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Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Titel: Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre De Lacretelle
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à Mme Des Roys, ancienne sous-gouvernante des ci-devant princes d'Orléans.
    Lyon, 7 déc. 1791 (s. l. n. d., mais Lyon, 1791).
Dans cette brochure extrêmement rare, Laurent s'efforçait d'abord d'attirer à sa cousine des ennuis que son ancienne situation pouvait rendre graves, mais il l'accusait surtout d'avoir capté l'héritage de sa grand'mère, morte en 1773, et d'avoir pris un grand empire sur son père. Il terminait ainsi : «Maintenant, permettez-moi de vous offrir la paix ou la guerre, mais surtout point de neutralité, point de tergiversation. Une réponse claire et nette, s'il vous plaît. Si c'est la guerre, je la ferai courageusement et de mon mieux ; si vous préférez la paix, sacrifiez-moi mes ennemis, agissons de concert, et nous nous en trouverons bien l'un et l'autre. Vous avez su prendre un grand crédit sur l'esprit de mes parents : j'ai dans mes mains de quoi vous démasquer à leurs yeux ; je ne le ferai pas si vous voulez employer ce crédit à me servir.»
Cette publique tentative d'intimidation se perdit dans la tourmente de 1792 qui engloutit la fortune colossale des Grimod. Mais les Des Roys aussi bien que les Lamartine cessèrent dès lors et pour jamais toute relation avec leur cousin, qui n'est pas nommé une fois dans le Journal intime ; on sait que depuis 1780 ses excentricités et son mauvais renom l'avaient rendu intolérable à tous ses parents, et que seul il était responsable d'un état de choses où Mme Des Roys n'était pour rien (cf. Desnoiresterres).]. Celle-ci s'en vengea comme elle put, et l'on sent, à lire ses Mémoires rédigés plus de quarante ans après, que sa haine n'était point encore éteinte. En 1781, en effet, elle fut nommée gouverneur des princes au grand scandale de la cour et, rapportant avec orgueil les souvenirs de ce temps, elle s'exprime ainsi sur le compte de celle qui l'avait précédée auprès du duc de Valois :
    «J'ai le droit, dit-elle, de ne pas estimer certaines personnes, parce qu'elles ont été d'une très noire ingratitude envers moi ; telle, par exemple, Mme Desrois», et plus loin, à la fin d'une conversation avec ses élèves : «Il m'a paru que vous étiez très froids pour Mme Desrois ; vous lui parlez à peine. Vous ne lui montrez aucune amitié, vous ne demandez jamais de ses nouvelles ; cela est mal et ridicule.» Puis, elle ajoute ingénument : «Ils avaient cette froideur pour elle parce qu'elle s'était brouillée publiquement avec moi, sans motifs et sans explication, quoique je lui eusse rendu de très grands services auprès de M. le duc d'Orléans».
En 1820, même, elle reporta sur Lamartine toute la haine qu'elle avait vouée à sa grand'mère ; devenue intransigeante sur le tard, elle s'était découvert un amour imprévu de vertus qu'elle avait pourtant peu pratiquées : malgré la respectueuse dédicace que le poète avait inscrite sur l'exemplaire des Méditations qu'il lui fit parvenir, elle en rédigea dans l'Intrépide un compte rendu perfide et malveillant, où elle ne se fit pas faute de répéter tout le mal qu'elle pensait, sinon de l'œuvre, tout au moins de la famille de l'auteur.
Le titre lui paraît impropre, car «la méditation doit être paisible et profonde» ; or elle a relevé des morceaux tels que l'Enthousiasme et la Gloire, qui sont au contraire «d'une inspiration soudaine, d'une exaltation remplie de désordre et de feu» ; les souvenirs d'amour sont des rêveries et non des méditations ; enfin le Désespoir, «impulsion coupable et forcenée», ne saurait non plus être une méditation.
Puis, elle entre dans le vif de l'œuvre où le mélange d'un amour profane et de scènes religieuses lui semble d'abord tout à fait déplacé, «car il n'est ni vraisemblable ni d'un goût sévère de passer sans transition de l'exaltation de la piété au souvenir de sa maîtresse» ; «Reste d'âme» la choque ; le vers :
    Et ces vieux panthéons peuplés de dieux nouveaux est une expression «d'athée», qu'elle souhaite de voir corrigée dans la prochaine édition ; «fenêtre» est un mot familier et «déplacé dans le genre noble» ; les vers :
Des théâtres croulants dont les frontons superbes
Dorment dans la poussière ou rampent dans les herbes
lui suggèrent la même réflexion «parce qu'au pluriel, herbe rappelle l'usage journalier qu'on en fait dans la cuisine». Pour terminer, elle accable le jeune homme de bons avis, lui conseillant de ne pas se laisser aller au

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