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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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se
décourageait. D’une voix de vaincu, il dit : « Agnès, qu’est-ce qui a
mal tourné ?
    — Tout,
dit-elle. Tu n’avais pas de travail l’hiver dernier. Tu en as trouvé au
printemps ; là-dessus la fille du comte a annulé le mariage et lord
William a annulé la maison. Nous avons alors décidé de rester et de travailler
aux moissons : c’était une erreur.
    — C’aurait
sûrement été plus facile pour moi de trouver un travail de construction l’été
qu’à l’automne.
    — Et
l’hiver est arrivé de bonne heure. Malgré tout cela, nous aurions pu nous en
tirer, mais voilà qu’on nous a volé notre cochon. »
    Tom
acquiesça d’un air las. « Ma seule consolation est de savoir qu’en ce
moment même le voleur souffre tous les tourments de l’enfer.
    — Je
l’espère.
    — Tu
en doutes ?
    — Les
prêtres n’en savent pas autant qu’ils le prétendent. Mon père en était un,
n’oublie pas. »
    Tom s’en
souvenait très bien. Un mur de l’église du père d’Agnès s’était écroulé et Tom
avait été engagé pour le reconstruire. Les prêtres n’avaient pas le droit de se
marier, mais celui-ci avait une gouvernante, la gouvernante avait une fille et
ce n’était un secret pour personne dans le village que le prêtre était le père
de la fillette. Même en ce temps-là, Agnès n’était pas belle, mais sa peau
avait l’éclat de la jeunesse et elle semblait éclater d’énergie. Elle bavardait
avec Tom pendant qu’il travaillait et le vent parfois plaquait sa robe contre
elle si bien que Tom distinguait les courbes de son corps presque aussi
nettement que si elle avait été nue. Une nuit, elle arriva dans la petite hutte
où il dormait, posa une main sur sa bouche pour signifier de ne pas parler et
ôta sa robe, si bien qu’il put la voir nue dans le clair de lune, puis il prit
dans ses bras ce jeune corps robuste et ils firent l’amour.
    « Nous
étions tous les deux vierges », dit-il tout haut.
    Elle
comprit à quoi il pensait. Elle sourit, puis son visage s’assombrit de nouveau
et elle dit : « Ça me semble si loin !
    — Est-ce
qu’on peut manger maintenant ? » Demanda Martha. L’odeur de la soupe
donnait à Tom des crampes d’estomac. Il plongea son écuelle dans la marmite
bouillonnante et en retira quelques rondelles de navet dans le jus clair. Il
tâta le navet du bout de son couteau : il n’était pas complètement cuit,
mais Tom décida de ne pas prolonger l’attente. Il donna un plein bol à chaque
enfant, puis en prépara un pour Agnès.
    Elle avait
l’air épuisée et songeuse. Elle souffla sur sa soupe pour la rafraîchir, puis
porta l’écuelle à ses lèvres.
    Les
enfants eurent tôt fait d’avaler les leurs et en réclamèrent d’autres. Tom vida
ce qui restait de soupe dans les bols des enfants.
    Lorsqu’il
revint auprès d’Agnès, elle dit : « Et toi ?
    — Je
mangerai demain », répondit-il.
    Elle
semblait trop fatiguée pour discuter.
    Tom et Alfred
ramassèrent assez de bois pour que le feu tienne toute la nuit. Puis chacun
s’enroula dans son manteau et s’allongea sur les feuilles pour dormir.
     
    Tom avait
le sommeil léger et, quand Agnès poussa un gémissement, il s’éveilla aussitôt.
« Qu’y a-t-il ? »
    Elle
continua à gémir encore. Son visage était pâle et ses yeux fermés. Au bout d’un
moment, elle murmura : « Le bébé vient. »
    Le cœur de
Tom se serra. Pas ici, songea-t-il ; pas ici, sur ce sol glacé au milieu
de la forêt.
    « Mais
ce n’était pas pour maintenant, dit-il.
    — Il
est en avance. »
    Tom essaya
de rester calme. « As-tu perdu les eaux ?
    — Juste
après avoir quitté la cabane du garde forestier », fit Agnès sans ouvrir
les yeux.
    « Et
les douleurs ?
    — Ça
n’a pas cessé depuis. »
    Tom
reconnut la discrétion coutumière de sa femme. Alfred et Martha étaient
éveillés. « Qu’est-ce qui se passe ? dit Alfred.
    — Le
bébé arrive », annonça Tom. Martha éclata en sanglots.
    « Pourrais-tu
retourner jusqu’à la cabane du garde forestier ? » demanda Tom à
Agnès. Là ils auraient au moins un toit, de la paille et quelqu’un pour les
aider.
    Agnès
secoua la tête. « Le bébé est déjà descendu.
    — Alors,
ce ne sera pas long ! » Ils se trouvaient dans la partie la plus
déserte de la forêt. Ils n’avaient pas vu un village depuis le matin et le
garde les avait prévenus qu’ils n’en verraient pas un

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