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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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la poutre formant ainsi un toit en pente jusqu’au sol.
Sur les lattes on avait posé des cadres rectangulaires de roseau tressé – des
claies – imperméabilisés avec de la boue. Il y avait une porte à l’un des
pignons mais pas de fenêtre.
    La mère de
Jack répandit sur le sol de la paille fraîche et Jack alluma un feu avec le
silex qu’il avait toujours sur lui. Lorsque les autres se furent éloignés, il
demanda à sa mère pourquoi le prieur ne voulait pas engager Tom, alors qu’il y
avait manifestement du travail. « Il préfère économiser son argent tant
que l’église est encore utilisable, expliqua-t-elle. Si l’église entière était
écroulée, il serait forcé de la rebâtir, mais la tour peut attendre. »
    Lorsque le
crépuscule commença à tomber, un aide cuisinier apporta à l’hôtellerie une
marmite de potage et un pain grand comme un homme, rien que pour eux. Le potage
contenait des légumes, des herbes et des os de viande ; des ronds de
graisse luisaient à la surface. Le pain était un mélange de toutes sortes de
grains – du blé, de l’avoine et de l’orge, plus des pois secs et des haricots.
Le pain le plus rustique et le moins cher, fit remarquer Alfred, mais Jack, qui
n’avait découvert cet aliment que quelques jours auparavant, le trouvait
délicieux. Il mangea jusqu’à en avoir mal au ventre. Comme ils étaient assis
auprès du feu, digérant leur festin, Jack demanda à Alfred :
« Pourquoi la tour est-elle tombée ?
    — Elle
a sans doute été frappée par la foudre, dit Alfred. Ou peut-être détruite par
un incendie.
    — Mais
il n’y a rien à brûler, dit Jack. Tout est en pierre.
    — Le
toit n’est pas en pierre, imbécile, lança Alfred avec mépris. Il est en
bois. »
    Jack
réfléchit un moment. « Quand le toit brûle, est-ce que le bâtiment
s’effondre toujours ? »
    Alfred
haussa les épaules. « Quelquefois. »
    Ils
restèrent quelque temps silencieux. Tom et la mère de Jack discutaient à voix
basse de l’autre côté de la cheminée. Jack reprit : « C’est drôle, ce
bébé.
    — Qu’est-ce
que ça a de drôle ? demanda Alfred.
    — Eh
bien, votre bébé a été perdu dans la forêt à des lieues d’ici et voilà
justement qu’il y a un bébé au prieuré. »
    Ni Alfred
ni Martha ne partageaient la curiosité de Jack devant cette coïncidence
extraordinaire et Jack n’insista pas.
    Les moines
allèrent tous se coucher tout de suite après le souper sans fournir de chandelles
aux plus humbles de leurs hôtes, si bien que Tom et sa famille profitèrent de
la lueur du feu aussi longtemps que possible, puis tout le monde s’allongea sur
la paille.
    Jack ne
dormait pas. L’idée l’obsédait que, si la cathédrale brûlait cette nuit, leurs
problèmes seraient résolus. Le prieur engagerait Tom pour rebâtir l’église, ils
habiteraient tous ici dans cette belle maison et ils auraient tous les jours du
potage avec des os de viande et du pain.
    Si j’étais
Tom, songea-t-il, je mettrais le feu à l’église moi-même. Je me lèverais
pendant que tout le monde dort, je me glisserais dans la cathédrale et j’y
mettrais le feu avec mon silex, puis, pendant que l’incendie s’étendrait, je
ferais semblant de dormir et de me réveiller en sursaut quand on donnerait
l’alarme. Et, lorsqu’on se mettrait à jeter des seaux d’eau sur les flammes,
comme pour les écuries au château du comte Bartholomew, je me joindrais aux
volontaires avec autant d’énergie qu’eux.
    Alfred et
Martha dormaient : Jack le devinait à leur respiration. Tom et Ellen
bougeaient comme d’habitude sous le manteau de Tom (Alfred appelait ça
« baiser ») puis ils s’endormirent aussi. C’était clair, Tom ne se
lèverait pas pour mettre le feu à la cathédrale.
    Qu’allait-on
devenir ? La famille allait-elle continuer à arpenter les routes jusqu’à
mourir de faim ?
    Bientôt
les quatre respirations lentes et régulières indiquèrent que tous avaient
sombré dans un profond sommeil. Jack seul veillait et réfléchissait à l’idée
qui lui trottait maintenant dans la tête : il pourrait lui-même mettre le
feu à la cathédrale.
    Cette
pensée le terrifia.
    Il lui
faudrait se lever très discrètement. Pour des raisons de sécurité, la porte
était bloquée par une barre, mais il pourrait sans doute la faire coulisser et
se glisser dehors sans réveiller personne. Les portes de l’église seraient
peut-être fermées

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