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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de
l’abandonner quelque temps et de lui donner l’occasion d’apprendre
l’indépendance. »
    C’était
vrai, songea Aliena, que pour l’instant elle ne servait à rien, qu’elle restât
à Kingsbridge ou non. Était-ce possible qu’elle fût libre maintenant, libre
d’aller trouver Jack ? Cette seule idée faisait battre son cœur.
« Mais je n’ai pas d’argent pour partir en pèlerinage, annonça-t-elle.
    — Qu’est-il
arrivé à ce grand destrier ?
    — Nous
l’avons toujours…
    — Vendez-le.
    — Comment
le pourrais-je ? C’est celui de Richard !
    — Bonté
divine, qui diable l’a acheté ? fit Ellen avec colère. Est-ce Richard qui
a travaillé dur pendant des années pour monter une affaire de laine ?
Est-ce Richard qui a négocié avec des paysans avides et des acheteurs flamands
sans pitié ? Est-ce Richard qui est allé faire la collecte de la laine,
qui l’a entreposée, qui a dressé un éventaire à la foire et qui l’a
vendue ? Ne me dites pas que c’est le cheval de Richard !
    — Il
serait furieux…
    — Très
bien. Espérons que la colère ne l’empêchera pas de travailler pour la première
fois de sa vie. »
    Aliena
ouvrit la bouche pour répliquer, puis la referma. Ellen avait raison. Richard
avait toujours compté sur elle pour tout. Pendant qu’il se battait, elle avait
été obligée de l’entretenir. Mais la guerre était finie. C’était elle qui avait
acheté ce fichu cheval ; elle avait le droit de le revendre.
    Elle
s’imaginait retrouvant Jack. Elle voyait son visage qui lui souriait. Ils
s’embrasseraient. Un frisson de plaisir lui parcourut les reins. Elle en fut
gênée.
    « Voyager,
bien sûr, poursuivit Ellen, est une aventure risquée.
    — Voilà
une chose qui ne m’inquiète pas, fit Aliena en souriant. Je voyage depuis l’âge
de dix-sept ans.
    — De
toute façon, il y aura des centaines de gens sur la route de Compostelle. Vous
pourrez vous joindre à un groupe de pèlerins. Vous ne serez pas obligée de
voyager seule.
    — Vous
savez, soupira Aliena, si je n’avais pas le bébé, je crois que je le ferais.
    — C’est
à cause du bébé que vous devez le faire, justement, insista Ellen. Il a besoin
d’un père. »
    Aliena
n’avait pas encore considéré les choses de cette façon : ce voyage
n’intéressait qu’elle-même. Mais elle comprenait maintenant que le bébé avait
besoin de Jack autant qu’elle. Elle trouva soudain terriblement injuste que cet
enfant grandisse sans connaître le génie brillant, unique et adorable qu’était
son père.
    En somme,
elle était en train de se persuader elle-même de partir et elle en éprouva un
frisson d’appréhension. « Je ne pourrai pas emmener le bébé à Compostelle,
objecta-t-elle encore.
    — Vous
n’y êtes pas obligée, répondit Ellen.
    — Qu’est-ce
que je pourrais en faire ?
    — Me
le laisser. Je le nourrirai de lait de chèvre et de miel sauvage. »
    Aliena
secoua la tête. « Je ne pourrais pas supporter d’être séparée de lui. Je
l’aime trop.
    — Si
vous l’aimez, dit Ellen, allez chercher son père. »

IV
    Aliena
trouva un bateau à Wareham. Lorsque, enfant, elle avait fait la traversée avec
son père, c’était sur un des bateaux de guerre normands, de longs vaisseaux
étroits, dont les flancs incurvés se terminaient en pointe à l’avant et à
l’arrière. Il y avait une rangée de rames sur chaque côté et une voile de cuir
carrée. Le navire qui devait l’emmener en Normandie était du même genre, mais
plus large et plus profond, capable de transporter une cargaison. Il arrivait
de Bordeaux et elle avait vu les matelots pieds nus décharger de grandes
caisses de vin destinées aux caves des riches.
    Aliena
s’était résignée à laisser le bébé, mais cela lui brisait le cœur. Chaque fois
qu’elle le regardait, elle repassait dans sa tête tous les arguments qui la
poussaient à partir. Il n’empêche : elle ne voulait pas se séparer de lui.
    Ellen
l’avait accompagnée à Wareham. Là, Aliena s’était jointe à deux moines de
l’abbaye de Glastonbury qui allaient visiter leur propriété de Normandie. Il y
avait trois autres candidats passagers : un jeune écuyer qui, après quatre
ans passés avec un parent anglais, rentrait dans sa famille à Toulouse ;
plus deux jeunes maçons qui avaient entendu dire que les salaires étaient plus
élevés et les Filles plus jolies de l’autre côté de l’eau. Le

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