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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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le
maître bâtisseur de lui laisser faire un essai. Les outils qu’il avait en sa
possession montraient qu’il était maçon et, au bout d’un jour de travail, le
maître comprit qu’il avait devant lui un bon artisan. Ce n’était pas pure
vanité s’il s’était vanté auprès d’Aliena de pouvoir trouver du travail
n’importe où au monde.
    Parmi les
outils qu’il avait reçus en héritage, se trouvait la règle d’un pied de Tom.
Seuls les maîtres bâtisseurs en possédaient une et, quand les autres
découvrirent celle de Jack, on lui demanda comment il était devenu maître à un
si jeune âge. Sa première réaction fut d’avouer qu’il n’était pas vraiment
maître bâtisseur ; puis il préféra faire comme si. Après tout, il avait
bel et bien dirigé le chantier de Kingsbridge alors qu’il était moine et il
savait dessiner des plans tout aussi bien que Tom. Le maître pour lequel il travaillait
fut agacé de découvrir qu’il avait peut-être engagé un rival. D’ailleurs, un
jour, Jack suggéra une modification au moine chargé du chantier et dessina sur
le sol ce qu’il proposait. Ce fut le début de ses ennuis. Le maître bâtisseur
acquit la conviction que Jack voulait prendre sa place. Il commença à traquer
les erreurs dans le travail de l’Anglais et le chargea de la tâche monotone de
tailler les blocs.
    Jack ne
tarda pas à repartir. Il se rendit à l’abbaye de Cluny, le quartier général
d’un empire monastique qui s’étendait sur toute la chrétienté. C’était l’ordre
de Cluny qui avait créé et parrainé le pèlerinage maintenant fameux sur la
tombe de saint Jacques à Compostelle.
    Tout le
long de la route de Compostelle on trouvait des églises dédiées au saint et des
monastères clunysiens pour abriter les pèlerins. Comme le père de Jack avait
été jongleur sur la route du pèlerinage, on pouvait penser qu’il était passé
par Cluny.
    Hélas !
Il n’y avait pas de jongleurs à Cluny. Jack n’apprit rien de plus sur son père.
    Son voyage
toutefois ne fut pas inutile. Tous les arcs que Jack avait vus jusqu’à
l’instant où il entra dans l’église abbatiale de Cluny étaient semi-circulaires
et toutes les voûtes adoptaient soit la forme de tunnels, comme un long alignement
d’arcs arrondis réunis ensemble : ou la forme d’arêtes, comme la croisée
où deux tunnels se rencontraient. Les arcs de Cluny n’étaient pas
semi-circulaires.
    Ils
s’élevaient en ogives. Tous : ceux des grandes
arcades, ceux des bas-côtés, et – stupéfiant – au-dessus de la nef se trouvait
un plafond de pierre que l’on ne pouvait décrire que comme une voûte cintrée en
ogive. On avait toujours enseigné à Jack qu’un arc était solide parce qu’il
faisait partie d’un cercle, lui-même de forme parfaitement ronde. Il aurait
donc pensé que les arcs ovales n’avaient aucune résistance. En fait, lui
expliquèrent les moines, les arcs en ogive étaient considérablement plus
solides que les anciens arcs ronds. L’église de Cluny en donnait la preuve car,
malgré l’énorme poids de la masse de maçonnerie qui constituait la voûte, elle
était très haute.
    Jack ne
resta pas longtemps à Cluny. Il poursuivit vers le sud, sur la route des
pèlerins, ne s’en écartant qu’exceptionnellement. Au début de l’été, on
rencontrait des troubadours tout le long du chemin, dans les villes plus
importantes ou à proximité des monastères clunysiens. Ils déclamaient leurs
récits en vers devant des foules de pèlerins massés au pied des églises et des
autels, s’accompagnant parfois à la viole, exactement comme Aliena le lui avait
expliqué. Jack les aborda tous en leur demandant s’ils avaient connu un
troubadour du nom de Jack Shareburg : personne ne put lui répondre
positivement.
    Les
églises qu’il visita dans le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne
continuaient de l’étonner. Elles étaient toutes bien plus hautes que les
cathédrales anglaises. Certaines comportaient des voûtes cintrées à nervures.
Les nervures, allant d’un pilier à l’autre en traversant la voûte de l’église,
permettaient de bâtir par étape, travée par travée, au lieu de tout construire
d’un coup. Elles contribuaient aussi à changer l’aspect d’un sanctuaire. En
soulignant les divisions entre les travées, elles révélaient que l’édifice
était constitué d’une série d’unités identiques, comme un pain coupé en
tranches,

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