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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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fille qui joue les mères. La courbe rouge de ses lèvres.) Si tu n’étais pas si doux, je ne me serais pas… laissée aller si loin. Tu n’as pas une mauvaise opinion de moi ?
    Non. (Plaisantant.) J’en aurais une meilleure si… tu sais quoi.
    O-oh, maman sait mieux. (Silence, la tête de Beverly sur son épaule.) Ça me fait drôle quand je pense à nous.
    Moi aussi.
    Est-ce que tu crois que tout le monde est comme nous ? Je me demande si Madge caresse comme moi, elle n’arrête pas de pouffer quand j’essaie de la cuisiner. (Avant-goût de la femme pratique.) Il y a quelque chose de louche là-dedans, (La vierge de nouveau.) Ça ne te fait pas drôle quand tu te mets à penser à ces choses ?
    Oui, tout ça c’est très… drôle. (Mais dit avec de la profondeur.)
    Je me sens bien plus mûre depuis que je te connais, Willie.
    Je sais ce que tu veux dire. C’est rudement bon de causer avec toi. (Elle a tant de vertus ; elle est douce au toucher, et sa bouche l’excite tellement, et elle danse bien, et elle est agréable à voir dans son maillot de bain, et en plus elle est intelligente. Il peut lui parler. Personne ne possède tout ça comme elle. Il resplendit de toute l’estime qu’elle lui inspire.) Oh ! Beverly.
    Au collège d’Etat il est admis dans une bonne confrérie, mais il est vaguement désappointé parce que les rites d’initiation sont interdits. (Il se voit, avec le temps, présidant aux cérémonies.) Mais ça va. Il apprend :) fumer la pipe, il s’initie aux récompenses de la vie de collège. Frère Brown, récipiendaire bien estimé de la confrérie des Tau Tau Epsilon, nous allons présider aux rites de circoncision. En langage vulgaire, vous allez perdre votre pucelage.
    Le bordel est cher où fréquentent les collégiens. Il est suffisamment ivre pour s’acquitter sans trop d’angoisse. Plus tard, dans la cour de l’école, il chante Une Fois de Temps à Autre… Ouhiiiii-hooooooooh. Une fois de temps à autre, t’as pigé petit pote.
    Silence.
    T’es un brave fils de garce. (Un thème nouveau.)
    Il ne songe jamais à musarder, il est plein des meilleures intentions du monde, mais les rédacs, la trigo, la physique, etc. etc., sont un peu moins folichonnes qu’il ne s’était imaginé. Il essaie d’étudier, mais il y a mieux à faire. On a envie de prendre un peu d’air quand on a moisi tout un après-midi au labo.
    Fascination de siroter une bière dans la taverne du cru, de se lancer dans de longues et profondes conversations. J’ai une copine, Gert, je te dis qu’elle est unique. Elle est belle, regarde sa photo. C’est une sacrée honte de me débaucher comme ça, de la tromper, et de lui écrire des lettres pleines de mamours.
    Eh, bougre, si tu crois qu’elle se prive là-bas.
    Dis pas ça ou je me fâche. Elle est tout ce qu’y a de plus pur.
    Ça va, ça va, disons que c’est mon point de vue. Ce qu’elle ignore lui fera pas de mal.
    Il y réfléchit, puis se mit à rire. Pour te dire la vérité, c’est aussi mon point de vue. Buvons un coup.
    J’aimerais vous dire, les gars, (légèrement soûl) ce que tout ce sacré bataclan signifiera pour nous dans quelques années. On apprend des choses par cœur, c’est un fait. Y a pas, ça va j’ai dit y a pas bien que j’aille au collège, mais merde je cause comme les gens de chez vous, y a pas un seul d’entre nous que j’oublierai jamais, c’est vrai de vrai parole de lesbienne.
    Qu’est-ce que tu nous dégobilles là, Brown ?
    Je veux être pendu si je sais. (Rires.) Au diable les examens de physique demain. J’ai le sang qui me pète les veines.
    Amen.
    En juin, après avoir été recalé, il est difficile de se présenter devant son père, mais il rentre chez lui avec des résolutions.
    Ecoute, papa, je sais que je t’ai terriblement déçu, et c’est une sacrée honte après tous les sacrifices que tu as faits pour moi, mais je pense pas que je suis fait pour ce genre de travail. J’ai pas l’intention de m’excuser en disant que je suis pas assez intelligent parce que je crois que je suis aussi à la hauteur que n’importe qui de mon âge, mais je suis un type qui a besoin de mordre dans du solide. Je crois que je suis fait pour le commerce ou quelque chose comme ça. J’aime me mêler au monde.
    (Le long soupir.) Peut-être, peut-être. Pas la peine de pleurer sur le lait répandu, voilà ma devise. J’en parlerai à quelques-uns de mes amis.
    Il trouve du travail dans une

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