Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
qu’il n’était pas
très dévot : en fait il n’allait à l’église que pour y travailler.
    Aux
premières lueurs du jour, elle était debout. En arpentant les rues
poussiéreuses, elle s’attendait à chaque tournant à tomber sur Jack. Comme il
serait surpris quand il la verrait ! Et heureux ! Comme elle ne le
trouvait pas dans les rues, elle entreprit de faire le tour des auberges. Dès
que le travail eut repris, elle se rendit sur les chantiers pour interroger les
maçons. Elle connaissait en dialecte castillan les mots maçon et roux  ;
de plus les habitants de Compostelle avaient l’habitude des étrangers, aussi
parvint-elle à se faire comprendre. Mais elle ne trouva pas trace de Jack. Elle
commençait à s’inquiéter. Ce n’était pas le genre d’homme à passer inaperçu et
il avait dû vivre ici plusieurs mois. Pourquoi ne s’en souvenait-on pas ?
Elle pensa aussi repérer une de ses sculptures. Pas la moindre.
    Vers le
milieu de la matinée, elle rencontra une tenancière de taverne rubiconde et
quadragénaire, qui parlait français et se souvenait de Jack.
    « Un
beau gars. Il est à vous ? Bah ! Aucune des filles d’ici n’est
parvenue à rien avec lui. Il est arrivé vers le milieu de l’été, mais il n’est
pas resté longtemps. Il n’a pas dit où il allait. Je l’aimais bien. Si vous le
trouvez, embrassez-le de ma part. »
    Aliena regagna
sa chambre et s’allongea sur le lit, fixant le plafond. Le bébé pleurnichait,
mais pour une fois elle ne s’occupa pas de lui. Elle était épuisée, déçue et
souffrait du mal du pays. Ce n’était pas juste. Tout avait bien fonctionné
jusqu’à Compostelle. Et voilà qu’il avait filé ailleurs !
    Comme il
n’avait pas repassé les Pyrénées et qu’il n’y avait rien à l’ouest de
Compostelle qu’un bout de côte et un océan qui s’étendait jusqu’au bout du
monde, Jack avait dû se diriger vers le sud. Il ne lui restait plus qu’à
repartir sur sa jument noire, son bébé dans les bras. Vers le cœur de
l’Espagne.
    Jusqu’où
devrait-elle marcher avant d’arriver au bout de son pèlerinage ?
     
    Jack passa
Noël avec son ami Rachid al-Haroun à Tolède. Rachid était un Sarrasin baptisé qui
avait fait fortune en important des épices d’Orient, du poivre surtout. Ils
s’étaient rencontrés à la messe de midi dans la grande cathédrale, puis étaient
revenus en se promenant sous le doux soleil d’hiver, par les rues étroites et
le bazar odorant, jusqu’au quartier riche.
    La maison
de Rachid était en pierre d’un blanc étincelant, bâtie autour d’une cour où
coulait une fontaine. Les arcades ombragées de la cour rappelaient à Jack le
cloître du prieuré de Kingsbridge. Tandis qu’en Angleterre elles protégeaient
du vent et de la pluie, elles avaient ici pour but d’abriter de la chaleur du
soleil.
    Rachid et
ses invités, assis sur des coussins posés à même le sol, dînaient autour d’une
table basse. Les épouses et les filles s’occupaient des hommes, ainsi que
diverses servantes dont la place dans la maison n’était pas toujours
claire : en tant que chrétien, Rachid ne pouvait avoir qu’une seule
épouse, mais Jack le soupçonnait d’avoir discrètement associé les traditions
orientales à la règle de l’Église.
    Les femmes
constituaient d’ailleurs la principale attraction de l’hospitalière maison de
Rachid. Elles étaient toutes belles. Son épouse était une aimable et
sculpturale créature à la peau brune et lisse, aux somptueux cheveux noirs et
aux yeux sombres. Ses trois filles lui ressemblaient, en plus jeunes et plus
minces. L’aînée était fiancée à un des convives, le fils d’un marchand de soie
de la ville. « Ma Raya est la fille parfaite », déclara Rachid,
tandis qu’elle passait autour de la table un bol d’eau parfumée dans lequel les
hôtes de son père se trempaient les mains. « Elle est attentive, docile et
belle. Josef a bien de la chance. »
    La seconde
fille était fière et même altière. Elle semblait prendre ombrage des louanges
qu’on prodiguait à sa sœur. Elle versa un breuvage dans le gobelet de Jack.
    « Qu’est-ce
que c’est ? demanda-t-il.
    — Un
cordial à la menthe poivrée », répondit-elle, malgracieuse. Elle avait
horreur de servir ce vagabond sans le sou, elle qui était fille d’un homme
important.
    C’était la
troisième fille, Aïcha, que Jack préférait. Depuis trois mois qu’il

Weitere Kostenlose Bücher