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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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se considérer en secret comme le père du jeune moine et Jonathan n’aurait
plus le sentiment d’être son fils. C’était Tom son père, son vrai père. Philip
l’avait perdu.
    Le prieur
se rassit lourdement. Quand la foule se fut un peu calmée, Ellen raconta
comment elle avait entendu un cri et découvert un bébé nouveau-né. Philip
l’écouta, stupéfait, expliquer que Tom et elle s’étaient cachés dans les
buissons, aux aguets, tandis que Philip et les moines revenaient de leur travail
matinal pour trouver Francis les attendant avec un nouveau-né que Johnny Huit
Pence essayait de nourrir avec un chiffon trempé dans un seau de lait de
chèvre.
    Philip se
souvenait très clairement de l’intérêt manifesté par le jeune Tom quand, un ou
deux jours plus tard, ils s’étaient rencontrés accidentellement et que Philip
lui avait parlé du bébé abandonné. Philip avait mis cette attention sur le
compte d’un caractère généreux et compatissant. En fait, Tom venait d’apprendre
que son enfant était en sûreté.
    Toutes les
années suivantes, Tom avait porté à Jonathan une affection toute spéciale. Le
bébé était devenu un petit enfant, puis un garçon malicieux. Personne n’avait
remarqué les soins de Tom à son égard : tout le monastère traitait
Jonathan, en ce temps-là, comme un animal familier. Quant à Tom, il passait son
temps dans l’enclos du prieuré, aussi son comportement n’avait-il rien
d’exceptionnel. Maintenant, avec le recul, Philip se rendait compte que
l’attention que Tom accordait à Jonathan avait un sens spécial.
    Comme
Ellen se rasseyait, Philip prit conscience qu’elle venait de l’innocenter. Ses
révélations si bouleversantes avaient failli faire oublier au prieur que
c’était lui qu’on jugeait. Son récit de l’accouchement et de la mort d’Agnès,
un récit rempli de désespoir et malgré tout d’espérance, d’amour, reléguait à
l’arrière-plan la question de la chasteté de Philip. Même Peter de Wareham ne
peut pas me déclarer coupable après un témoignage comme celui-ci, songea
Philip. Waleran avait encore une fois perdu.
    Mais
l’évêque n’était pas prêt à s’avouer vaincu. Il braqua sur Ellen un doigt
accusateur. « Tu prétends que Tom le bâtisseur t’a dit que le bébé amené à
la communauté était le sien.
    — Oui,
répondit Ellen fermement.
    — Mais
les deux autres personnes qui auraient pu confirmer cela – les enfants Alfred
et Martha – ne t’ont pas accompagnée au monastère.
    — Non.
    — Tom
étant mort, nous n’avons donc que ta parole pour connaître les paroles de Tom.
Ton récit est invérifiable.
    — Quelles
vérifications vous faut-il ? répliqua-t-elle avec feu. Jack a vu le bébé
abandonné. Francis l’a ramassé. Jack et moi avons rencontré Tom, Alfred et
Martha. Francis a emmené le bébé jusqu’au prieuré. Tom et moi avons surveillé
les abords du couvent. Combien de témoins voudriez-vous ?
    — Je
ne te crois pas, déclara Waleran.
    — Vous
ne me croyez pas ? lança Ellen, au comble de la colère. Vous ne me
croyez pas ? Vous, Waleran Bigod, que je sais être parjure ? »
    Au nom du
ciel ! Quoi encore ? pensa Philip qui eut le pressentiment d’un
cataclysme. Waleran avait pâli. Quelque chose fait peur à Waleran, constata
Philip, quelque chose qui le rend vulnérable.
    « Comment
sais-tu, dit Philip à Ellen, que l’évêque est un parjure ?
    — Voilà
quarante-sept ans, dans ce même prieuré, se trouvait un prisonnier du nom de
Jack Shareburg, répondit Ellen.
    — Ce
tribunal, interrompit Waleran, ne s’intéresse pas à des événements si anciens.
    — Mais
si, riposta Philip. L’accusation portée contre moi se réfère, monseigneur, à un
prétendu acte de fornication que j’aurais commis voilà trente-cinq ans. Vous
avez exigé que je prouve mon innocence. Le tribunal n’en attendra pas moins de
vous. » Il se tourna vers Ellen. « Continue.
    — Personne
ne savait pourquoi il était prisonnier, et lui pas davantage. Mais il fut libéré
un beau jour et on lui remit une coupe ornée de joyaux, peut-être en
compensation des années qu’il avait injustement passées en prison. Il ne voulut
pas, naturellement, d’un pareil objet : il n’en avait pas l’usage et
c’était une coupe trop précieuse pour la vendre sur un marché. Il l’abandonna
donc ici, dans l’ancienne cathédrale de Kingsbridge. Peu après, il fut arrêté –
par

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