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Les quatre livres des stratagèmes

Les quatre livres des stratagèmes

Titel: Les quatre livres des stratagèmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sextus Julius Frontin
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de les laisser échapper ; et, quand ils
se furent dispersés, il tomba sur eux sans danger pour les siens,
et en fit un grand carnage.
    3 C. César laissa fuir des Germains qu’il
avait enfermés, et ; qui se battaient avec le courage du
désespoir, puis il les chargea pendant leur retraite.
    4 Hannibal, à la bataille de Thrasymène,
voyant que les Romains combattaient avec une extrême opiniâtreté,
parce qu’ils étaient investis, leur ouvrit un passage à travers les
rangs de son armée ; et, pendant qu’ils fuyaient, il en fit un
grand carnage, sans perte de son côté.
    5 Antigone, roi de Macédoine, tenant
assiégés les Étoliens, qui, en proie à la famine, avaient tous
résolu de chercher la mort dans une sortie, leur laissa la retraite
libre, apaisa ainsi leur fougue, et, quand ils eurent pris la
fuite, il les poursuivit et les tailla en pièces.
    6 Agésilas, roi de Lacédémone, ayant
livré bataille aux Thébains [78] , et
s’étant aperçu que, enfermés par la disposition des lieux, ils se
battaient en désespérés, fit ouvrir les rangs de son armée pour
faciliter la retraite aux ennemis ; puis, lorsqu’il les vit en
fuite, il reforma son corps de bataille, les chargea en queue, et
les défit sans éprouver aucune perte.
    7 Le consul Cn. Manlius ayant trouvé, au
retour d’une bataille, son camp au pouvoir des Étrusques, mit des
postes devant toutes les issues. L’ennemi alors, se voyant enfermé,
engagea le combat avec tant de fureur, que Manlius lui-même y
perdit la vie. Aussitôt que ses lieutenants s’en aperçurent, ils
dégagèrent une des portes pour donner passage aux Étrusques.
Ceux-ci s’enfuirent en désordre, et rencontrèrent. Fabius, l’autre
consul, qui les défît entièrement.
    8 Thémistocle, après la défaite de
Xerxès, empêcha les Grecs de rompre le pont de bateaux de
l’Hellespont [79] , et montra qu’il était plus sage de
chasser de l’Europe ce prince, que de le forcer à combattre par
désespoir. Il le fit même avertir du danger qu’il courait s’il ne
se hâtait de fuir.
    9 Pyrrhus, roi d’Épire, avait fermé les
portes d’une ville qu’il venait de prendre d’assaut ; mais,
s’étant aperçu que les habitants, ainsi enfermés et réduits à la
dernière nécessité, se défendaient avec résolution, il leur laissa
la retraite libre.
    10 Le même roi recommande, dans les
préceptes de stratégie qu’il a laissés, de ne pas presser à
outrance un ennemi qui est en fuite, non seulement de peur que la
nécessité ne le force à rétablir le combat et à se défendre avec
plus de courage, mais encore pour qu’il plie une autre fois plus
volontiers, sachant que le vainqueur ne s’attachera pas à le
poursuivre jusqu’à entière destruction [80] .

VII. Cacher les événements fâcheux.
     
    1 Dans un combat que le roi Tullus
Hostilius avait livré aux Véiens, les Albains désertèrent l’armée
romaine et gagnèrent les hauteurs voisines. Voyant ses troupes
consternées de cet événement, le roi s’écria que les Albains
agissaient par ses ordres, pour envelopper l’ennemi. Ce mot jeta
l’épouvante parmi les Véiens, releva le courage des Romains, et
fixa de leur côté la victoire qui leur échappait.
    2 L. Sylla, voyant le maître de sa
cavalerie, à la tête d’une troupe assez considérable, passer,
pendant le combat, du côté de l’ennemi, déclara que c’était d’après
son ordre. Par ce moyen, non seulement il dissipa la frayeur qui
s’emparait de ses soldats, mais encore ; il ranima leur
ardeur, par l’espérance de l’avantage qui devait résulter de ce
stratagème.
    3 Le même général, ayant envoyé ses
auxiliaires dans un lieu où ils furent cernés par l’ennemi, et
tués, craignit que cette perte ne jetât l’épouvante dans toute son
armée. Il annonça que ces troupes avaient médité une trahison, et
que, pour ce motif, il leur avait assigné une position
désavantageuse. En faisant ainsi passer une perte évidente pour un
châtiment, il donna du courage à ses soldats.
    4 Scipion, averti par les ambassadeurs de
Syphax qu’il ne pouvait plus se fonder sur son alliance avec leur
maître, pour passer de Sicile en Afrique, craignit que son armée ne
se décourageât à la nouvelle d’une rupture avec cette puissance
lointaine. Il se hâta de congédier les envoyés, et de répandre le
bruit que Syphax lui-même l’appelait en Afrique.
    5 Q. Sertorius, à qui un barbare
annonçait, pendant

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