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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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suis content de te l’entendre dire, Willie. Je ne prétends pas que j’ai jamais essayé de t’influencer, mais il me serait difficile de demander rien de mieux,
    J’aime vraiment la mécanique.
    Je l’ai remarqué, fils. (La pause.) C’est l’aviation qui t’intéresse ?
    Je crois que ça sera ma spécialité.
    Oui, fils, je crois que c’est un bon choix. Une branche d’avenir. Il lui assène une tape sur l’épaule. Je voudrais cependant mentionner une chose, Willie. J’ai remarqué que tu te montres un peu suffisant, rien de spécial à vrai dire et tu gardes tes manières à la maison, mais ça n’est pas de bonne politique. Il est parfaitement légitime de se dire qu’on est plus capable que son voisin, mais c’est une faute de le lui faire entendre.
    J’y ai jamais pensé. Il secoue la tête. Ecoute, papa, c’est rien de sérieux. Je ferai attention à partir de maintenant. (Une intuition.) Tu m’as réellement appris quelque chose là.
    Le père rit sous cape, plutôt content. Sûr, Willie, ton vieux est encore capable de t’apprendre une chose ou deux.
    T’es un brave type, papa. L’atmosphère est chaleureuse entre eux. Il se sent mûrir, devenir l’égal de son père, prêt à lui parler en ami.
    Cet été il travaille au cinéma Crown comme ouvreur. C’est un travail plaisant. Il connaît au moins la moitié du public qui y vient, et tout en guidant les gens vers leur siège il échange quelques mots avec chacun. (Bonne idée d’être ami avec tout le monde ; on ne suit jamais quand on aura un service à demander à quelqu’un.)
    En vérité, les seuls moments ennuyeux sont ceux de l’après-midi, quand la salle est presque déserte. Il y a généralement quelque fille avec qui on peut causer, mais depuis qu’il a rompu avec son flirt les filles ne l’intéressent pas. Je veux pas de clochette au cou, gouaille-t-il.
    Un jour, cependant, il fait la connaissance de Beverly. (La svelte jeune fille dans la travée de gauche, yeux noirs, cheveux noirs, la bouche rouge et excitante peinte sur ses lèvres.) Comment t’as aimé le film, Gloria ? demande-t-il à l’autre jeune fille.
    Je crois que c’est un film bien triste.
    Oui, c’est terrible. Hello. (A Beverly.)
    Hello, Willie.
    Il sourit platement. Vous me connaissez ?
    Oh ! j’étais dans la classe au-dessous, à l’école. Puis je me souviens que vous étiez chef de claque.
    Les présentations, les brillants propos. Se rengorgeant de plaisir. Alors vous me connaissiez, hein ?
    Tout le monde vous connaît.
    Oui, pas vrai que c’est formidable ? Ils rient.
    Avant son départ il a pris rendez-vous avec elle.
    Les chaudes nuits d’été, la langueur des arbres, le levain dans la terre. Ils gagnent dans sa voiture le parc qui se trouve au sommet d une colline, sur la route nationale, en dehors de la ville. Ils se roulent et se tortillent dans la voiture, se cognent les genoux et le dos contre le levier de changement de vitesse, le volant, la poignée des portières.
    Aou minou, je ferai rien du tout si tu veux pas, mais prête-toi.
    Non, je ne veux pas, il vaut mieux pas.
    Dieu, je t’aime, Beverly.
    Moi aussi, Willie. (La radio de la voiture joue quand il pleut, quand il pleut… des sous du ciel. Ses cheveux ont a pure odeur des racines et son téton est délicatement parfumé contre la bouche de Willie. Il la sent qui se crispe dans ses bras, qui sanglote-palpite.)
    Oh ! petite.
    Je ne peux pas, Willie, je t’aime tellement s’il te plaît je ne peux pas.
    Je voudrais qu’on soit mariés.
    Oh ! moi aussi. (Fouillant dans ses cheveux avec sa bouche.) Ohhh.
    Les analyses : ça y est, Willie, tu l’as culbutée ?
    Je suis arrivé à l’avant-dernière étape, je la culbuterai, tu verras. Oh ! quelle môme.
    Qu’est-ce qu’elle faisait ?
    Elle gémissait. Doux Jésus, je l’ai dans la peau, je l’ai fait gémir.
    Eh ! à quoi bon si elles se laissent pas fignoler.
    Folklore : si elle baise pas c’est une frigide ; si elle baise c’est une putain.
    Je la culbuterai, tu verras. Oublie pas qu’elle est pucelle. (Au fond de tout ça un furtif remords – je t’aime, Beverly.)
    Propos sérieux : Tu sais, j’ai rêvé à toi hier, Willie.
    Moi aussi. Tu sais, ce film que nous avons vu l’autre jour, Captain Blood, eh bien Olivia de Havilland te ressemblait. (Identification avec l’écran dans la caverne noire. Son amour est parfait comme le leur.)
    Tu es si doux. (Ineffable attraction pour la jeune

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