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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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empêchés de
recourir à la violence physique.
    La salle
était déjà pleine. L’évêque Waleran présidait, perché sur son estrade, l’air
malveillant. A la surprise de Philip, William Hamleigh était assis auprès de
lui, chuchotant à l’oreille de l’évêque à mesure que les gens entraient. Que
faisait-il donc ici ? Depuis neuf mois, il se terrait dans son village et
Philip – avec bien d’autres gens du comté – avait nourri l’espoir qu’il y
resterait toujours. Et voilà qu’il s’installait là, arrogant comme s’il était
encore comte. Philip se demanda quelle machination vile, intéressée et
dangereuse l’amenait aujourd’hui au tribunal du comté.
    Philip et
Jonathan s’assirent pour attendre le début de la session. Les gens semblaient
affairés, certains optimistes. Maintenant que la guerre était enfin terminée,
on se préoccupait de nouveau de créer des richesses. La terre fertile payait
rapidement chacun de ses efforts : on attendait cette année une récolte
exceptionnelle. Le prix de la laine avait monté. Philip avait réengagé presque
tous les bâtisseurs partis au plus fort de la famine. Les survivants à ces
années d’épreuves étaient les plus jeunes, les plus forts, les plus sains.
Réunis dans la grande salle du château, ils symbolisaient l’espoir et le
renouveau.
    Tout le
monde se leva quand l’adjoint du shérif fit son entrée, précédant le comte
Richard. Les deux hommes prirent place sur l’estrade, puis l’adjoint commença
la lecture du décret royal nommant le nouveau shérif. Tandis que se déroulaient
les formules conventionnelles d’introduction. Philip examinait les quatre
candidats présumés. Le vainqueur aurait besoin de courage pour faire respecter
la loi à des notabilités aussi puissantes que l’évêque Waleran, le comte Richard
ou lord William. D’ordinaire, le futur shérif se tenait auprès de l’adjoint
pendant la lecture de la proclamation. Cette fois-ci, les seules personnes qui
occupaient l’estrade étaient Richard, Waleran et William. Une pensée traversa
l’esprit de Philip comme un coup de poignard : le roi aurait-il choisi
Waleran ? Son inquiétude se transforma en stupeur lorsqu’il
entendit : « … nomme comme shérif de Shiring mon fidèle serviteur
William de Hamleigh, et j’ordonne à tous de l’assister… »
    Philip
s’affaissa sur sa chaise : « William ! » répéta-t-il dans
un souffle de désespoir.
    Les
habitants de la ville manifestèrent bruyamment leur surprise et leur
désapprobation.
    « Comment
s’y est-il pris ? demanda Jonathan.
    — Il
a dû payer.
    — Où
aurait-il trouvé l’argent ?
    — Il
l’a emprunté, j’imagine. »
    William se
dirigea en souriant vers le trône de bois sous le dais. Il avait été beau,
songea Philip en l’observant. Agé d’à peine quarante ans, il paraissait plus
vieux. Son corps était trop lourd et son teint rougi par le vin ; la force
vigoureuse et l’optimisme qui font l’attrait des visages jeunes avaient
disparu, remplacés par les marques fatiguées d’une vie désordonnée.
    Comme
William s’asseyait, Philip se leva.
    Jonathan
l’imita en chuchotant : « Nous partons ?
    — Suis-moi »,
murmura Philip.
    Le silence
se fit dans la salle. Tous les regards convergeaient sur eux tandis qu’ils
traversaient le tribunal. On s’écartait pour les laisser passer. Ils arrivèrent
à la porte et sortirent.
    « Nous
n’avions aucune chance de réussir avec William en place ? demanda
Jonathan.
    — Pis
encore, répondit Philip. Si nous avions présenté notre affaire, nous aurions pu
y perdre nos autres droits.
    — Mon
Dieu, je n’y avais pas pensé. »
    Philip
hocha la tête d’un air sombre. « Avec William comme shérif, Waleran comme
évêque et l’infidèle Richard comme comte, c’est tout à fait impossible pour le
prieuré de Kingsbridge d’obtenir justice dans ce comté. Nous sommes à la merci
du tribunal. »
    Pendant
qu’un palefrenier sellait leurs montures, Philip exposa son plan. « Je
vais adresser une pétition au roi pour faire de Kingsbridge une commune. De
cette façon, nous aurons notre propre tribunal et nous verserons nos impôts
directement au roi. De ce fait, nous tomberons hors de la juridiction du
shérif.
    — Vous
vous êtes toujours opposé à ce système jadis, observa Jonathan.
    — Oui,
parce qu’il rend la ville aussi puissante que le prieuré. Mais, dans les
circonstances, je pense

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