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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’inclinant. William jugea à son habit qu’il s’agissait d’un artisan.
L’archidiacre Baldwin, le proche collaborateur de Waleran, déclara :
« Voici l’homme dont je vous ai parlé, monseigneur l’évêque. Son nom est
Alfred de Kingsbridge. »
    Au premier
abord, l’homme avait tout du bœuf, grand, fort et bête. Mais, en l’examinant de
plus près, on remarquait sur son visage une expression rusée, qui évoquait
plutôt le renard ou le chien rusé.
    « Alfred,
précisa l’archidiacre Baldwin, est le fils de Tom le bâtisseur, premier maître
de Kingsbridge ; il a lui-même été maître quelque temps jusqu’au moment où
sa place a été usurpée par son demi-frère. »
    Le fils de
Tom le bâtisseur. L’homme qui avait épousé Aliena, pensa William. Un mariage
jamais consommé. William dévisagea le maçon avec un vif intérêt. Jamais on ne
l’aurait cru impuissant. Il semblait sain, normal. Mais peut-être Aliena
avait-elle un étrange effet sur les hommes.
    « As-tu
travaillé à Paris, demanda l’archidiacre Peter, et appris le style de
Saint-Denis ?
    — Non…
    — Mais
il nous faut une église bâtie sur ce modèle.
    — Je
travaille à présent à Kingsbridge, où mon frère est maître bâtisseur. Il a
rapporté de Paris le nouveau style. Je l’ai appris avec lui. »
    William se
demanda comment l’évêque Waleran avait réussi à suborner Alfred sans éveiller
de soupçons. Puis il se souvint que Remigius, le sous-prieur de Kingsbridge,
était l’âme damnée de Waleran. C’était sans doute lui qui avait mené l’affaire.
    « Votre
toit ne s’est-il pas effondré ? dit-il à Alfred.
    — Ce
n’était pas ma faute, répliqua le bâtisseur. Le prieur Philip a insisté pour
qu’on change les plans à la dernière minute.
    — Je
connais Philip, siffla Peter, du venin dans la voix. Un homme entêté, arrogant.
    — Comment
le connaissez-vous ? demanda William.
    — Voilà
bien des années, j’étais moine à la communauté de Saint-John-de-la-Forêt quand
Philip la dirigeait, reprit Peter d’un ton amer. J’ai critiqué sa mollesse et
il m’a nommé aumônier pour se débarrasser de moi. » Le ressentiment de
Peter était toujours vif : à coup sûr, un facteur d’importance dans le
projet de Waleran, quel qu’il fût.
    « En
tout cas, continua William, je ne crois pas que j’aie envie d’engager un
bâtisseur dont les toits s’effondrent, malgré toutes les excuses qu’il pourrait
avoir.
    — A
part Jack Jackson, rétorqua Alfred, je suis le seul maître bâtisseur
d’Angleterre à avoir travaillé sur une église du nouveau style.
    — Peu
m’importe Saint-Denis, répondit William, je crois que l’âme de ma pauvre mère
sera tout aussi bien servie par une construction traditionnelle. »
    L’évêque
Waleran et l’archidiacre Peter échangèrent un regard, puis Waleran se tourna
vers William : « Cette église pourrait devenir un jour la cathédrale
de Shiring », dit-il sur le ton de la confidence.
    Tout s’illumina
dans l’esprit de William. Des années plus tôt, Waleran avait intrigué pour
faire transférer le siège du diocèse de Kingsbridge à Shiring, mais le prieur
Philip avait déjoué ses plans. Aujourd’hui Waleran revenait à la charge. Et
cette fois, de façon plus subtile. Au lieu d’adresser une demande directe à
l’archevêque de Canterbury, il commençait par bâtir une nouvelle église, assez
grande et prestigieuse pour être une cathédrale, tout en s’assurant des alliés,
comme Peter, dans l’entourage de l’archevêque. Ensuite seulement il formulerait
sa demande. Très bien, mais William voulait, lui, simplement bâtir une église à
la mémoire de sa mère, pour abréger son passage dans les feux éternels. Rien ne
l’agaçait plus que de voir Waleran tenter de reprendre le projet pour parvenir
à ses fins. D’un autre côté, quel avantage ce serait pour Shiring d’avoir une
cathédrale, et dont William profiterait aussi !
    « Il
y a autre chose, poursuivit Alfred.
    — Oui ? »
Waleran affichait une curiosité polie.
    William
regarda les deux hommes. Alfred, plus grand, plus fort et plus jeune que
Waleran, aurait pu d’une de ses grosses pattes assommer Waleran. Il se
comportait pourtant comme le plus faible des deux. Autrefois, William n’aurait
jamais supporté de voir un prêtre tout pâle et compassé dominer de la sorte un
robuste gaillard, mais ce genre de choses ne le touchait

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