Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les prisonniers de Cabrera

Les prisonniers de Cabrera

Titel: Les prisonniers de Cabrera Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
Vom Netzwerk:
Morena, mais nous avait été enlevé aussitôt par des bandes d’insurgés. Le général Castagnos, après avoir réoccupé Cordoue, remontait le cours du Guadalquivir en direction d’Andújar. Nous n’allions pas tarder à le voir paraître.
    La nuit tomba, sans que ni lui ni moi osions rompre le charme de cette soirée.
    Capitaine de vaisseau, Pierre Baste avait, si je puis dire, une nature amphibie. Employé à l’armement des navires pour les îles d’Amérique, il était promis à la mer, mais la terre l’avait réclamé. C’est à titre de commandant des marins de la Garde qu’il s’était retrouvé en Espagne.
    Maigre comme un fagot de genêt, sombre de peau et de poil, d’une tenue un peu relâchée mais pète-sec avec ses hommes, il avait gardé la simplicité de ses origines. Napoléon appréciait son franc-parler, un peu moins ses impertinences. Je me flattais de la confiance qu’il me témoignait, même si je m’en étonnais et pensais n’être pour lui rien d’autre qu’un mur d’échos.
     
    Dieu merci, malgré l’importance en nombre des forces ennemies, nous avions de quoi tenir bon.
    La cavalerie de Frésia occupait une partie de la plaine caillouteuse et ravinée, autour d’Andújar, pour tenir l’accès au Guadalquivir. La colonne de Lefranc gardait le pied de la montagne. Ce qu’il restait du régiment des Suisses, commandé par Schram et Bouyer, demeurait en réserve. Le détachement qui tenait l’entrée du pont répondait à l’artillerie adverse, malgré le risque d’épuisement des projectiles.
    Le 16 juillet, une funeste nouvelle ébranla ce qu’il nous restait de confiance. Forte de plus de dix mille hommes, une colonne conduite par le général anglo-espagnol Théodore Reding avait attaqué nos troupes cantonnées à Menjibar, culbuté les deux bataillons qui gardaient le gué du Guadalquivir et abattu plusieurs hommes dont le général Gobert, tué d’une balle en plein front.
    Le même jour, sur le coup de midi, des éclaireurs revinrent en nous annonçant une bonne nouvelle : l’arrivée imminente de la division Vedel, alors que la menace d’une attaque de Castagnos se précisait.
    Baste, que je retrouvai dans la soirée à l’infirmerie, était furieux contre Dupont qui, au lieu de réunir nos deux divisions, avait chargé Vedel de rejoindre le général Dufour, à Baylen, position importante entre l’Andalousie et la Manche.
    — C’était la dernière sottise à faire ! À croire que notre général souhaite tenir Vedel à l’écart afin de garder pour lui seul le mérite de la victoire, si tant est que le vent veuille tourner en notre faveur !
    Parti en direction de Baylen, Vedel avait cherché en vain les troupes de Dufour et, ne les ayant pas trouvées, était remonté vers La Carolina.
    Tout cela risquait de nous coûter cher. Notre division, jointe à celle de Vedel aurait constitué une armée d’environ vingt-trois mille fantassins, trois mille cavaliers et trente-huit pièces d’artillerie. De quoi dissuader Castagnos de nous affronter. Au lieu de cela, profitant du morcellement de nos forces, il fit marcher Reding sur Baylen et se porta lui-même vers nous.
     
    Le 17 juillet fut une rude journée. L’ennemi, sous nos murs dès le lever du jour, avait commencé à tirer sur nous une grêle de boulets. Simple démonstration de force : Castagnos ne tarda pas à se retirer.
    Il était temps de quitter cette souricière, d’autant que Dupont semblait enfin acquis, malgré ses préventions, à l’idée de se joindre à Vedel. Il fallut des heures pour former le convoi en assurant la protection armée des précieux fourgons qui allaient ralentir notre marche, si bien que nous ne pûmes quitter Andújar qu’au début de la nuit.
    Avant de monter en selle malgré sa blessure qui s’était envenimée, Baste me dit :
    — La disposition de ce convoi est l’œuvre d’un esprit dérangé. Si l’ennemi nous attaque, nous risquons d’être pris entre deux feux : Reding sur notre avant-garde et Castagnos sur nos arrières. Nous sommes loin de la « promenade conquérante » dont nous a parlé Dupont !
    Une promenade ? C’en eût presque été une si nous n’avions perdu une journée à organiser notre départ en donnant la primeur aux fameux fourgons. Reding nous attendait peu avant Baylen. Après huit heures de marche sans une halte, nos

Weitere Kostenlose Bücher