Les pièges du désir
serais pas ici.
Tranville n’était donc pas l’amant d’Ariana ? La nouvelle stupéfia Jack au point qu’il en resta figé quelques secondes. Puis il comprit. Tranville se servait de sa mère pour apaiser le désir dont il brûlait pour Ariana. C’était le comble !
Il repoussait sa chaise, prêt à saisir l’odieux personnage à la gorge, quand sa mère fit son entrée.
– Jack ! Je ne savais pas que tu étais là.
Encore tremblant de rage, il se leva pour l’embrasser.
– Je suis venu prendre le petit déjeuner.
Elle lui tapota la joue.
– Tu es toujours le bienvenu, mon chéri.
Puis elle se dirigea vers Tranville, qui nonchalamment se leva.
– Bonjour, Lionel.
Il l’embrassa sur les lèvres, non sans couler à Jack un regard oblique.
– Permettez-moi de vous servir, ma chère.
Il lui avança une chaise, où elle se posa gracieusement.
– Ce serait très gentil. Juste un œuf, s’il vous plaît.
Tranville lui apporta l’assiette et retourna s’asseoir pour lui verser du thé. Jack serrait les poings sous la nappe.
Nancy apparut à son tour en se frottant les yeux. Elle était généralement d’humeur maussade à son réveil et se contenta de regarder Jack en marmonnant un vague bonjour ; puis elle aperçut Tranville.
– Oh !
Il se souleva sur son siège et la salua d’une courbette.
– Bonjour, ma chère Nancy. Me permettez-vous de vous servir ?
Elle parut confuse.
– Je peux le faire moi-même, merci.
Lorsqu’elle revint de la desserte, Tranville bondit sur ses pieds et tira une chaise pour elle.
– Avez-vous bien dormi, ma chère enfant ?
– Oui, merci, répondit-elle poliment.
Tout en mangeant, elle dévisagea tour à tour Tranville et sa mère. Puis elle tourna vers Jack un regard interrogateur. Il haussa les épaules.
Nancy acheva sa tasse de thé et s’en versa une autre.
– Lord Tranville, je vous ai vu dans la rue hier après-midi. Qui était la jeune dame avec vous ?
Tranville n’eut pas la moindre hésitation.
– Ce devait être miss Blane. Je suis allé la chercher à l’atelier de Jack et l’ai raccompagnée chez elle.
– A l’atelier ? s’étonna Nancy.
– Lord Tranville m’a commandé le portrait de miss Blane, expliqua Jack.
La jeune fille écarquilla les yeux.
– Ainsi, c’était Ariana Blane, l’actrice qui joue Juliette ? Je pensais bien l’avoir déjà vue quelque part !
Tranville se pencha vers elle.
– Je suis sûr qu’elle va avoir beaucoup de succès, au moins autant que sa mère. Un atout majeur pour Drury Lane.
– Je vois, murmura Nancy, qui n’en semblait pas moins mal à l’aise.
Jack se leva pour aller chercher un autre toast et reprit sa place. Tranville tira sa montre, une coûteuse pièce de joaillerie en or.
– Il est tard. Il faut que j’y aille.
La mère de Jack parut consternée.
– Déjà, Lionel ?
Tranville déposa un baiser sur le sommet de sa tête.
– Les affaires, ma chère. Je vous rendrai visite demain, c’est promis.
Il posa une main sur l’épaule de Nancy.
– Au plaisir de vous revoir, mon enfant.
Puis il adressa une inclination de tête à Jack et sortit de la pièce.
Jack ne put se résoudre à regarder sa mère.
– Ainsi, c’est la jeune miss Blane qui pose pour toi, dit Nancy avec un sourire forcé. Dis-nous, est-elle aussi jolie à la ville que sur scène ?
Jack s’efforça de rester impassible.
– Oui, je trouve.
– Et le tableau avance bien ?
– J’ai à peine commencé.
– J’aimerais tant la voir de près ! s’enthousiasma Nancy. Quand revient-elle poser ?
– Cet après-midi, à 14 heures.
– Puis-je venir faire sa connaissance ? Je te promets que je ne resterai pas et ne te distrairai pas de ton travail.
Jack jeta un coup d’œil à sa mère, qui avait pris un air pincé.
– Je n’ai pas d’objection, fit-elle du bout des lèvres.
Jack ne trouva plus de prétexte pour refuser.
– Très bien. Tu n’auras qu’à venir au début de la séance.
Chapitre 6
A l’étal des fines herbes, Nancy choisit un bouquet de lavande et le porta à ses narines avant de le placer dans le panier que Michael tenait pour elle. Comme elle cherchait sa bourse dans son réticule, le jeune homme lui souffla :
– Laissez, je vais payer.
Il tendit une pièce au vendeur.
– Ce sera
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