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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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vois ce que je veux dire. Ta propre sœur – ça te fiche un coup, va.
    Dans les bars, dans les compartiments pour fumeurs, au vestiaire du club de golf, on parle de Patty Brown.
    Je te jure, Bev, si jamais je te pince à faire une chose comme ça je te tue, que Dieu me juge je te tuerai.
    Chéri, tu peux avoir confiance en moi, dit-elle, le c u ni battant à cause du soudain jaillissement de passion qu’elle devine chez son mari.
    Je me sens bougrement vieilli, Bev.
    Au dix-huitième trou il évalue la pelouse d’arrivée et se prépare pour le coup roulé. C’est un coup de cinq pieds et il devrait le réussir, mais tout soudain il réalisel qu’il le manquera. Ses mains épousent gauchement le manche du club et la balle est trop courte d’un pied.
    Manqué de nouveau, fils, dit M. Cranborn.
    Je ne suis pas dans mon bon jour, je crois. Nous pourrions aussi bien gagner le vestiaire. Il garde encore une sensation de gaucherie dans ses mains. Ils marchent lentement. Venez à Louisville, fils, et je me ferai le plaisir de vous emmener à mon club, dit M. Cranborn.
    Je pourrais vous prendre au mot, monsieur.
    Tandis qu’ils se douchent, M. Cranborn chante – Quand tu portais une tulipe et que je portais un…
    Que fait-on ce soir, fils ?
    On fera la ville, monsieur Cranborn. N’ayez crainte, je vous mènerai dans les bons endroits.
    J’ai entendu dire pas mal de choses à propos de cette ville.
    Oui, monsieur, la plupart de ce qu’on en dit est vrai. (L’impudique ricanement dans la douche adjacente.)
    Dans la boîte de nuit ils parlent affaires. Toutes les fois qu’il s’appuie au dossier de sa chaise, les feuilles du palmier dans son dos lui chatouillent le cou ; aussi se tient-il penché en avant, respirant la fumée du cigare de M. Cranborn. Eh bien, monsieur, il faut que vous songiez que nous avons droit à un petit profit, je veux dire qu’après tout c’est ce qui fait tourner rond la roue des affaires, et vous ne voudriez pas nous voir travailler pour rien, pas plus que vous-même vous n’aimeriez travailler pour les yeux de la princesse. Ça ne s’appellerait pas faire des affaires, n’est-ce pas ? Son cinquième verre est presque vide, et ses mâchoires se bloquent spongieusement. La cigarette est un peu drôle sur ses lèvres. (Faut que je boive moins.)
    Un bon point, fils, un bon point, mais il y a encore le problème de faire quelque chose meilleur marché que le voisin d’en face et ça aussi c’est des affaires, la concurrence. Vous courez votre gibier, moi je cours le mien, et c’est comme ça que les choses tournent.
    Oui monsieur, je vois ce que vous voulez dire,’l’ont < ; n, pendant un moment, menace de pirouetter et de pirouetter dans sa tête, et il a envie de se jeter dehors, de respirer un peu d’air. Examinons ça d’un autre point de vue.
    Qui est cette blonde qui chante, Brown ? Connaissez ça ?
    (Il ne la connaît pas.) Eh bien oui, monsieur, mais, franchement, vous ne voudriez pas la connaître. Elle a roulé un peu trop et, oui, franchement, des docteurs s’en sont mêlés. Mais je connais un endroit, monsieur, discret, respectable.
    La fille du vestiaire peut l’entendre, qui téléphone. Il s’appuie contre le mur pour éviter de se coucher la face la première contre le téléphone, La ligne est occupée, et pendant un instant il a envie de pleurer.
    Hello, Eloïse ? dit-il. La voix de la femme crachote à l’autre bout du fil.
    C’est plus rigolo d’être en ribote avec ses collègues de la boîte où il travaille.
    Je te le dis j’ai jamais rien vu de pareil, saisir une pièce d’un demi-dollar comme rien du tout, non mais elle l’a tout simplement attrapée sur le rebord de la table. Si je l’avais pas vu de mes yeux, j’aurais dit qu’il faut aller à Paris ou dans un bordel nègre pour y croire.
    Faut de tout pour faire un monde.
    Oui, c’est ce que je me dis, y a des tas de choses qui fricotent derrière la tête des gens et on s’en doute même pas.
    Qu’est-ce que tu crois qui fricote derrière la tête du patron ?
    Eh, on parle pas boutique ce soir, c’est entendu une fois pour toutes. Allez, une nouvelle tournée.
    Ils vident leurs verres, et c’est une nouvelle tournée.
    Je m’en vais vous dire quelque chose les amis, fait Brown, les gens croient que les représentants de commerce se la coulent douce, mais par Dieu la vérité vraie c’est qu’on bosse aussi dur que n’importe qui. Pas que j’ai

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