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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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à clé, mais il trouverait sûrement un moyen d’entrer quand
même, surtout qu’il était très mince.
    Une fois à
l’intérieur, il savait comment atteindre le toit. Il avait beaucoup appris en
deux semaines passées avec Tom. Tom discutait tout le temps de construction, le
plus souvent avec Alfred qui ne semblait pas prodigieusement intéressé. Jack,
lui, écoutait attentivement. Il savait, entre autres choses, que toutes les
grandes églises comportaient des escaliers intérieurs permettant d’accéder aux
parties supérieures en cas de réparations. Il trouverait un tel escalier et
grimperait jusqu’au toit. Il s’assit dans le noir, écoutant le sommeil des
autres. Il distinguait le souffle de Tom, un peu sifflant, à cause (disait la
mère de Jack) de la poussière de pierre qu’il avait respirée pendant des
années. Alfred ronfla un moment, bruyamment, puis se retourna et le silence
retomba.
    Aussitôt
qu’il aurait mis le feu, il regagnerait d’un bond l’hôtellerie. Comment
réagiraient les moines s’ils le surprenaient ? A Shiring, Jack avait vu un
garçon de son âge ligoté et fouetté pour avoir volé un cône de sucre dans un
magasin d’épices. Le garçon hurlait tandis que la badine le faisait saigner.
Jack avait été plus bouleversé par la vision du garçon couvert de sang que par
celle des hommes s’entre-tuant au combat, comme à Earlscastle. L’idée de subir
la même chose le terrifiait.
    Il se
recoucha, s’enroula dans son manteau et ferma les yeux. La porte de l’église
était-elle verrouillée ? Si oui, il pourrait passer par les fenêtres.
Personne ne le verrait tant qu’il resterait sur le côté nord de l’enceinte. Le
dortoir des moines, au sud de l’église, était masqué par le cloître, et il n’y
avait rien d’autre de ce côté, que le cimetière.
    Il décida
d’aller jeter un coup d’œil, sans plus.
    Il hésita
un peu, puis se leva.
    La paille
fraîche craqua sous ses pieds. Il s’immobilisa, guetta un signe chez ses
compagnons endormis. Tout était très silencieux, même les souris ne bougeaient
plus dans la paille. Il fit un pas prudent. Pas de réaction. Rapidement, il
gagna la porte, s’arrêta encore. Les souris, rassurées, s’étaient remises à
grignoter, mais les humains dormaient obstinément.
    Jack tâta
la porte du bout des doigts, ses mains trouvèrent la barre, une poutre de chêne
reposant sur deux taquets. Il passa les mains dessous, la saisit et la souleva.
C’était plus lourd qu’il ne s’y attendait et, sans avoir pu la déplacer, il dut
la lâcher. Le bruit qu’elle fit en heurtant les taquets lui parut
assourdissant. Il se figea, l’oreille tendue. Qu’est-ce que je dirais si on me
prend ? songea Jack, au désespoir. Je dirais que je sortais… que j’allais
me soulager. Il fut content d’avoir trouvé une excuse. Tom se retourna, Jack crut
qu’il allait dire quelque chose mais rien ne vint et Tom continua à respirer
régulièrement.
    Les bords
de la porte étaient frangés d’une ligne argentée. La lueur de la lune, songea
Jack. Il empoigna de nouveau la barre, prit une profonde inspiration et
s’efforça de la soulever. Cette fois, le poids ne le surprit pas. Il réussit à
la tirer vers lui, mais pas assez haut et elle ne se dégagea pas des taquets.
Il la souleva encore d’un pouce et elle se libéra. Il la bloqua contre sa
poitrine, ce qui soulagea un peu l’effort de ses bras ; lentement, il se
mit sur un genou, puis sur deux et posa la barre sur le sol. Il demeura ainsi
quelques instants, reprenant haleine, pendant que la douleur de ses bras
s’apaisait. On n’entendait aucun bruit du côté des dormeurs.
    Jack
entrebâilla la porte. Les gonds de fer grincèrent et un courant d’air glacé
s’engouffra par l’ouverture. Il frissonna. Il serra son manteau autour de lui
et se glissa dehors après avoir refermé la porte derrière lui.
    Dans le
ciel tourmenté, la lune jouait à cache-cache derrière les nuages. Un vent froid
soufflait. Jack fut un moment tenté de regagner la chaleur de l’hôtellerie.
Peinte d’argent et de noir par les jeux de la lune, l’énorme église avec sa
tour écroulée dominait le reste du prieuré. Ses murs puissants et ses
minuscules fenêtres la faisaient plutôt ressembler à un château.
    Le silence
régnait. De l’autre côté des murs du prieuré, dans le village, il y avait
peut-être un certain nombre de gens qui veillaient tard, à boire de la bière

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