Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812
face sur ladite rue.
80 pieds en petite cour.
En partie un seul étage, partie deux étages. Sans locataires, ni magasins, etc.
Contenance totale : une coupée et demie ou trois toises.
Propriétaire M. L.-Fr. de La Martine, marié, ayant six enfants dont cinq à sa charge.
Domestiques mâles, 4.
Domestiques femelles, 3.
Chevaux de carosse, 2.
Maison par luy occupée sur les remparts [hôtel de la rue de Senécé], façade 60 pieds.
3 980 pieds superficiels pour la maison.
1 020 pieds pour les écuries qui ont 30 pieds de face environ.
1 230 pieds en cour.
Les deux tiers à deux étages, l'autre tiers à un étage. Sans aucun locataire, boutique ni magasin.]. Or, si le chevalier demeurait en décembre 1790 rue des Ursulines, il est fort probable qu'il y habitait déjà en octobre et qu'il avait reçu à son mariage la jouissance de cet immeuble jusqu'à la mort de son père, quoique son contrat n'en fasse pas mention. Il semble donc acquis que Lamartine vint au monde, non pas dans l'hôtel de la rue Bauderon-de-Senecé, mais dans la petite maison de la rue des Ursulines.
À sa naissance, l'enfant était d'une constitution délicate qui donna, paraît-il, des inquiétudes à sa famille. Il a raconté plus tard comment sa mère, pour le changer d'air, alla passer avec lui l'été de 1791 à Lausanne. Nous n'avons sur ce séjour que son seul témoignage et le Journal intime n'en rappelle aucun souvenir. Pourtant, il demeure très vraisemblable, car la plupart des familles du pays profitaient souvent de l'été pour se rendre en Suisse dont la frontière n'était éloignée que de quelques journées.
Quant aux détails abondants et pittoresques dont il a nourri son récit, nous sommes obligés de lui en faire crédit : à l'en croire, une intimité très grande existait entre les Lamartine et le vieil historien anglais Gibbon que Mlle Des Roys aurait connu dans sa jeunesse au Palais-Royal ; une haie de jasmin séparait seule les deux jardins et, dira-t-il, en parlant de Gibbon, «ses genoux étaient devenus mon berceau [M. H. Remsen Whitehouse, un érudit américain à qui rien de ce qui touche Lamartine n'est étranger, a bien voulu se charger pour nous d'obligeantes recherches à Lausanne, mais qui sont restées vaines. On en trouvera le détail sous sa signature dans la revue l'Écho des Alpes de septembre 1908.]».
Mais si l'historien était bien à Lausanne en 1791—il y séjourna de 1784 à 1797,—le journal de Mary Holroyd fille de lord Scheffield, qui fut son hôte de juin à octobre de la même année, ne mentionne nullement les Lamartine dans la liste très détaillée qu'elle donne des habitués de la Grotte ; la Correspondance et l'Autobiographie de Gibbon sont tout aussi muettes sur ce point. Enfin il est assez difficile d'admettre qu'il ait connu Mlle Des Roys au Palais-Royal : il fut bien un assidu de la petite cour du duc d'Orléans, mais il quitta définitivement Paris en 1784. À cette date, la jeune fille avait quatorze ans et n'était qu'une enfant. Quoi qu'il en soit, sans mettre en doute ce voyage à Lausanne, il est certain qu'il fut très court. Mme de Lamartine était en effet en novembre de retour à Mâcon, pour ses couches, et sa présence nous y est attestée par l'acte de baptême de son second fils Félix, mort deux ans plus tard [Le petit Félix fut le second des enfants de Pierre de Lamartine. Il mourut à Mâcon à l'âge de deux ans et demi. Le Journal intime ne fait jamais mention de ce fils, dont Lamartine n'ignorait pas l'existence ; en effet, alors que dans le Journal intime on lit, à la date du 11 juin 1801 : «J'en ai déjà cinq actuellement [enfants], quatre filles et un fils», il ajouta dans sa version du Manuscrit de ma mère : «après en avoir perdu un».
En réalité, Mme de Lamartine eut neuf enfants : deux fils, Alphonse et Félix, et six filles, Mélanie, Célenie (mortes toutes deux à quelques mois), Cécile, Césarine, Eugénie, Sophie et Suzanne.].
C'est à cette époque que la situation commença à devenir difficile pour les Lamartine : la royauté étant en péril, le chevalier fit aussitôt son devoir de soldat et de gentilhomme, et ce fut le premier signal de la dispersion du foyer.
Bien que démissionnaire le 1er mai 1791 pour n'avoir pas à prêter serment à la Constitution, il se rendit en mai 1792 à Paris offrir ses services au Roi. Un mémoire présenté en 1814 à Louis XVIII en vue d'obtenir la croix de Saint-Louis et apostillé par un
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