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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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une mélodie doucereuse que chantait une voix d’homme. Nous éclatâmes de rire :
    – C’est complet, cria Köhler, ici on attend une balle dans la peau par 40 au-dessous de zéro, et là-bas on nous envoie ces conneries ! Jetez cette ordure !
    On arrêta la radio. Porta sortit sa flûte et se mit à jouer une chanson politique antinazie que toute la compagnie reprit en chœur, avec une conviction qui aurait dû émouvoir jusqu’à nos ennemis eux-mêmes.
    Il faut avoir passé par l’hôpital pour savoir ce que signifient ces mots : être blessé.
    Blessures de toutes sortes et de tous genres : à la tête, d’où s’ensuit la folie, à la colonne vertébrale qui amènent la paralysie.
    Amputation de un ou de plusieurs membres, quand ce n’est pas des quatre membres et qu’il ne reste plus de l’homme que le tronc et la tête.
    Balle dans les yeux qui vous rend aveugle ; balle dans les reins qui vous condamne à porter une sonde ; blessures à l’estomac, aux innombrables conséquences ; blessures des os dont les esquilles remontent indéfiniment à la surface des plaies purulentes ; blessures du visage…
    L’homme, pour le restant de ses jours, traîne un corps déchiré, dont la démarche douloureuse et claudicante prête aux quolibets des enfants.
     

TSCHERKASSY
     
    La lune, basse sur l’horizon, poudre d’une lumière glacée les arbres et les buissons. Tout vibre de froid. Nous-mêmes, bien qu’imbibés de vodka, grelottons après douze heures de veille au fond d’un trou de neige, dans une terre que fait éclater le gel. On ne peut pas se réconcilier avec le froid russe ; Il raidit les bonnets de fourrure, boursoufle et crevasse les visages douloureux, gonfle et gerce les lèvres qui ne sont plus qu’une croûte violette, transforme les humains en primitifs du mystérieux royaume des Glaces.
    Pour nous Il s’y ajoutait la faim, une faim sauvage qui rendait mille fois pire l’horreur de notre vie. Au-dessus de nos trous tombait le froid mortel des étoiles, car elles vous clignotent de l’œil, amicalement et jusqu’à la mort, du même scintillement glacial. L e Commandement suprême, dans sa grande sagesse, n’a oublié qu’une seule chose -: nous protéger du pire de nos ennemis, la nature. C’est elle qui fut la grande alliée des Russes, la grande meurtrière. Quelle armée aurait pu tenir contre l’hiver russe, sauf les Sibériens, ces petits soldats aux hautes pommettes, dont le froid semblait encore accroître la joie de vivre et de combattre ?
    Ce fut Porta qui, le premier, aperçut quelque chose qui bougeait dans l’espace découvert. Silencieusement, Il me donna un coup de coude en montrant un point, vers lequel nous tendîmes, dans la nuit, nos yeux écarquillés.
    Tout à coup, Ils furent sur nous ! Comme une bombe qui explose, les silhouettes en vêtements de neige bondirent tels des loups, dans la tranchée. Mitraillette à la hanche, je tire rageusement contre tout ce qui remue dans ce pullulement de bonnets de fourrure, de tireurs sibériens aux yeux bridés. Ils se servaient, dans le corps à corps, du terrible kandra, le couteau sibérien affûté des deux côtés, sorte de long couteau de boucher mais beaucoup plus robuste, dont un seul coup décapitait un soldat en tenue d’hiver.
    Accolés les uns aux autres, nous nous servions de nos armes comme de massues, les Russes étant si près que nous n’avions même pas le temps de tirer. Après un court instant, nous pûmes sauter du fossé et rejoindre en courant les huttes, où le couverts des murs nous donna quelques secondes pour recharger nos armes. Les coups Crépitent et les balles traçantes rasent le sol. Cris et appels de mourants et de combattants. Au cœur d’une glaciale nuit de neige il est difficile de distinguer amis ou ennemis ; on tire au jugé, et bien souvent, des deux côtés, sur les siens.
    Le commando est complètement dispersé, plus de liaison entre la compagnie, chacun se bat pour sa vie. Mais von Barring et Halter réussissent à rassembler quelques-uns des nôtres et nous courons à travers le village vers les abris Creusés dans les congères. En route, une recrue de 17 ans, atteinte d’une balle explosive a l’épaule, pousse un hurlement de détresse, tournoie comme une toupie et s’abat dans la neige. Un canon automatique tonne sur la gauche, les grenades pleuvent sur le blessé et font jaillir des gerbes de neige.
    Nous atteignons un abri et y culbutons hors

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