Les panzers de la mort
tour, mais quatre hommes purent sauter à temps et grimper sur l’arrière de notre blindé. Malheureusement l’un d’eux s’étant pris dans nos chaînes fut broyé et il poussait des Cris si horribles que Stege, bouleversé, se bouchait les oreilles pour ne plus les entendre.
Presque aussitôt cinq blindés russes apparurent et ouvrirent le feu. L’un d’eux flamba mais les quatre autres fonçaientsur nous à toute allure et Alte donna l’ordre de descendre. Nous nous trouvions en rase campagne, dans l’impossibilité de nous dissimuler, nos uniformes noirs faisant de nous des cibles de premier ordre. Que faire ? Il n’y avait plus qu’à nous jeter par terre et faire les morts. A cent mètres de nous les chars s’arrêtent. Immobiles, nous sentions les regards qui nous perçaient ? Les minutes passaient en éternités effroyables.. Le premier char se remit en route, les deux suivants passèrent à quelques mètres de nous, enfin, le quatrième nous frôla littéralement ; nous aurions pu saisir ses chaînes rien qu’en avançant la main. Une grenade siffla au-dessus de nos têtes et vint exploser à quelques mètres des chars russes. Nous vîmes déboucher des panthers allemands qui prirent en chasse les T 34, et sautant sur le dernier panther, nous revînmes sains et saufs au régiment. Nous avions eu chaud !
Dès le lendemain, dans de nouveaux chars, nous faisions route vers le nord, où de nombreuses unités de la 3 e Armée blindée se trouvaient encerclées. Nous avions pour mission d’ouvrir le nœud coulant que l’ennemi serrait de plus en plus. Nos trois divisions blindées totalisaient 400 chars et nous avions en face de nous le 6 e corps de cavalerie russe, la 149 e division blindée de la Garde et la 81 e division de cavalerie.
Cette marche devait rester pour moi inoubliable. Tantôt la lune répandait sa clarté sur la steppe et tout devenait irréel, tantôt elle glissait derrière un nuage et la nuit prenait des reflets de velours noir. Impossible alors de repérer son chemin ; quelques blindés capotèrent dans la rivière et les équipages périrent noyés. Quoi qu’il arrive, défense d’ouvrir le feu : l’ordre était formel.
Des deux côtés du chemin, Il nous avait semblé distinguer tout un système de défense et Alte affirmait que les Russes y étaient retranchés. Sans raison, la colonne stoppa au milieu de la nuit ; un silence inquiétant planait ; nous étions blinde contre blindé, sur une distance de plusieurs kilomètres. Alte sortit à moitié de la tourelle et rentra aussitôt en poussant un cri étouffé. Petit-Frère le regarda sans comprendre : – Qu’est-ce qu’il y a donc ?
– Tu peux regarder ! répondit Alte.
A son tour, le géant sortit sa tête et la rentra précipitamment.
– Bon Dieu ! C’est Ivan !
– Ivan ? demanda Porta, où ?
– Là ! chuchota Petit-Frère en montrant l’extérieur.
Au même moment on frappa sur la paroi d’acier et une voix demanda en russe une cigarette. Porta, comprenant aussitôt la situation, tendant sans mot dire une cigarette éclaira un visage anguleux, surmonté de la petite casquette russe posée légèrement sur l’oreille.
– Spassibo, (Merci), dit le Russe en soufflant sur l’allumette.
Les Russes grouillaient autour des blindés et leur nombre augmentait de minute en minute. Us nous prenaient évidemment pour des T 34. A chaque seconde nous redoutions un éclat, mais Il ne se passa rien de ce genre. Appuyés contre nos voitures, Ils bavardaient tranquillement, essayant d’engager la conversation avec nous et, comme nous restions muets, l’un d’eux s’écria : – Pas possible ! Ils doivent être morts ! Pas moyen d’en sortir un mot.
Un autre promit une paire de gifles à Petit-Frère s’il ne répondait pas et Alte eut toutes les peines du monde à retenir le géant offensé qui grondait : – Jamais on n’a giflé Petit-Frère ! Si vous croyez que ces pouilleux m’intimident !
– Si t’as une bagarre ici, c’est ta mort, dit Porta souriant.
Petit-Frère louchait et nous n’en menions pas large à l’idée qu’il se mette à Crier.
– Ils doivent tout de même bien voir que sur les « traîneaux » Il y a des Croix gammées et pas des étoiles, dit le légionnaire.
– Que faire ? chuchota Alte. Ça ne peut pas durer comme ça !
Il jeta un nouveau coup d’œil par la trappe de la tourelle et vit toutes les autres voitures entourées de
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