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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Miquel
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ministre des Affaires étrangères, Augagneur et Joffre, avec le maréchal French et Ignatieff, représentant de l’armée russe. Les Anglais sont décidés à faire débarquer en France dix-huit divisions, par tranches de six par mois, et à prendre la responsabilité d’un front continu à condition qu’on renonce à toute offensive immédiate. Joffre se réjouit de ce renfort, qui lui permet précisément de mettre en route sa grande opération sur deux fronts pour réaliser à l’automne la percée qui lui paraît encore possible. Dès juillet, il aura six divisions britanniques supplémentaires en France, et autant en août. Il lui suffit de se concerter avec French pour les utiliser au mieux.
    Les poilus sont assurés de ne pas voir la chute des feuilles dans les tranchées. Ils repartiront au combat. Dès le 14 juillet, jour où l’on célèbre solennellement le transfert des cendres de Rouget de Lisle, des milliers d’hommes tombent dans l’Argonne. Pour eux, l’offensive continuait. Sarrail, rendu responsable de cette opération désastreuse, était expédié à l’armée d’Orient. Et Joffre confiait à Poincaré, fin juillet, qu’il méditait une grande offensive. Le président aurait alors tenté de le modérer : « À ce moment, lui dit-il, vous devrez consulter le gouvernement. »
    Cela n’empêchait pas Poincaré de passer en revue les troupes coloniales nouvellement formées pour les réserves d’offensive, le 2 e et le 3 e bis de zouaves, les 2 e et 3 e mixtes de tirailleurs et de zouaves, de la 45 e division levée en Afrique du Nord, ainsi que les tirailleurs marocains. Ces régiments formés ou reformés étaient promis aux tout premiers assauts, ainsi que des unités de choc exposées depuis le début aux plus rudes batailles, comme la division de fer de Nancy. Dès le début d’août, Joffre entend profiter du débarquement de la III e armée de Kitchener pour préparer son offensive. Poincaré et Viviani sont alors résolument contre, ne voulant pas renouveler les échecs de Champagne, de la Woëvre et des Eparges. « Je demande formellement, explique le président, qu’aucune offensive nouvelle ne soit engagée avant qu’on m’en ait exposé complètement les conditions et la portée. »
    Un groupe de pression parlementaire se forme au sein des radicaux, appuyé sur Briand et Painlevé, pour exiger une intervention à Salonique, aux fins d’aider l’allié russe en difficulté, ou un renforcement de la présence française aux Dardanelles, pour forcer les Détroits. Joffre reste sourd à ces suggestions. Il accélère ses préparatifs, confesse au gouvernement le 14 août, sans y avoir été moindrement autorisé, qu’il prépare une offensive en Champagne le 15 septembre, d’une durée de quatre à cinq jours. « Je ne puis rester sur la défensive, explique-t-il, nos troupes perdraient peu à peu leurs qualités physiques et morales. » Il aligne neuf cents canons lourds sur un front de trente kilomètres et croit, une fois de plus, au succès. Il refuse d’envoyer quatre divisions de renfort, aux Dardanelles avant la fin de son opération.
    C’est Joffre qui manœuvre Millerand et les Anglais pour obtenir leur appui à ses projets. Kitchener, rendant visite à Millerand, se rallie à l’offensive et le fait savoir. Le 21 août, la décision est prise par les militaires. Poincaré n’a aucun moyen de s’y opposer, même s’il redoute le pire. Personne n’ose encore renvoyer le vainqueur de la Marne.
    Il est ovationné à la Chambre, qui ignore ses nouveaux projets et rêve d’un second front en Orient. L’échec des Anglais aux Dardanelles ne rend que plus urgente, au moment du désastre des armées russes, une réaction commune des alliés de l’Ouest, pensent les généraux. « La bataille que nous allons engager, dit Joffre, sera la plus grande bataille de l’année. Nous tuerons à l’ennemi plus de monde qu’il ne nous en tuera. » S’il n’a pas dit « nous les grignoterons », il l’a, à coup sûr, pensé et les responsables politiques au courant des projets de l’état-major semblent s’y être résignés.
    Le 1 er septembre, le ministre de la Guerre est seulement informé par l’état-major de Chantilly que l’offensive, pour des raisons techniques, en raison des objections présentées par les généraux d’armée, est reportée au 25 septembre. Poincaré, bien renseigné par les officiers généraux qu’il visite au front ou

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