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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ton assez calme –
« Je ne pense pas que nous soyons bien assortis » –, il les avait
pris pour un trait de charmante modestie et l’avait assurée qu’elle lui
conviendrait fort bien. Il ne se doutait absolument pas qu’Aliena, à peine
était-il reparti, s’était précipitée chez son père pour lui annoncer qu’elle
n’épouserait jamais ce garçon, que rien ne l’en persuaderait, qu’elle préférait
entrer au couvent, qu’on pouvait la traîner enchaînée jusqu’à l’autel, mais que
sa bouche ne prononcerait pas les vœux du mariage. La garce, pensa William, la
garce. Mais ses insultes, contrairement à celles de sa mère, ne contenaient pas
de venin. Il ne rêvait pas de la fouetter jusqu’au sang. Il rêvait de
s’allonger sur son corps brûlant et d’embrasser sa bouche.
    La messe
de l’Epiphanie se termina avec l’annonce de la mort de l’évêque. Les moines
sortirent en procession et les fidèles gagnèrent les portes dans un brouhaha de
conversations excitées. Nombre d’entre eux avaient des liens matériels aussi
bien que spirituels avec l’évêque – locataires, sous-locataires ou employés sur
ses terres – et tous étaient intéressés à la question de sa succession, qui
risquait d’apporter d’inquiétants changements. La mort d’un grand seigneur est
toujours périlleuse pour ceux qui vivent sous sa coupe.
    Comme
William suivait ses parents dans la nef, il fut surpris de voir l’archidiacre
Waleran se diriger vers eux, traversant d’un pas vif la foule des fidèles,
comme un grand chien noir dans un champ plein de vaches ; et comme les
vaches, les gens lui jetaient un coup d’œil nerveux par-dessus leur épaule et
s’écartaient d’un pas ou deux. Sans se soucier des paysans, il adressait
quelques mots à chacun des nobles qu’il rencontrait. Lorsqu’il arriva auprès
des Hamleigh, il salua le père de William, ignora ce dernier et se tourna vers
Mère. « Quelle honte, ce mariage annulé », dit-il, sans préambule.
William s’empourpra. Cet imbécile allait lui gâcher sa journée.
    Mère
n’avait pas plus envie que William d’évoquer ce malheureux sujet. « Ce
n’est pas mon genre de garder rancune », dit-elle, peu gênée de son
mensonge.
    Waleran
ignora la remarque. « J’ai entendu quelque chose à propos du comte
Bartholomew qui pourrait vous intéresser », dit-il. Il avait baissé le ton
et William dut tendre l’oreille. « Il semblerait que le comte ne reniera
pas ses vœux au défunt roi. »
    Père
intervint : « Bartholomew a toujours été collet monté et
hypocrite. »
    Waleran
tiqua. Il voulait qu’on écoute ses paroles, pas qu’on les commente.
« Bartholomew et le comte Robert de Gloucester ne sont pas disposés à
accepter le roi Stephen qui, comme vous le savez, est le choix de l’Église et
des barons. »
    William
s’étonnait intérieurement qu’un archidiacre entretînt un seigneur d’une
querelle routinière entre barons. Père se contenta de répondre :
« Les comtes n’y peuvent rien. »
    Mère
s’agaçait autant que Waleran des interruptions de son époux. « Écoute
donc », commanda-t-elle.
    Waleran
reprit : « Ce qu’on me rapporte, c’est qu’ils envisagent de fomenter
une rébellion et de choisir Maud comme reine. »
    William
accusa le coup. Comment l’archidiacre avait-il osé lancer cette téméraire
déclaration ici même, dans la nef de la cathédrale de Kings-bridge ?
Quelle que fût la vérité, on pouvait pendre un homme pour de tels propos.
    Père était
surpris, lui aussi, mais Mère dit d’un ton songeur : « Robert de
Gloucester est le demi-frère de Maud… cela s’explique. »
    William se
demandait comment elle pouvait rester d’un tel calme en apprenant une nouvelle
aussi scandaleuse.
    « Celui
qui pourrait éliminer le comte Bartholomew, dit Waleran, et arrêter la
rébellion avant qu’elle n’éclate se gagnerait l’éternelle gratitude du roi
Stephen et de notre Sainte mère l’Église.
    — Vraiment ?
dit Père, stupéfait, mais Mère acquiesça d’un air entendu.
    — On
attend le retour de Bartholomew pour demain. » Waleran se tourna vers Mère
et reprit. « J’ai pensé que votre famille, plus que toute autre, serait
intéressée par cette nouvelle. » Là-dessus, il s’éloigna pour saluer
quelqu’un d’autre.
    William le
suivit des yeux. Était-ce vraiment tout ce qu’il avait à dire ?
    Les
parents de William poursuivirent leur chemin

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