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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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de Gallagher. Ce jour-là, la chaleur avait été insupportable, plus étouffante que la veille et l’avant-veille, et Red se sentait de mauvaise humeur. Comme tous les jours, celui-ci s’était passé à trimer sur la route.
    Vautrés sous leur tente, Gallagher et Wilson fumaient en silence. « Qu’est-ce que te racontes de bon ? » fit Wilson d’une voix traînante.
    Red s’épongea le front. « Ce gars de Wyman ! C’était déjà bien moche de pioncer avec un enfant de chœur comme Toglio, mais ce Wyman alors… » Il renifla. « Bientôt ils vont nous les expédier avec une. sucette dans la bouche.
    – Voui, la section est comme qui dirait à l’envers depuis qu’on a reçu ces bouche-trous », se plaignit Wilson. Il soupira, tout en s’essuyant le menton dans la manche de sa chemise de travail. « Le temps se prépare à nous jouer un tour, dit-il doucement.
    – Encore cette merde de pluie », dit Gallagher.
    Des nuages couleur d’ardoise balayaient le ciel à l’est et s’accumulaient au nord et au sud. Lourd, flasque, moite, l’air ne bougeait pas. Même les cocotiers semblaient enflés et sans vie, leur feuillage languidement pendu au-dessus de la terre craquelée du bivouac.
    « La flotte va emporter les chemins de rondins », dit Gallagher. Red regarda avec déplaisir le bivouac. Les tentes semblaient s’affaisser, elles avaient un aspect sombre et morne malgré le soleil qui brillait encore d’un lourd éclat jaune du côté du couchant.
    « Le principal c’est qu’on se mouille pas la queue », dit-il.
    Il hésita s’il devait retourner à sa tente et creuser un peu la tranchée d’écoulement qui entourait son abri car elle avait presque débordé sous l’averse de la veille, mais il décida avec un haussement d’épaules qu’il était temps pour Wyman d’apprendre à se débrouiller tout seul. Il s’accroupit et se laissa aller dans la niche où reposaient Wilson et Gallagher. Cette niche avait deux pieds de profondeur et à peu près la dimension d’un lit pour deux personnes. Wilson et Gallagher y dormaient côte à côte, sur une double couverture. Par-dessus une faîtière de bambou fixée sur des montants ils avaient fait passer leurs deux toiles imperméables dont les bords tenaient au sol avec des piquets. Il était possible de s’agenouiller là-dessous sans cogner sa tête contre la faîtière, mais même un enfant de huit ans n’aurait pas pu s’y tenir debout. De l’extérieur, l’abri paraissait n’avoir pas plus de deux pieds de haut. Cet agencement était typique pour l’ensemble des tentes dans le bivouac.
    Red s’allongea entre Wilson et Gallagher, regardant un triangle de ciel et de jungle qu’encadrait l’entrée de la tente. Les deux hommes avaient fait leur niche à la mesure de leur taille, et les longues jambes de Red pendillaient au-dessus de la tranchée d’écoulement. Quand le vent rabattait la pluie vers l’abri, c’est dans cette tranchée, située au-dessous du niveau de la niche, qu’elle s’accumulait. En ce moment le caniveau était encore fangeux de la veille.
    « Vous autres les gars, la prochaine fois que vous creusez votre trou, faites qu’y a moyen de s’y allonger, dit-il avec un rire bruyant.
    – Vous autres les gars, si ça vous plaît pas, avez qu’à foutre le camp, grinça Gallagher.
    – C’est ta bonne hospitalité de Boston, dit Red.
    – Tu parles qu’on a pas de place pour des vagabonds qui viennent nous emmerder », repartit méchamment Gallagher. Les grumeaux pourprés de son visage semblaient enflés et putrescents dans la morne lumière.
    Wilson fit entendre son petit rire bêta. « Je dis que la seule chose qu’y a de pire qu’iin sacré yankee, c’est un gars de Boston. v
    – C’est une ville où qu’on te laissera même pas entrer vu qu’il faut porter des godasses là-bas », aboya Gallagher. Il alluma une cigarette et se coucha sur le ventre. « Faut savoir lire et écrire, si que tu veux venir dans le nord. »
    Wilson se sentit un peu vexé. « Te sais, dit-il, je peux peut-être pas bien lire tout ce qu’y a d’écrit, mais y a pas une chose que je ferais pas quand je m’y mets. » Il pensait à la fois où Willy Perkins avait acheté la première machine à laver qu’on ait encore vue dans la localité, et quand cette laveuse tomba en panne c’est lui qui la démonta pièce à pièce pour la réparer. « Y a pas une chose que je réparerais pas, si c’est

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