, leva lentement la tête, parcourut le champ du regard. Il n’y vit rien, et à l’autre bout, dans le bouquet de verdure, tout semblait paisible.
    « Nom de Dieu, nom’de Dieu de fils de pute de ventre. »
    Les hommes se raidirent au bruit. Quelqu’un à dix ou vingt mètres de là, poussait des gémissements. « Nom de Diêu, ohhhhhhhh. »
    Croft fouilla l’herbe du regard. « Ohhhh, putain de mère de… » La voix expira dans un bégaiement de jurons.
    Croft se laissa glisser du rocher et rejoignit son équipe qui l’attendait nerveusement le fusil à la main. « Je crois que c’est Wilson. Allons-y. » Il prit sur sa gauche, se hissa de nouveau sur le plat et large rebord du rempart, et se laissa tomber dans l’herbe. Au bout de quelques secondes il découvrit Wilson. Il le retourna avec précaution. « Il est blessé, et comment », dit-il. Il le regardait avec un soupçon de pitié où se mêlait une trace d’écœurement. « Si un homme est blessé c’est foutrement sa faute », pensa-t-il.
    Ils s’agenouillèrent autour de Wilson, attentifs à se faire camoufler par l’herbe. Wilson avait dé nouveau perdu connaissance. « Comment ferons-nous pour le ramener ? demanda Goldstein dans un souffle.
    – Ça me regarde », grommela Croft de sa voix froide. Quelque chose d’autre le préoccupait pour l’instant. Wilson avait gémi à haute voix, et les Japonais, s’ils étaient encore à l’entrée du col, l’auraient certainement entendu. Comme ils ne se seraient pas fait faute de venir l’achever, il devenait évident qu’eux aussi s’étaient retirés. Leur feu, trop sporadique, trop peu nourri, indiquait que leurs forces n’excédaient pas une escouade. C’était sans doute un avant-poste qui avait des ordres de se replier dès la première alerte.
    L’entrée du col, par conséquent, n’était plus gardée. II se demandait s’il ne devrait pas laisser Wilson et pousser une reconnaissance avec ses hommes.

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