Les panzers de la mort
répandait sur la plaine.
Iva 2 e section reçoit une mission de reconnaissance et cinq chars roulent en direction de Ubort en passant par Veledniki, mais, dans une pente très raide, le troisième char se cabre : deux hommes sont tués et Peters gémit, les jambes broyées. Son sang coule comme un fleuve malgré les ceintures que nous lions autour de ses cuisses et il crie de souffrance lorsque nous l’installons dans le side-car d’une moto qui doit le ramener au poste de secours. Alte secoue la tête.
– C’est sans espoir !
Peters sourit péniblement à Petit-Frère : – Sois tranquille, gros cochon, j’avais une ligne de vie plus longue que la tienne ! Tu vois, ce n’est pas toujours vrai !
Petit-Frère lui caressa la joue : – Tu t’en sortiras mon vieux, courage ! On te donnera des belles guibolles en cuir avec des charnières en argent.
Puis, essayant d’égayer Peters dont la peau prenait déjà la teinte parcheminée de la mort, Il ajouta : – Ce qu’on peut faire de blagues avec ce genre de trucs ! A la garnison Il y avait un type qui faisait peur aux filles en se plantant un couteau dans les cuisses ! On l’appelait « piqueur de cuisses ». Tu verras, ce sera marrant ! J’aurais été rudement content si ça avait été moi !
Il lui glissa dans la poche une poignée de cigarettes à l’opium, et Alte donna l’ordre de départ. Trois heures après Peters mourut. On l’enterra dans un potager, un casque d’acier marqua l’emplacement de sa tombe, mais des enfants jouèrent au ballon avec le casque et plus tard, en repassant au même endroit, Il nous fut impossible d’y mettre une croix. Il faut cependant poursuivre notre mission. La marche est pénible dans ce terrain raviné quand arrive enfin la grande steppe où nous découvrons 50 à 60 T 34 qui font route vers l’ouest. Signalés par radio au régiment, nous recevons l’ordre de ne pas les perdre de vue et de continuer notre reconnaissance. L’ennemi, qui nous a aperçus, cherche visiblement à nous identifier. Porta s’extrait à mi-corps de la voiture, fait des signes amicaux auxquels répondent les équipages ennemis qui nous prennent pour des Russes, puis rassurés, ceux-ci continuent leur marche lente.
– Bonne Sainte Vierge ! cria Petit-Frère, regardez maintenant ce qui vient là !
Du côté d’Olovsk arrivait une section ennemie beaucoup plus forte que la précédente qui comprenait non seulement des T 34, mais des KW 1 et des KW 2. Porta se pencha en arrière et demanda à Alte : – Dis donc, je crois qu’il est temps de les mettre ?
– Non, je reste. Je n’ai reçu aucun ordre de repli.
– T’as vraiment envie d’avoir la Croix de fer ? cria Porta furieux. Quand ils vont nous canarder avec leurs 12,5 ça te fera réfléchir !
– Des 12,5 ? demanda Alte. – Il regarda dans sa lorgnette, puis après un instant de réflexion : – Allez, on file !
– Parfait ! dit joyeusement Porta qui faisait tourner son blindé. Maintenant les gars, bouclez vos ceintures de sécurité parce que je vais vous mener un de ces trains… !
Le char bondit ; Alte se cogna le front si violemment que le sang jaillit en même temps qu’une bordée d’injures. Porta l’envoya promener et la radio se mit à grésiller.
– Ici, gerbe d’or, dit le légionnaire.
– Ici, bouquet de fleurs,, répondit le régiment. Ordre, gerbe d’or, revenir.
– Ici gerbe d’or. Par quel chemin ?
– Hinka et Löwe aux prises avec forces très supérieures – pertes sévères – 17. démolis – point de sortie gerbe d’or bouché – essayez point 367 – stoppez radio.
Ce qui voulait dire que nous devions revenir par nos propres moyens, que notre retraite était coupée et qu’il fallait marcher sans radio pour éviter de nous faire repérer.
Nos trois gros blindés étaient couverts de boue. Ici, nous traversions un village en flammes, abandonné de Dieu et des hommes, là nous écrasions des civils morts gisant en travers de la route. Ailleurs, nous découvrîmes dans un ravin quelques blessés russes parmi lesquels était une femme lieutenant qui avait commande un T 34. Continuant notre fuite toujours plus à l’ouest, nous fûmes pris sous le feu d’un groupe de T 34 à l’approche d’un petit vallon. Notre dernière voiture, atteinte par plusieurs grenades s’enflamma immédiatement et pas un homme de l’équipage n’en réchappa ; la voiture de Stege fut touchée à son
Weitere Kostenlose Bücher