Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812
ainsi :
Une hérédité saine et attachée au sol natal, foncièrement religieuse et point corrompue par les théories matérialistes du xviiie siècle ; un milieu intransigeant et formaliste qui s'efforce de perpétuer tardivement les traditions du passé, et redoute d'autant plus les idées du temps qu'il les croit issues d'une époque dont il a souffert et d'un régime qu'il abhorre ; une mère profondément pieuse, aimante et tendre, mais sentimentale à l'excès, inquiète et doutant d'elle-même ; un père excellent, quoique indifférent aux nuances de l'âme ; un décor naturellement mélancolique, mais qui le deviendra davantage encore aux yeux d'un adolescent avide de sensations nouvelles, de plaisirs et de liberté.
Puis un enfant dont les premières années ont été assombries et silencieuses, d'une nature tendre, comme celle de sa mère, décidée et volontaire, comme celle des Lamartine ; une première éducation toute paysanne et maternelle, remplacée sans transition par l'internat loin du foyer et dont la contrainte l'affecte profondément ; plus tard, des études peu solides et exclusivement religieuses chez les Jésuites de Belley où s'exalte encore sa précoce sensibilité.
Enfin, à dix-huit ans, le retour dans la famille, début d'une période de long désœuvrement. Dès cette époque, sinon une vocation littéraire très nette, du moins une extrême facilité pour la poésie ; mais aucune direction dans ses goûts qu'il lui faut cacher, aucun plan d'études sérieusement organisé, en un mot une dépense inutile d'énergie accrue encore par une imagination impossible à maîtriser et des lectures d'autant plus impressionnantes qu'elles sont faites en secret ; une âme mobile et pleine de contrastes, à la merci de toutes les chimères, prompte à s'enthousiasmer mais qu'un rien rebute, et faite de revirements brusques comme si elle était perpétuellement à la recherche de l'équilibre qui lui manque ; des froissements avec le chef de famille, dont il sort aigri et découragé ; des amis qu'il voit de loin en loin et dont le meilleur des confidences s'échange par lettres toujours plus exagérées et moins soulageantes que les paroles ; quelques amourettes plus cérébrales que physiques, des ébauches poétiques qui l'enflamment encore : en tout, enfin, une conception uniquement littéraire et romanesque de l'existence.
La famille s'inquiète de ces tendances et commence alors à les combattre par tous les moyens dont elle dispose ; elle décide enfin de l'éloigner, et c'est le voyage d'Italie pour changer d'air ce grand garçon dont l'oisiveté irrite sourdement les siens. Mais les conséquences n'en furent pas celles qu'ils avaient prévues, puisqu'au retour de Naples le fossé va s'approfondir encore entre le jeune homme et son milieu.
Ici se termine la jeunesse de Lamartine ; dans une seconde partie, qui comprendra les années 1812-1820, nous étudierons prochainement les deux grandes crises morales qui le mûriront en modifiant complètement sa nature et d'où naîtront les Méditations.
Mâcon-Paris, 1908-1910.
APPENDICE - GÉNÉALOGIE ET BIBLIOGRAPHIE DE LA FAMILLE DES ROYS
Descendance d'Antoine Grimod et de Marguerite le Juge.
(Sept enfants.)
Ier Rameau : de la Reynière, fondu dans les familles de Mac-Mahon, de Rosanbo, de la Tour du Pin-Verclause et de Tocqueville.
Gaspard Grimod (1687- ?), ép. : 1° Jeanne Labbé ( ?) ; 2° Marie Mazade (1719) (remariée à Honoré de la Ferrière).
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1er lit.
Jean-Gaspard G. de la Reynière (1723-1797), ép. Françoise de Jarente (1753).
1er lit.
Marie-Françoise G. de la Reynière, ép. Jean-Louis Moreau de Beaumont (1743). S. P.
2e lit.
Françoise-thérèse G. de la Reynière, ép. Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes.
2e lit.
Marie-Madeleine G. de la Reynière, ép. Marc-Antoine de Lévis-Lugny.
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Alexis-Baltazar Laurent G. de la Reynière (1785-1837) ép. Adèle Thérèse Feuchère. S. P.
Marguerite-Thérèse de Lamoignon ép. Louis le Peletier de Rosanbo.
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Jean-Marie-Louis de Rosanbo (1777-1856), ép. Henriette-Geneviève d'Andlau (1798).
Thérèse de Rosanbo (1771-1794), ép. J.-B.-Auguste de Chateaubriand (1786).
Louise-Madeleine de Rosanbo (1771-1856), ép. J. Bonaventure de Tocqueville (1796).
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Henriette-Madeleine de Rosanbo, ép. Charles, marquis de Mac-Mahon.
Ludovic de Rosanbo (1805-1862), ép. Elisabeth-Aglaé de Ménard.
Louis-Geoffroy de Chateaubriand (1790-1878),
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