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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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montrait toujours pas, les
appréhensions de Philip ne firent que s’accentuer.
    Toutefois,
même dans ses crises de plus grande méfiance, il n’aurait pu imaginer la
traîtrise qui éclata dix jours avant la Pentecôte, grâce à une lettre du prieur
de la cathédrale de Canterbury. Comme Kings-bridge, Canterbury était une
cathédrale dirigée par les moines bénédictins. Or les moines s’aident toujours
entre eux s’ils le peuvent. Le prieur de Canterbury, qui travaillait évidemment
en étroite collaboration avec l’archevêque intérimaire, avait appris que
Waleran avait invité Henry à Kings-bridge dans le seul but de le persuader de
déplacer le diocèse et la nouvelle cathédrale à Shiring.
    Philip
crut défaillir. C’était un mouvement abominablement habile de Waleran et Philip
n’avait rien deviné.
    Son manque
d’intuition le désespérait. Il savait pourtant quel traître était Waleran.
L’évêque avait essayé de le duper un an plus tôt, dans l’affaire du comté de
Shiring. Jamais il n’oublierait la colère de Waleran quand Philip avait fini
par l’emporter sur lui. Il revoyait son visage bouffi de rage lorsqu’il avait
dit : Je jure par tout ce qui est sacré que jamais vous ne bâtirez votre
église. Avec le temps, la menace s’était atténuée et Philip avait baissé sa
garde. Voilà que surgissait la preuve brutale que Waleran n’avait pas la
mémoire courte.
    « L’évêque
Waleran affirme que vous n’avez pas d’argent et qu’en quinze mois vous n’avez
rien réussi à bâtir, écrivait le prieur de Canterbury. Il compte que l’évêque
Henry verra par lui-même que la cathédrale ne sera jamais réalisée si on en
laisse le soin au prieuré de Kings-bridge. Il souligne que c’est maintenant
qu’il faut prendre une décision avant d’engager des travaux qui ne verront
jamais leur fin. »
    Waleran,
trop habile pour user de mensonges, préférait l’exaspération. En fait Philip
avait accompli beaucoup de choses : il avait déblayé les ruines, approuvé
les plans, commencé les fondations, fait abattre des arbres et tailler des
pierres. Mais rien de cela n’était encore spectaculaire pour un visiteur. Que
d’énormes obstacles il avait surmontés, pourtant ! Il avait réformé les
finances du prieuré, obtenu du roi un don important en terres et vaincu le
comte Percy dans l’affaire de la carrière.
    Tant
d’injustice le désolait.
    Tenant à
la main la lettre arrivée de Canterbury, il s’approcha de la fenêtre pour
regarder le chantier. Les pluies de printemps l’avaient transformé en une mer
de boue. Deux jeunes moines, le capuchon rabattu sur la tête, apportaient des
madriers du bord de la rivière. Tom le bâtisseur avait conçu un engin fait
d’une corde et d’une poulie pour extraire les tonneaux pleins de terre du trou
des fondations. On tournait le treuil tandis que son fils Alfred, au fond du
trou, emplissait les barils de boue. En voyant les lieux, en observant ces
hommes attelés à des tâches sans résultat apparent, un visiteur non
professionnel n’aurait jamais vu là une future cathédrale.
    Philip
revint à son bureau. Que faire ? Un moment, il fut tenté de baisser les
bras. Que l’évêque Henry prenne sa décision, songea-t-il. Si la cathédrale doit
être bâtie à Shiring, qu’il en soit ainsi. Que l’évêque Waleran en prenne le
contrôle et l’utilise à ses fins ; qu’elle apporte prospérité à la ville
de Shiring et à la dynastie maudite des Hamleigh. Que la volonté de Dieu soit
faite.
    Au fond de
lui-même, il savait, bien sûr, qu’il ne laisserait pas les choses se passer
ainsi. Le saint devoir de Philip était de faire tout ce qu’il pouvait pour
empêcher la cathédrale de tomber aux mains d’individus cyniques et immoraux qui
l’exploiteraient pour accroître leur propre grandeur. Il fallait absolument
montrer à l’évêque que son programme de construction avançait bien et que
Kings-bridge avait l’énergie et la détermination nécessaires pour le mener au
bout.
    Premièrement,
il fallait tout mettre en œuvre pour que le chantier fasse plus d’effet. Il
allait réquisitionner tous les moines sans exception durant les dix jours qui
restaient avant la Pentecôte. Peut-être parviendraient-ils à creuser jusqu’au
fond le trou des fondations pour permettre à Tom et à Alfred d’y poser les
premières pierres. Si au moins une partie des fondations atteignait le niveau
du sol de façon que

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