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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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raison ?’
    Personne bosse comme nous.
    Exactement. Bon, maintenant avant que j’aie été recalé au collège, et je veux que vous sachiez que j’ai été, recalé au collège parce que je pense qu’on est un sacré imbécile si on a de la fausse présomption et puis je suis pas de ceux qui la font à l’épate. Je suis simple comme une vieille godasse et je le dis droit à la face des gens.
    Brown, t’es un brave vieux fils de garce.
    Bon, ça je suis Content de te l’entendre dire, Jennings, parce que je sais que tu le penses, et c’est quelque chose. On se crève le derrière à bosser alors on veut avoir e vrais copains, des gens qui vous font confiance et qui vous aiment, parce que si on a pas ça, à quoi bon se crever ?
    C’est exactement ça.
    J’ai plutôt de la chance, je dirai ça dans les yeux de n’importe qui, mais bien sûr j’ai aussi mes crampes, qui n’en a pas, mais on s’est pas réunis ici ce soir pour gémir, pas que non ? Je vais vous dire les gars, j’ai une femme qu’est belle, là, c’est la vérité ça.
    Un de la bande part d’un gros rire. Brown, moi aussi j’ai une femme qu’est belle, mais je te jure, une fois que t’a été marié deux ans ta femme peut aussi bien ressembler à un chien galeux pour tout le bien que ça te fait.
    Je suis pas tout à fait d’accord, Freeman, mais il y a quelque chose dans ce que tu dis. Il sent ses mots s’égoutter de sa bouche et se perdre dans la babel des conversations et le bruit des verres entrechoqués.
    Allez, venez qu’on aille chez Eloïse.
    Et l’inévitable retour.
    Freeman, t’as dit quelque chose tout à l’heure qui m’a donné un coup pour ainsi dire, mais je veux que tu saches que ma femme est belle et qu’on en fait pas souvent des comme elle. Je pense que c’est un nom de Dieu de honte ce que nous faisons, baisant à gauche à droite Dieu sait quoi puis rentrant chez nous avec nos femmes, c’est une belle saloperie voilà ce que je dis. Quand je songe à elle puis à ce que je fais, j’ai rudement honte de moi-même.
    C’est une belle saloperie.
    Exactement. On s’attendrait qu’on ait un peu. de bon sens, mais la sale vérité c’est qu’on va baisant à gauche et à droite et buvant et…
    Et se payant du sacré bon temps.
    Du sacré bon temps, répète Brown. C’est exactement ce que j’allais dire, Jennings, et tu me l’as ôté de la bouche. Il titube, s’assied sur le pavé.
    Belle saloperie.
    Il se réveille sur son lit, avec Beverly qui le déshabille. Je sais ce que tu vas dire, mon chou, marmonne-t-il, mais j’ai des crampes, t’arrêtes pas de pousser sur la roue, t’essaies de joindre les deux bouts, t’essaies d’en faire plus et plus parce que c’est ce qui te fait marcher, et ça prend un long temps, c’est, c’est une vie difficile comme dit le pasteur.
    Et le matin, massant sa tête endolorie, examinant un
    devis, il se demande ce que Beverly a fait la nuit précédente,
    (Le clignement malicieux de l’œil, la drôle expression d’angoisse de ceux qui ont pris part à la virée. A dix heures Freeman vient le retrouver au lavabo.)
    Oh ! quelle gueule de bois j’ai.
    Je me sens pas sur. mes jambes aujourd’hui, dit Brown. Pourquoi peste faisons-nous ça ?
    Pour se tirer de l’ornière, je suppose.
    Oui. Oh ! nom de Dieu !
    Cette même nuit, de l’autre côté de la chaîne des montagnes, Cummings faisait le tour de ses positions. L’attaque progressait favorablement depuis un jour et demi, et ses compagnies en ligne s’étaient avancées d’un quart à un demi-mille. La division était de nouveau en mouvement, d’une façon plus réussie qu’il n’avait espéré, et le long mois d’inactivité et de stagnation semblait fini. La compagnie F avait établi contact avec la Ligne Toyaku, et selon le dernier rapport reçu par Cummings une section renforcée de la compagnie E avait capturé dans l’après-midi un bivouac japonais sur le flanc de la compagnie F. Dans les quelques jours à venir son offensive oscillerait sous les contre-attaques de l’ennemi, mais s’ils tenaient – et il allait veiller à cela –  la Ligne Toyaku pourrait être défoncée au bout d’une quinzaine.
    Au fond, cette avance le surprenait un peu. Il avait préparé son offensive pendant plus d’un mois, accumulé vivres et approvisionnements, révisé ses plans de bataille jour après jour tout au long des semaines qui suivirent l’infructueuse attaque japonaise sur la

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