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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’assurant que tous les outils et les ouvrages
encore inachevés étaient bien enfermés dans les resserres. Tom avait fait
dresser de légères palissades de bois autour des tas de madriers et de pierres
pour protéger les matériaux de dégâts accidentels causés par des visiteurs
négligents ou pris de boisson. On ne voulait pas voir des têtes brûlées grimper
sur l’édifice, aussi avait-on prudemment caché les échelles, les escaliers en
spirale bâtis dans l’épaisseur des murs étaient fermés par des portes
provisoires et les extrémités des murs en cours de construction protégées par
des blocs de bois. Tout au long de la journée quelques maîtres artisans
patrouilleraient le chantier pour prévenir le moindre dégât.
    Jack
trouvait toujours une façon ou une autre d’échapper à un maximum d’offices
religieux. Il découvrait constamment quelque chose à faire sur le chantier.
Sans partager la haine que vouait sa mère à la religion chrétienne, il traitait
le catholicisme avec une certaine indifférence. Il prenait soin d’assister à un
office tous les jours, en général celui que suivait le prieur Philip ou le
maître des novices, les deux dignitaires du monastère les plus susceptibles de
remarquer sa présence ou son absence. Mais il n’aurait jamais pu supporter
d’assister à tous. La vie de moine était la plus étrange et la moins naturelle
qu’on pût imaginer. Les moines passaient la moitié de leur vie à s’imposer des
souffrances et un inconfort qu’ils auraient pu facilement éviter, et l’autre
moitié à marmonner à toutes les heures du jour et de la nuit des prières dans
des églises vides. Ils renonçaient délibérément à tout ce qui était
agréable : les filles, le sport, les fêtes et la vie de famille. Jack
avait bien remarqué que les plus heureux d’entre eux avaient trouvé une activité
qui leur apportait de grandes satisfactions : enluminer des manuscrits,
écrire l’histoire, faire la cuisine, étudier la philosophie ou – par exemple
Philip – transformer un village endormi comme Kingsbridge en une ville
prospère.
    Jack
n’aimait pas Philip, mais il appréciait fort de travailler avec lui. Pas plus
que sa mère il n’éprouvait de sympathie pour les professionnels de Dieu. La
piété de Philip l’embarrassait ; il n’aimait pas son innocence obstinée et
se méfiait de sa tendance à croire que Dieu prendrait soin de tout ce que
lui-même, Philip, ne pourrait pas régler. Néanmoins, c’était agréable de
collaborer avec lui : ses ordres étaient clairs, il laissait Jack prendre
des décisions et ne reprochait jamais à ses serviteurs les erreurs que lui-même
commettait.
    Jack
n’était novice que depuis trois mois. On ne lui demanderait pas de prononcer
ses vœux avant neuf mois encore – les trois vœux de pauvreté, de célibat et
d’obéissance. Le vœu de pauvreté recouvrait une réalité un peu particulière. Si
les moines n’avaient pas de possession ni d’argent personnels, ils vivaient
comme des seigneurs plus que comme des paysans : bonne table, vêtements
chauds, belles habitations de pierre. Le célibat n’était pas un problème,
songea Jack amèrement. Il avait trouvé une certaine satisfaction à annoncer
lui-même à Aliena qu’il entrait au monastère. Elle avait paru choquée et
vaguement coupable.
    Maintenant,
chaque fois qu’il éprouvait cette irritabilité que suscite le manque de
compagnie féminine, il pensait à la façon dont Aliena l’avait traité – leurs
rendez-vous secrets dans la forêt, leurs soirées d’hiver, les deux fois où il
l’avait embrassée – et puis il se rappelait sa soudaine froideur, sa dureté de
roc. Jamais plus il ne fréquenterait les femmes. Voilà pour le célibat. Quant
au vœu d’obéissance, c’était le plus difficile. Jack acceptait volontiers de
recevoir des ordres de Philip, car il était intelligent et organisé. Mais obéir
à cet imbécile de sous-prieur, Remigius, à cet ivrogne d’hôtelier ou au pompeux
sacristain dépassait ses forces.
    Il
envisageait quand même de prononcer ses vœux. Il les respecterait plus ou
moins, selon les circonstances. Tout ce qui l’intéressait, c’était la
cathédrale. Les problèmes d’approvisionnement, de construction et de gestion
l’absorbaient sans relâche. Un jour, il aidait Tom à concevoir une méthode pour
vérifier que le nombre de pierres livrées sur le chantier correspondait au
nombre de pierres

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